Les gains en matière de productivité sont modestes et devraient ainsi limiter les futures hausses salariales. (Photo: 123RF)
SIGNAUX FORTS. Les travailleurs québécois ont profité, l’an dernier, d’une forte augmentation de leur salaire. Plus que partout ailleurs au pays. La vigueur du marché du travail et la pénurie de main-d’oeuvre se sont en effet reflétées sur leurs chèques de paie, lesquels ont ainsi enregistré une croissance moyenne de 5 % en 2020. Les salaires ont même bondi de 5,8 % au cours des six derniers mois de 2019, comparativement à 4,7 % en Colombie-Britannique et à 4,5 % en Ontario.
Il y a cependant tout lieu de croire que cette hausse sera nettement plus modérée cette année. Bien sûr, la bonne tenue de l’économie continuera d’alimenter la demande de travailleurs qui se font toujours aussi rares. Avec un taux de chômage qui a chuté à 5,1 % l’an dernier, le plus bas jamais enregistré depuis 1976, et qui a même affiché un creux historique de 4,7 % en août dernier, le Québec se retrouve encore aujourd’hui presque en situation de plein emploi.
Les entreprises doivent donc piger dans un bassin de travailleurs et de chômeurs qui se font de plus en plus rares. Sans compter que le vieillissement de la population du Québec accentue le problème de la pénurie de main-d’oeuvre. La province affichait ainsi un taux record de plus de 137 500 postes vacants au troisième trimestre de 2019.
Or, pour attirer et assurer la rétention de travailleurs, les entreprises n’ont eu d’autre choix que d’offrir des salaires plus élevés. Elles ont même tout intérêt à le faire puisqu’il en va de leur bonne tenue. En effet, les entreprises les plus performantes, tant auprès des PME que des plus grandes, sont celles qui paient de meilleurs salaires, montrait une étude de la BDC publiée au printemps 2018.
Toutefois, l’activité économique a été plus modérée au cours des derniers mois, et la croissance de l’emploi au Québec a diminué. La Banque du Canada a d’ailleurs abaissé à seulement 0,3 % ses prévisions de croissance du PIB canadien pour le quatrième trimestre de 2019. Nul doute que les perturbations causées ces dernières semaines par l’épidémie de coronavirus, ainsi que les nombreux blocages ferroviaires, nuiront à la croissance économique, du moins pour les trois premiers mois de l’année.
La productivité doit suivre
Autre facteur à considérer : les gains en matière de productivité sont modestes et devraient ainsi limiter les futures hausses salariales. Une entreprise ne peut rester compétitive si elle continue d’augmenter les salaires de ses employés à ce même rythme tandis que la productivité n’est pas au rendez-vous. Une situation comme celle qui est survenue l’an dernier est exceptionnelle et n’est pas viable à long terme.
Voilà autant de raisons pour lesquelles les augmentations salariales devraient donc revenir à un taux normal d’environ 3 % en 2020. Il s’agit bien sûr d’une moyenne et la croissance sera p lus importante dans certains secteurs où la demande de travailleurs est particulièrement forte, comme la technologie numérique, les métiers spécialisés et les services professionnels.
Les travailleurs au salaire minimum, qui augmentera de 60 cents à partir du 1er mai prochain pour passer à 13,10 $ l’heure, profiteront pour leur part d’une augmentation de 4,8 %.