Écotech Québec veut un panier vert pour les technologies propres
François Normand|Publié le 19 mai 2021Selon Écotech Québec, la relance verte serait doublement gagnante si elle s’appuyait davantage sur des technologies propres développées au Québec quand elles sont disponibles. (Photo: 123RF)
Pour favoriser une véritable relance verte, Écotech Québec affirme qu’il faut appuyer davantage les entreprises de la grappe des technologies propres, comme l’a fait le gouvernement Legault avec le panier bleu afin d’aider les détaillants en favorisant les achats locaux au début de la pandémie de COVID-19.
«Comme le panier bleu, il faudrait un panier vert pour favoriser l’adoption des technologies propres élaborées au Québec», souligne à Les Affaires Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec, qui représente entre autres des fabricants de technologies propres, des centres de recherche ainsi que des capitaux-risqueurs.
Le panier bleu est un OSBL financé par le gouvernement du Québec. Cette initiative favorise les entreprises québécoises et leurs produits, en regroupant leur offre en un seul point de chute.
Sans proposer un copier-coller du panier bleu, Denis Leclerc aimerait néanmoins qu’on s’inspire de cette initiative afin de dynamiser la grappe des technologies propres, alors que la planète entière parle de relance verte de l’économie après 15 mois de pandémie.
Lundi, Écotech Québec a d’ailleurs publié un document pour préciser sa vision à ce sujet, soit le Livre blanc pour une relance verte.
Ce document contient 15 actions, qui sont regroupées en quatre grands thèmes: la chaîne de financement, la recherche et l’innovation, le déploiement à grande échelle, la cohésion et la complémentarité.
Au Québec, il y a un consensus selon lequel la relance économique après 15 mois de pandémie doit se faire de manière durable, et ce, pour décarboner l’économie québécoise et aider la province à atteindre ses objectifs climatiques.
Denis Leclerc en fait bien entendu partie.
Mais à ses yeux, cette relance verte serait doublement gagnante si elle s’appuyait davantage sur des technologies propres développées au Québec quand elles sont disponibles.
Une relance verte c’est bien, deux c’est mieux
Il donne l’exemple de l’ambitieux programme d’Ottawa pour que le Canada soit carboneutre en 2050, une stratégie qui entraînera des dizaines de milliards d’investissements, et ce, aussi bien dans le public que le privé.
« C’est bien, mais ce serait mieux si on regardait au minimum ce qui se fait ici en termes de technologies propres pour atteindre cet objectif », dit-il.
Dans le dernier budget fédéral, les gros émetteurs industriels de GES au Canada ont été visés par un nouvel incitatif fiscal. (Photo: Getty Images)
En fait, la grappe québécoise des technologies propres fait sensiblement face au même enjeu que la grappe émergente québécoise des technologies 4.0, représentée par le Regroupement des entreprises en automatisation industrielle (REAI).
Dans le cas du manufacturier intelligent, il y a une inadéquation entre la demande locale pour des technologies 4.0 et l’offre locale pour ces produits.
D’une part, parce que le virage technologique des entreprises manufacturières au Québec est relativement lent par rapport aux États-Unis ou à l’Allemagne. D’autre part, parce que les entreprises québécoises qui modernisent leurs procédés se tournent souvent vers des technologies américaines ou allemandes.
Aussi, les fournisseurs québécois d’équipements, de logiciels et de services spécialisés pour le manufacturier intelligent doivent souvent se tourner vers l’exportation pour vendre leurs produits ou leurs services, selon une étude réalisée en 2019 par Deloitte et E&B Data.
Denis Leclerc veut éviter ce scénario pour la grappe des technologies propres.
Parmi les 15 actions proposées par le livre blanc, trois sont particulièrement structurantes pour l’industrie, souligne-t-il.
Trois actions structurantes
La première consiste à « exiger » que les entreprises industrielles et manufacturières du Québec qui bénéficient de programmes gouvernementaux pour leur projet ou leur expansion «adoptent des technologies propres québécoises».
La deuxième est celle qui propose de «mettre en valeur» des prototypes de technologies propres innovants en phase précommerciale par des projets de démonstration dans les organismes publics et parapublics.
«Il faut se demander comment on peut utiliser les ministères et les sociétés d’État pour qu’ils deviennent des lieux de démonstration», insiste Denis Leclerc, en mentionnant entre autres la Société des traversiers du Québec (STQ) et la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
La troisième action très structurante est de mettre en place des mécanismes de financement mixte afin de «mobiliser le capital privé dans le cadre de projets structurants».
Outre ces trois actions, Écotech Québec propose aussi de créer un secrétariat relevant directement du conseil exécutif du gouvernement du Québec, le ministère du premier ministre, «pour coordonner et accélérer l’effort national en matière de relance verte».
Selon Denis Leclerc, une relance verte s’appuyant sur des technologies propres québécoises ne peut être vraiment cohérente que si cet enjeu devient une priorité au bureau du premier ministre François Legault.