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Parti populaire du Canada: l’immigration n’est pas la panacée

François Normand|Publié le 07 octobre 2019

ÉLECTIONS FÉDÉRALES. Maxime Bernier veut accueillir moins de réfugiés, mais plus d'immigrants économiques.

En prévision des élections fédérales du 21 octobre, Les Affaires vous présente tout au long de la semaine des entrevues avec six politiciens provenant du Parti populaire du Canada, du Parti vert du Canada, du Bloc québécois, du Nouveau parti démocratique, du Parti conservateur du Canada et du Parti libéral du Canada pour traiter des enjeux économiques de la présente campagne. Voici une entrevue avec le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier.

 

ÉLECTIONS FÉDÉRALES. Malgré les demandes des entreprises qui pâtissent de la pénurie de main d’oeuvre, le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, veut réduire les seuils d’immigration. Le chef de la formation libertarienne veut accueillir «moins de réfugiés, mais plus d’immigrants économiques».

En 2018, le Canada a accueilli 321 000 immigrants, et les libéraux de Justin Trudeau veulent en accueillir 350 000 en 2021 s’ils sont réélus.

M. Bernier vise une cible de 250 000 immigrants, comme l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper. Le député de Beauce doublerait aussi la proportion d’immigrants économiques ayant une compétence particulière, pour la faire passer de 26% à 50%.

Il veut aussi réduire le délai d’embauche des travailleurs à l’étranger, pour le faire passer de dix mois en moyenne à un «maximum de deux mois».

 

Cinq milliards de dollars dans les poches des entreprises

Le chef du PPC affirme que l’immigration n’est pas la panacée, et qu’il y a d’autres moyens d’aider les entreprises, à commencer par les gains de productivité.

Le défi est de taille, car le Canada figure parmi les derniers de classe des économies développées à cet égard, selon le Centre sur la productivité et la prospérité à HEC Montréal.

M. Bernier propose plusieurs mesures pour y arriver. Il veut d’abord réduire l’impôt fédéral des sociétés pour le fixer à 10%, peu importe la taille des entreprises. En ce moment, ce taux est de 9 % pour les PME et de 15 % pour les grandes sociétés.

M. Bernier veut aussi abolir l’impôt des gains en capital au Canada, plutôt que l’exonération de 50% en vigueur en ce moment. Ensemble, ces deux mesures coûteraient 5 milliards (G) de dollars par année, selon le PPC. Pour financer ces deux mesures, M. Bernier propose d’abolir toutes les subventions aux entreprises qui s’élèvent à quelque 5G$ par année, ce qui permettrait à un éventuel gouvernement Bernier d’équilibrer le budget fédéral dans les deux premières années au pouvoir, affirme son chef.

 

Un «vrai libre-échange» au Canada

M. Bernier propose d’autres mesures pour stimuler la croissance économique. Il veut instaurer un «vrai libre-échange» à l’intérieur du Canada. Selon une étude de Statistique Canada publiée en 2017, les barrières au commerce interprovincial sont équivalentes à l’imposition d’un tarif douanier de 6,9%. 

En matière de commerce international, M. Bernier souhaite que le Canada signe d’avantages d’accords de libre-échange dans les marchés d’exportation où il y a encore des barrières au commerce.

Par contre, comme l’ancien gouvernement Harper, il s’oppose à une entente avec la Chine communiste. «Je pense qu’on devrait mettre sur la glace un accord de libre-échange avec les Chinois», avance-t-il.

Cela dit, le Canada doit poursuivre ses échanges économiques avec la Chine, mais en lui demandant d’offrir une plus grande réciprocité économique, c’est-à-dire d’avoir le même accès dans les deux marchés.

Au chapitre du climat, un gouvernement Bernier abolirait la taxe sur le carbone de 20$ du gouvernement Trudeau. Il propose plutôt de laisser les provinces adopter leur propre plan pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). 

Du reste, le chef du PPC affirme qu’«il n’y a pas d’urgence climatique» et que l’activité humaine n’est pas la principale cause du changement climatique. Selon lui, le Soleil et l’activité volcanique pèsent davantage dans la balance.

Cette affirmation va à l’encontre des conclusions scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. L’organisme de l’ONU dit que l’activité humaine est responsable du présent changement climatique et qu’il y a une urgence à limiter le réchauffement planétaire.