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Invasion: mobilisation militaire générale décrétée

AFP|Publié le 24 février 2022

Invasion: mobilisation militaire générale décrétée

L’armée russe a affirmé jeudi avoir détruit 74 installations militaires, dont 11 aérodromes, en Ukraine. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements depuis l’invasion de la Russie en Ukraine. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.

 

Kiev — Le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi la mobilisation militaire générale pour contrer l’invasion russe du pays, selon un décret publié sur le site de la présidence ukrainienne.

Selon le texte, la mesure concernera ceux soumis «à la conscription militaire et les réservistes» et s’appliquera sous 90 jours dans toutes les régions ukrainiennes.

 

100 000 déplacés

Environ 100 000 personnes ont fui leur foyer en Ukraine, et plusieurs milliers d’autres ont quitté le pays.

«Nous pensons qu’environ 100 000 personnes ont dû déjà avoir quitté leur domicile et pourraient être déplacées à l’intérieur du pays, et que plusieurs milliers de personnes ont franchi les frontières internationales», a déclaré à l’AFP une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Shabia Mantoo.

 

Supériorité aérienne

La Russie a une «supériorité aérienne totale » en Ukraine et veut masser « une force écrasante» autour de la capitale Kiev, a affirmé jeudi un haut responsable du renseignement occidental.

«Les défenses aériennes de l’Ukraine sont maintenant éliminées et ils n’ont plus de force aérienne pour se protéger. Les Russes vont chercher dans les prochaines heures à masser une force écrasante autour de la capitale et la défense revient désormais aux forces terrestres et à la résistance populaire», a expliqué le responsable.

Les troupes russes seront massées autour de Kiev «en quelques jours, si ce n’est pas demain matin, au rythme où nous avançons», a-t-il souligné. «Il n’y a plus beaucoup de temps. Je pense que beaucoup va dépendre de la résistance des Ukrainiens».

«Le président ukrainien Volodymyr Zelensky m’a dit ce matin que la Russie veut décapiter le gouvernement de Kiev et le remplacer par un gouvernement fantoche», a déclaré le premier ministre Slovène Janez Jansa à son arrivée pour un sommet européen extraordinaire à Bruxelles. «Quand on voit ce qui se passe sur le terrain, c’est ce qui est en train de se produire», a-t-il ajouté.

 

Tchernobyl sous contrôle russe

La Russie a pris le contrôle de la centrale de Tchernobyl, site du pire accident nucléaire de l’histoire en 1986, a annoncé la présidence ukrainienne.

«Après des combats acharnés, nous avons perdu le contrôle sur le site de Tchernobyl», a déclaré Mikhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence. Kiev avait fait état plus tôt de combats près du dépôt des déchets nucléaires du site.

 

«Pas d’autre moyen», selon Poutine

La Russie n’avait «pas d’autre moyen» pour se défendre que de lancer ses forces en Ukraine, a affirmé jeudi le président Vladimir Poutine, au moment où l’armée russe est en train de mener une invasion de ce pays voisin.

«Ce qui se déroule actuellement relève de mesures contraintes, car on ne nous a laissé aucun autre moyen de procéder autrement», a déclaré Vladimir Poutine lors d’une réunion télévisée avec des hommes d’affaires à Moscou.

«Les risques de sécurité créés étaient tels qu’il était impossible de réagir autrement», a poursuivi Vladimir Poutine, mettant en cause l’intransigeance de Kiev et des Occidentaux sur les exigences de sécurité de la Russie.

«Ils auraient pu nous faire courir de tels risques que nous n’aurions pas su comment le pays aurait survécu», a poursuivi le président russe, dont le pays a exigé pendant des semaines la promesse que l’Ukraine n’intégrerait jamais l’OTAN.

 

Poutine a donné le signal des hostilités jeudi

Vladimir Poutine a lancé jeudi une invasion de l’Ukraine, avec frappes aériennes et pénétration de forces terrestres y compris en direction de la capitale Kiev, faisant en quelques heures des dizaines de morts, selon les autorités ukrainiennes.

L’attaque a déclenché un tollé dans la communauté internationale, surtout côté occidental, avec des réunions d’urgence prévues dans plusieurs pays: les 27 pays de l’Union européenne se réunissaient jeudi après-midi en sommet à Bruxelles, tandis que l’OTAN convoquait un sommet en visioconférence pour vendredi.

Le président russe a donné le signal des hostilités jeudi à l’aube, après avoir reconnu lundi l’indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, puis fait valider mardi une intervention militaire par le Parlement russe.

«J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale» ayant pour but «une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine», a annoncé le maître du Kremlin dans une déclaration à la télévision avant 6h00 du matin (22 heures, mercredi, heure du Québec).

«Nous n’avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons rien imposer par la force à personne», a-t-il assuré, appelant les militaires ukrainiens à «déposer les armes».

Il a justifié l’intervention en répétant ses accusations, infondées, d’un «génocide» orchestré par Kiev dans les territoires séparatistes prorusses, et en arguant d’un appel à l’aide des séparatistes et de la politique selon lui agressive de l’OTAN, qui instrumentaliserait l’Ukraine contre la Russie.

En dépit de l’offensive, il a reçu au Kremlin le premier ministre pakistanais Imran Khan.

 

Combats à Tchernobyl

Son porte-parole, Dmitri Peskov, a déclaré que la durée de l’attaque dépendrait de «ses résultats et sa pertinence». 

L’attaque vise à éliminer les «nazis» qui, selon Moscou, sont à l’œuvre en Ukraine, a souligné Peskov, tout en refusant de dire si Moscou considérait le président ukrainien Volodymyr Zelensky comme un «nazi».

Le spectre de la Seconde Guerre mondiale était aussi brandi par Volodymyr Zelensky, qui a comparé l’invasion russe à l’offensive nazie de 1941 contre l’Ukraine, alors partie de l’Union soviétique. 

Dès l’aube, juste après le discours de Vladimir Poutine, des explosions ont retenti à Kiev, à Kramatorsk, ville de l’est qui sert de quartier général à l’armée ukrainienne, à Kharkiv (est), deuxième ville du pays, à Odessa (sud), sur la mer Noire, et à Marioupol, principal port de l’est du pays.

Le président Zelensky a proclamé la loi martiale dans le pays et annoncé la rupture des relations diplomatiques avec Moscou.

Dans la matinée, un membre de son équipe indiquait que «plus de 40 militaires ukrainiens avaient été tués, des dizaines blessés» et «près de 10 civils tués». Les autorités de la région d’Odessa ont par ailleurs indiqué que 18 personnes avaient été tuées dans un village par des frappes, sans qu’on sache si ces morts étaient intégrés au bilan global. 

Dans l’après-midi, l’offensive semblait viser directement Kiev, où un couvre-feu a été imposé. Les autorités ukrainiennes ont indiqué que les forces terrestres russes étaient dans les environs de la capitale, qu’un avion militaire ukrainien s’était écrasé dans la région avec 14 personnes à bord, puis que des combats étaient en cours pour contrôler un aéroport militaire proche de Kiev.

Kiev a aussi annoncé que des combats avaient lieu dans la zone de la centrale de Tchernobyl. Des militaires ukrainiens y «sacrifient leur vie» pour éviter une catastrophe nucléaire comme en 1986, a déclaré Volodymyr Zelensky.

Les deux camps faisaient des déclarations invérifiables: l’armée russe a notamment affirmé avoir détruit 11 aérodromes et 18 stations radars des systèmes de défense antimissile. Elle a aussi affirmé que ses troupes gagnaient du terrain dans l’Est ukrainien.

L’Ukraine, puis la Moldavie voisine ont fermé leur espace aérien pour l’aviation civile. Les vols ont été annulés depuis les aéroports des grandes villes du sud de la Russie, proches de l’Ukraine. 

Moscou a fermé à la navigation la mer d’Azov, qui baigne l’Ukraine et la Russie.

 

«Je ne pensais pas que cela arriverait»

À Kiev, dès l’aube, les habitants pris de court se pressaient dans le métro pour s’abriter ou tenter de quitter la ville. 

Des voitures remplies de familles fuyaient la capitale, le plus loin possible de la frontière russe, située à 400 km.

D’autres refusaient de quitter la ville, comme Olena Chevchenko, employée d’une ONG. «Nous espérons un soutien international», indique-t-elle à l’AFP, «personne ne sait ce qui va se passer ensuite».  

«Je ne pensais pas que cela arriverait de mon vivant», dit Olena Kourilo, éducatrice de 52 ans résidente de Tchougouïv, près de Kharkiv, le visage barré de pansements à cause de blessures reçues dans une frappe qui a fait au moins un mort, a constaté l’AFP.

Sur les grandes routes de l’Est ukrainien, l’armée ukrainienne était partout. Un responsable de la défense civile a indiqué que les opérations d’évacuation de civils étaient entravées par des tirs d’artillerie nourris et des communications défaillantes. 

En Pologne voisine, anticipant un afflux de réfugiés ukrainiens, le ministre de l’Intérieur a annoncé l’ouverture imminente de centres d’accueil tandis que l’UE se disait «pleinement préparée» à accueillir des réfugiés ukrainiens.

 

Manifestations

À Moscou, certains habitants exprimaient leur inquiétude, d’autres leur soutien à Vladimir Poutine.

«Ça ne me réjouit pas, je suis complètement inquiet», déclarait Nikita Grouschine, un manager de 34 ans, disant ne pas savoir «qui a raison ou tort».

Une manifestation antiguerre était prévue sur l’emblématique place Pouchkine, mais les autorités russes ont prévenu qu’elles réprimeraient tout rassemblement non autorisé. 

L’attaque russe, après des mois de tensions et d’efforts diplomatiques pour éviter une guerre, a suscité une pluie de condamnations internationales, beaucoup redoutent qu’elle mène au plus grave conflit qu’ait connu l’Europe depuis 1945. 

Le président américain Joe Biden, qui devait s’exprimer à 12h30, heure du Québec, a déjà dénoncé une «attaque injustifiée» et averti que «le monde exigerait des comptes de la Russie». Il s’est entretenu tôt jeudi avec le président ukrainien, lui promettant son soutien.

Le dirigeant français Emmanuel Macron a estimé que l’attaque constituait «un tournant dans l’histoire de l’Europe» et son homologue allemand Olaf Scholz qu’elle «remettait en cause la paix» sur le continent. 

Après de premières sanctions en début de semaine, les Européens promettaient d’en adopter d’autres lors de leur sommet de jeudi pour arriver à un «isolement sans précédent» des dirigeants russes.

Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a indiqué que l’Alliance atlantique avait activé «ses plans de défense» pour déployer des forces supplémentaires chez ses membres d’Europe de l’Est.

 

Panique sur les marchés

Vladimir Poutine a averti ceux «qui tenteraient d’interférer»: «Ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et entraînera des conséquences que vous n’avez encore jamais connues».

La Chine, qui entretient des relations étroites avec Moscou, a indiqué suivre «de près» la situation» et a appelé à «la retenue de toutes les parties».

Cette attaque intervient huit ans après que Moscou a annexé la Crimée et parrainé la prise de contrôle de régions du Donbass par des séparatistes prorusses, déclenchant un conflit régional qui a fait plus de 14 000 morts.

L’invasion a provoqué la panique sur les marchés mondiaux, faisant plonger les bourses et s’enflammer les matières premières, du pétrole au gaz en passant par les céréales.

La Bourse de Moscou a plongé de plus de 30% et le rouble a touché un plus bas historique face au dollar américain, avant l’intervention de la banque centrale du pays.