Voici les sociétés qui s’intéressent à Lithium Amérique du Nord
François Normand|Publié le 10 février 2021Actuellement à l’arrêt, la mine a déjà produit 180 000 tonnes de concentrés de lithium entre août 2017 et février 2019. (Photo : Lithium Amérique du Nord)
Au moins quatre entreprises ont présenté une offre d’achat auprès du syndic Raymond Chabot pour les actifs de Lithium Amérique du Nord, et deux autres groupes pourraient également avoir manifesté un intérêt pour la société.
Voilà ce qu’a pu colliger Les Affaires à partir d’informations du domaine public, d’entrevues réalisées auprès de sources de l’industrie et de la consultation des sites d’entreprises minières en Amérique du Nord.
La minière, située en Abitibi-Témiscamingue, est sous la protection de La Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies depuis mai 2019. Elle est contrôlée par le manufacturier chinois de batteries CATL et Investissement Québec, les deux actionnaires ayant des créances garanties.
Lithium Amérique du Nord cherche un investisseur pour prendre la place de la chinoise Jien International Investment (le troisième actionnaire, sans créance garantie), qui avait racheté Québec Lithium avec IQ, mais qui a depuis fait faillite en Chine.
Raymond Chabot a décliné notre demande d’interview pour ce reportage.
Le 26 janvier, le syndic a eu le feu vert de la Cour supérieure du Québec (la division commerciale) pour prolonger jusqu’au 26 mars la période durant laquelle il doit sélectionner la meilleure offre d’achat afin de la présenter à IQ et CATL.
Les acheteurs potentiels avaient jusqu’au 15 janvier pour présenter une offre au syndic.
Des profils très différents
Les entreprises qui ont présenté une offre sont Sayona Québec (une filière d’un groupe australien), Central America Nickel (une société québécoise), SRG Mining (une société québécoise) et Evolution Metals (une société américaine, dont le siège social est en Floride).
Sayona Québec nous a confirmé qu’elle a présenté une offre. La minière a déjà deux projets en Abitibi-Témiscamingue: le projet Authier Lithium (extraction et concentration de minerai contenant du lithium) et le projet Transim, une propriété sur laquelle la société détient des titres miniers.
Central America Nickel a décliné nos demandes d’entretien. Par contre, deux sources de l’industrie — qui ne sont pas concertés — affirment sous le couvert de l’anonymat que la société a présenté une offre formelle.
Sur son site web, Central America Nickel se dit spécialisée dans le traitement et la purification des métaux dits énergétiques comme le nickel, le cobalt et le cuivre. La minière dit aussi contrôler des «réserves substantielles» de ces métaux.
SRG Mining nous a confirmé par courriel qu’elle a déposé une offre pour reprendre Lithium Amérique du Nord. La minière a actuellement deux projets en Guinée, en Afrique de l’Ouest. Le premier est dans le graphite, le second dans les métaux de base.
(photo: 123RF)
Evolution Metals a pour sa part présenté offre d’achat pour les actifs de Lithium Amérique du Nord le 15 janvier, selon un article de Mining.com, qui cite son PDG David Wilcox vantant le potentiel de la minière de l’Abitibi Témiscamingue.
«Nous pensons que Lithium Amérique du Nord a le potentiel de devenir une usine phare pour la production de lithium destiné aux batteries et au secteur médical dans les Amériques», a-t-il indiqué.
Cette société d’exploration minière, de raffinage et de produits chimiques affirme qu’elle a présenté cette offre avec «le soutien» du gouvernement américain et de groupes d’investissement privé.
Les ministères américains de l’Énergie, du Commerce et de la Défense auraient adressé une lettre d’intérêt à la minière pour qu’elle acquière et améliore les actifs de Lithium Amérique du Nord. L’objectif est «de développer une chaîne d’approvisionnement sûre et fiable pour le lithium et les terres rares en Amérique du Nord», rapporte Mining.com.
Deux autres candidats potentiels
Selon nos sources, deux autres personnes ou entreprises auraient pu manifester un intérêt pour acheter Lithium Amérique du Nord. Par contre, il n’a pas été possible de confirmer si elles avaient présenté une offre auprès de Raymond Chabot.
La première personne est le repreneur d’entreprises Nathaniel Klein, 2e partenaire associé chez NK Investments à New York, selon son profil LinkedIn. En 2016, c’est lui qui avait racheté Québec lithium, pour ensuite la revendre à d’autres intérêts en 2018, en l’occurence à CALT, IQ et Jien International Investment.
Il aurait formé un groupe pour acheter Lithium Amérique du Nord. Nous avons tenté de joindre M. Klein à New York, mais sans succès. Il est donc impossible de valider cette information.
L’autre entreprise qui aurait pu manifester un intérêt pour la minière de l’Abitibi-Témiscamingue est la chinoise Jilin Jien Nickel Industry, propriétaire de Canadian Royalties, qui exploite deux mines de nickel au Nunavik, dans le Nord-du-Québec.
Or, Jilin Jien Nickel Industry fait partie du même holding chinois que Jien International Investment, l’un des trois actionnaires de Lithium Amérique du Nord.
Nous avons contacté le bureau de Canadian Royalties à Montréal pour tenter d’avoir des commentaires. Malgré nos essais répétés, il a été impossible de parler à qui que ce soit.
Nous avons aussi tenté de joindre un représentant de CATL chez Lithium Amérique du Nord, mais également sans succès.