Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Une pénurie de 100 000 habitations au Québec, estime l’APCHQ

Charles Poulin|Publié le 20 juin 2022

Une pénurie de 100 000 habitations au Québec, estime l’APCHQ

Si le plan de rattrapage s’étale sur dix ans, cela signifie qu’il faudra construire 10 000 logements de plus par année que les prévisions de formation de nouveaux ménages, et ce pendant toute la durée du plan. (Photo 123RF)

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) estime qu’il manque environ 100 000 habitations à travers la province pour rééquilibrer le marché de la revente résidentielle.

L’hypothèse de l’étude menée par l’APCHQ est de ramener le taux d’inoccupation provincial à 3% tout en réduisant à zéro le nombre de ménages inscrits sur la liste d’attente de la Société d’habitation du Québec pour obtenir un logement social.

Le déficit de 100 000 habitations se décline en un manque à gagner de 15 000 logements locatifs privés, 58 000 propriétés à vendre ainsi que 37 000 logements sociaux.

« La pénurie actuelle de logements est responsable de l’envolée des prix sur le marché de la revente ainsi que des pressions à la hausse sur les loyers des logements locatifs, explique dans un communiqué le directeur du service économique de la l’APCHQ, Paul Cardinal. La seule manière de réduire de façon durable la surchauffe immobilière est d’augmenter l’offre. Avec cette étude, on voit beaucoup mieux l’ampleur du défi que cela représente dans différentes régions. »

Régions touchées

Sans grande surprise, la région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal est la plus touchée par la pénurie d’habitations, avec un déficit d’environ 73 000 habitations et logements. Suivent ensuite la RMR de Québec (8100) et la région de Gatineau (4500). À elles trois, ces régions représentent 85% de la pénurie.

Objectif de rattrapage

L’APCHQ considère qu’un plan de rattrapage doit être établi rapidement pour éviter que le déficit n’augmente de façon considérable au cours des prochaines années.

Le défi sera de taille. Si le plan s’étale sur dix ans, cela signifie qu’il faudra construire 10 000 logements de plus par année que les prévisions de formation de nouveaux ménages, et ce pendant toute la durée du plan.

« Il ne faut pas uniquement viser l’offre de logements sociaux et abordables, puisque le Québec manque aussi cruellement d’habitations pour propriétaires-occupants» souligne Paul Cardinal. Un rehaussement de l’offre à ce chapitre faciliterait l’accès à la propriété pour certains ménages qui renoncent présentement à devenir propriétaires en raison du manque de propriétés à vendre, de la surenchère que cela entraîne et de la progression effrénée des prix. Il faut également considérer que les ménages qui accèdent à la propriété libèrent des logements sur le marché locatif. 

Défis supplémentaires

La construction d’un nombre aussi élevé d’habitations excédentaires aux prévisions sera déjà ardue en temps ordinaire. Mais l’APCHQ rappelle que trois obstacles viendront mettre de la pression sur une augmentation de cadence de la construction d’habitations tout en maintenant des prix raisonnables pour ces logements neufs.

Le secteur de la construction manque tout d’abord de main-d’œuvre. La pandémie a ensuite créé des problèmes d’approvisionnement et fait augmenter les coûts de construction comme jamais auparavant, notamment avec l’explosion du prix de plusieurs matériaux et des frais de transport. Il faudra aussi tenir compte des taux d’intérêt qui sont à la hausse, ce qui entraîne un accroissement des coûts de financement des projets immobiliers.