L'éclosion du COVID-19 a eu raison de la banque centrale canadienne.
La Banque du Canada a abaissé mercredi son taux directeur de 50 points de base pour le ramener à 1,25 %, réagissant à l’éclosion du virus COVID-19.
Cette première baisse depuis 2015 est plus importante que celle prévue par les analystes qui anticipaient plutôt un recul de 0,25 point.
La Banque du Canada soutient que le coronavirus « constitue un choc négatif substantiel pour les perspectives canadiennes et mondiales ».
La Réserve fédérale (Fed) a elle aussi succombé aux pressions du COVID-19 mardi, revoyant son taux directeur à la baisse de 50 points de base. C’est la première fois depuis la crise financière de 2008 qu’elle modifie son taux directeur en dehors de son calendrier de réunions monétaires habituel.
Dans son communiqué, la Banque du Canada rappelle que l’économie canadienne se porte bien et que l’inflation est « à la cible ». La menace du virus sur la santé publique d’un nombre toujours plus important de pays l’aurait toutefois forcée à revoir ses taux.
Les pressions que le coronavirus exerce sur les chaînes d’approvisionnement auraient notamment eu des répercussions sur les prix des produits de base et le dollar canadien. Depuis le début de l’année, le huard a perdu 1,35% de sa valeur, se transigeant à 0,7454$US mercredi près de midi.
Conformément aux attentes de la banque centrale, le PIB canadien a ralenti sa cadence en atteignant 0,3 % au quatrième trimestre de 2019. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est le ralentissement des investissements des entreprises et des exportations.
La banque centrale anticipe donc une baisse de confiance des entreprises et des consommateurs en la conjoncture économique, ce qui « déprimera davantage l’activité ».
En plus du coronavirus, les barrages de voies ferrées, les grèves des enseignants en Ontario et les tempêtes hivernales ralentiront l’économie canadienne davantage au premier trimestre de 2020 que ce qu’avait prévu la Banque du Canada. «Compte tenu de tous ces facteurs, les perspectives sont nettement plus faibles qu’elles ne l’étaient en janvier», indique-t-elle.
Le Fonds monétaire international a d’ailleurs lui aussi revu à la baisse ses prévisions pour l’ensemble de l’économie en 2020, a-t-il annoncé mercredi matin.
Selon Josh Nye, économiste principal chez RBC Economics, bien qu’une baisse du taux directeur de la Banque du Canada ait été prévisible, la taille de cet abaissement l’était moins. « Cette décision laissant place à plus d’assouplissement, nous pensons que la Banque du Canada risque de baisser à nouveau en avril en plus de la baisse plus grande que prévue d’aujourd’hui », a-t-il commenté dans un communiqué.
Pour les analystes de RBC, il est aussi juste de se demander comment cette annonce aidera à contrer les coups que subit l’offre et la demande en raison du coronavirus. Les taux plus bas pourraient servir à soutenir la croissance pendant une période marquée par des perturbations sévères à l’activité économique. « C’est la réponse d’autres décideurs, surtout des autorités fiscales et de la santé, qui pourrait aider davantage pour amortir le coup alors que l’épidémie du coronavirus s’intensifie », conclut-il.