L’éventuelle réouverture des chantiers résidentiels se précise
Denis Lalonde|Publié le 08 avril 2020(Photo: 123RF)
Il est encore trop tôt pour fournir de date, mais la route menant à la réouverture de certains chantiers résidentiels se précise.
Lors de son point de presse quotidien de cet après-midi, le premier ministre François Legault, répondant à une question de la journaliste Geneviève Lajoie, du Journal de Québec, a confirmé qu’une réouverture des chantiers résidentiels avant le 4 mai était dans les plans.
Selon de nombreux courriels reçus par Les Affaires au cours des dernier jours, beaucoup de propriétaires attendant la livraison d’un logement neuf ou cherchant un logement existant et ayant déjà vendu leur propriété actuelle disent vivre un stress intense à mesure que l’arrêt obligatoire des activités se prolonge dans la construction résidentielle. Certains affirment même qu’ils pourraient se retrouver à la rue plus tard ce printemps ou cet été.
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«Oui, je pense que dans les prochains jours ou les prochaines semaines, ça va être possible de redémarrer la construction résidentielle. Ça va être possible aussi pour plusieurs entreprises de combler le retard qui s’est accumulé, là, sur la construction de certaines maisons au cours des dernières semaines», a affirmé M. Legault.
Le premier ministre a ajouté qu’il était optimiste pour le secteur de la construction, glissant toutefois qu’il avait besoin de l’accord du directeur national de la santé publique du Québec, Horacio Arruda, pour procéder.
Hier, Au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, on confirmait qu’«un comité tactique construction du conseil d’administration de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) discute et travaille sur le sujet (de la réouverture des chantiers résidentiels, NDLR)». Des propos corroborés par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
Le défi de la distanciation sociale
Tous les syndicats du secteur de la construction siègent également au comité. Le président du syndicat de la CSN Construction, Pierre Brassard, soutient que d’ici mardi prochain, un guide sur les mesures d’hygiène à faire respecter sur les chantiers sera prêt.
«On comprend les pressions liées à la crise du logement, mais tout le monde sur le comité est aligné sur une seule priorité: la santé et la sécurité des travailleurs», dit M. Brassard, qui y va toutefois d’un important bémol: «Tant que la courbe des nouveaux cas de coronavirus n’est pas aplanie, je ne suis pas confortable à retourner les travailleurs et les travailleuses sur les chantiers».
Ce dernier ajoute que la dernière chose que les membres du comité tactique souhaitent, c’est que les travailleurs de la construction qui convergent vers Montréal le matin retournent en banlieue avec le coronavirus le soir et soient responsables d’une deuxième vague de contagion.
Le président de la CSN Construction laisse entendre que le principal problème sur de nombreux chantiers sera le respect de la distanciation sociale de deux mètres, qui devra être respectée pour encore plusieurs mois. «On va avoir de la sensibilisation à faire pour nos membres et pour leurs employeurs», dit-il.
Selon lui, les employés de la construction auront le choix de retourner ou non au boulot, tout en étant bien conscient que ceux et celles qui préféreront rester à la maison pourraient avoir plus de difficulté à se trouver des mandats par la suite.
Vacances de la construction à dates fixes ou pas?
Pierre Brassard est ouvert à l’idée de faire preuve de souplesse lorsque le moment des vacances de la construction sera venu. Selon lui, si les chantiers ne redémarrent pas avant le 4 mai, tout le monde va vouloir continuer à travailler à la fin du mois de juillet.
Il ajoute que la dynamique de l’industrie de la construction varie beaucoup d’une région à l’autre. «Au Saguenay ou sur la Côte-Nord, ce n’est pas comme à Montréal où certains chantiers fonctionnent toute l’année. Plus au Nord, après quelques mois d’arrêt, la saison de la construction commence à peine à cette période de l’année et est beaucoup plus courte. Les travailleurs sont donc impatients de retourner au boulot et veulent profiter au maximum des mois d’été», explique-t-il.
Toutefois, M. Brassard rappelle que les chèques de vacances versés aux travailleurs de la construction ont totalisé 447 millions de dollars l’an dernier, ce qui pourrait constituer un élément important de relance économique pour l’industrie touristique québécoise, pourvu que la période de confinement soit levée à ce moment. «Il n’y a pas beaucoup de monde qui va utiliser cet argent pour aller faire un voyage à Cuba en plein été», illustre-t-il.
Du côté de la Commission de la construction du Québec (CCQ), qui émet les chèques aux vacanciers de la construction, on affirme ne pas avoir le pouvoir de modifier les dates prévues des vacances qui, selon les conventions collectives, doivent s’échelonner du 19 juillet au 1er août. L’organisme soutient qu’il doit recevoir des demandes en ce sens et évaluer les dossiers avant de prendre des décisions.
La CCQ dit, comme tous les autres acteurs majeurs de l’industrie, se préparer «activement à la réouverture éventuelle des chantiers de construction afin de s’assurer que la reprise des activités se déroulera le plus rondement possible».
L’organisation dit également s’assurer de la conformité. Ce sont près de 1 000 chantiers qui ont été observés ou visités par ses inspecteurs depuis la fin du mois de mars partout au Québec, dont 88 étaient toujours en activité.