MACROÉCONOMIE. L'économie québécoise se porte toujours très bien, merci. Sa vigueur a même surpassé les attentes...
MACROÉCONOMIE. L’économie québécoise se porte toujours très bien, merci. Sa vigueur a même surpassé les attentes alors que la plupart des experts prévoyaient une croissance de 2 % cette année. Or, le PIB affichait une hausse de 2,7 % au cours des six premiers mois de 2019 et devrait terminer l’année avec une augmentation oscillant entre 2,5 % et 3 %. Mieux encore, l’économie québécoise a nettement surpassé celle du Canada. Du jamais vu en près de 40 ans.
Cette performance est attribuable à plusieurs facteurs. En y regardant de plus près, on constate en effet que la croissance économique du Québec est très bien équilibrée. Le volume des exportations, les investissements des entreprises et dans le marché de l’habitation de même que les dépenses de consommation et gouvernementales ont tous contribué et ainsi favorisé cette hausse de 2,7 % au premier semestre (voir graphique). De plus, le Québec s’en est très bien tiré malgré les incertitudes et tensions entourant les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine, qui perdurent encore aujourd’hui, de même que la remontée graduelle des taux hypothécaires qui aurait pu nuire au secteur immobilier.
Un marché du travail vigoureux
Or, les entreprises québécoises ont continué à investir, tandis que leurs consoeurs dans le reste du pays freinaient plutôt leurs investissements. De même, comparativement au marché de l’habitation dans le reste du pays, qui a considérablement atténué l’économie canadienne ces derniers mois, ce secteur d’activité au Québec a été moins touché. L’apport des investisseurs étrangers, particulièrement dans le marché montréalais des condos, n’est pas étranger à la situation.
Il ne faut pas non plus négliger l’impact de la contribution du secteur public. Pendant que le gouvernement ontarien adoptait une politique d’austérité budgétaire, le Québec a profité de ses surplus pour augmenter ses dépenses. Enfin, les dépenses de consommation ont encore une fois été au rendez-vous grâce, entre autres, à un marché du travail toujours aussi vigoureux et un taux de chômage qui reste à des niveaux historiquement bas.
Il y a ainsi tout lieu de croire que l’économie québécoise poursuivra sa croissance l’an prochain, mais à un rythme moins soutenu que les dernières années. Le PIB québécois devrait en effet afficher un taux de croissance de 2 % en 2020.
Le taux de chômage demeurera faible et la pénurie de main-d’oeuvre, alors que le Québec compte un record historique de 140 000 postes vacants, pousse les salaires et la consommation à la hausse. De plus, le gouvernement québécois a profité de sa récente mise à jour économique et financière pour annoncer son intention de remettre 3,3 milliards de dollars de plus dans le portefeuille des Québécois d’ici cinq ans.
Il y a quand même quelques nuages à l’horizon. Le vieillissement de la population, qui contribue à la pénurie de main-d’oeuvre, limite le potentiel de croissance de l’économie. Et la situation risque de durer encore une dizaine d’années. Les dirigeants d’entreprises qui croient toujours que le manque de travailleurs est un phénomène temporaire ont tout intérêt à investir dans les équipements et la technologie pour remédier à la situation.
La croissance des exportations devrait aussi faiblir, alors qu’on note déjà une diminution des ventes d’aluminium et des produits du bois. Par ailleurs, même si une entente entre les États-Unis et la Chine semble imminente, le président Trump ne cessera pas pour autant d’attiser d’autres conflits de nature économique. Tout en prenant bien soin, en année électorale, de ne pas miner l’économie américaine.
N’empêche : le spectre d’une récession, qui a plané au-dessus de nos têtes pendant la majeure partie de l’année, sera à nouveau au menu de 2020. Toutefois, malgré les incertitudes qui menacent toujours l’économie québécoise, la croissance sera encore une fois au rendez-vous !