Les entreprises doivent anticiper une propagation du coronavirus
La Presse Canadienne|Publié le 10 février 2020(Getty images)
De nombreuses entreprises s’interrogent sur la marche à suivre si le nouveau coronavirus, qui est en train de se propager rapidement en Chine, menace la santé de leurs employés et de leurs clients.
«Tout le monde regarde leur état de préparation, constate Marie-Hélène Primeau, la vice-présidente exécutive d’une société montréalaise de gestion des risques, Premier Continuum. On revoit activement ses plans, mais on n’entrepose nécessairement pas des masques.»
Les responsables de la santé au Canada ont souligné de nombreuses fois que le risque pour la santé publique restait faible au pays. Sept cas de coronavirus ont été identifiés au Canada. Jusqu’à présent, la maladie connue sous le nom de 2019-nCoV a tué plus de 800 personnes, presque toutes en Chine. On a aussi recensé près de 37 000 cas.
Néanmoins, les Canadiens sont exhortés à rester vigilants contre les infections. Les experts médicaux rappellent à la population que la saison de la grippe bat son cours. Ils recommandent de se laver les mains fréquemment, de tousser ou d’éternuer dans un mouchoir ou dans le haut d’une manche et de ne pas toucher son visage.
Selon Amin Mawani, expert en gestion des catastrophes, les travailleurs et les gestionnaires devraient en profiter pour lutter contre la désinformation, répéter les conseils d’hygiène, clarifier les politiques en matière de congés de maladie et se préparer à la possibilité d’un grand absentéisme.
En cas d’épidémie, les employeurs doivent encourager les travailleurs malades à rester chez eux, souligne M. Mawani, mais une étape clé pour en atténuer les répercussions est d’empêcher les gens de tomber malades en premier lieu.
«On ne peut pas se munir d’une protection traditionnelle, mais on peut se préparer en dépensant un peu d’argent pour planifier et stocker certaines choses, comme des masques et tout ce dont on pourrait avoir besoin», ajoute le directeur du programme de gestion de l’industrie de la santé à la Schulich School of Business de l’Université York, à Toronto.
Les travailleurs de la santé disent que les règles en matière de travail ne facilitent pas la décision de rester à la maison pour certains. Dans les environnements à haut risque, comme les services de restauration, les établissements de longue durée ou les garderies, ces dilemmes peuvent avoir des répercussions significatives.
Assouplir les règles
M. Mawani convient que les employeurs doivent déterminer s’ils sont prêts à assouplir les règles si le virus frappait le personnel, faisant observer que des politiques trop strictes minaient le moral et la loyauté.
Selon lui, les travailleurs devraient envisager d’établir leurs propres mesures de protection.
«À certains égards, les employés peuvent prendre l’initiative, ils peuvent offrir de travailler de la maison ou pendant le week-end au lieu de venir au boulot, mentionne-t-il. Les employeurs devraient être disposés à les écouter pendant cette phase. Même s’ils n’ont pas encore commencé à travailler à domicile, l’entreprise doit avait ses plans prêts.»
John Yamniuk, de la firme de consultants DRI Canada, affirme qu’il existe des moyens de limiter une contagion dans un milieu de travail. Peut-on laisser de l’espace libre entre deux employés? Une salle de réunion peut-elle être transformée en bureau?
«Si on travaille dans un centre d’appels, on peut fournir des articles de nettoyage supplémentaires, des casques individuels pour les gens afin qu’ils ne partagent pas les claviers ou des choses comme ça.»
Mme Primeau conseille de son côté à mettre à jour les coordonnées du personnel et des partenaires. Elle encourage les entreprises à réaliser un exercice de stimulation au cours duquel chaque membre du personnel discute de son rôle à jouer pendant une urgence. Tous peuvent alors s’entendre sur la meilleure façon de réagir à divers scénarios.
Il ne faut pas simplement compter sur une agence de travailleurs temporaires si des employés se déclarent malades, ajoute-t-elle. On ne peut pas être sur des disponibilités ou de la loyauté de ces remplaçants.
«La question des employés temporaires avait été soulevée il y a 10 ans lorsque nous parlions de la pandémie de H1N1, mais le fait est que ces personnes pourront aussi tomber malades, fait valoir Mme Primeau. Il s’agit de se concentrer sur l’essentiel plutôt que de faire appel à des intérimaires: quels sont les projets urgents à réaliser? Quelles sont les activités fondamentales à maintenir?»