La grève au port de Vancouver affecte des industries au Québec
François Normand|Publié le 04 juillet 2023Le port de Vancouver est responsable de 16% des échanges commerciaux du Canada à l’international, pour des volumes totalisant une valeur de 500 millions de dollars par jour. (Photo: 123RF)
Même s’il est trop tôt pour quantifier ses répercussions financières, la grève des débardeurs au port de Vancouver fera assurément mal à plusieurs industries clés au Québec, affirme la PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx.
«Cette grève va avoir un impact, il n’y a aucun doute», lance au bout du fil Véronique Proulx, qui a sondé plusieurs de ses membres à ce sujet depuis lundi.
Ce dimanche, les 7400 débardeurs du port de Vancouver — le plus important en termes de volume au Canada — ont déclenché une grève, ce qui a stoppé la manutention des conteneurs qui sont exportés ou importés.
Selon MEQ, à lui seul, ce port de la Colombie-Britannique est responsable de 16% des échanges commerciaux du Canada à l’international, pour des volumes totalisant une valeur de 500 millions de dollars (M$) par jour.
Au Québec, ce conflit de travail affecte par exemple les producteurs de porc. Ces derniers exportent notamment leurs produits transformés en Chine, au Japon et en Corée du Sud — le Canada a un accord de libre-échange avec ces deux derniers pays.
Le Québec exporte du porc en Asie via Vancouver
La viande de porc (fraîche, réfrigérée et congelée) représente le deuxième poste d’exportation de marchandise du Québec en Asie de l’Est, une région qui comprend huit pays, dont la Chine, le Japon et la Corée du Sud.
En 2022, les expéditions québécoises de porc en Asie de l’Est se sont élevées à 521,5 M$, selon l’Institut de la statistique du Québec.
Toujours au Québec, Véronique Proulx affirme que la grève au port de Vancouver bouleversera aussi les industries de l’automobile (importations), de l’aérospatiale (importations et exportations) ainsi que celles ayant besoin de produits et de composants électroniques dans leur procédé de production (importations).
Actuellement, les entreprises du Québec qui font transiter des conteneurs par le port de Vancouver sont confrontées à deux problèmes.
Soit leur marchandise est bloquée au port, soit leur marchandise est en direction de Vancouver par la mer (dans le cas d’une importation par bateau) ou par la terre ferme (dans le cas d’une exportation par camion ou par train).
Des alternatives à Vancouver peu nombreuses
Si la grève dure longtemps, ces conteneurs actuellement en transit seront aussi bientôt bloqués à l’entrée du port de Vancouver, souligne Véronique Proulx, en précisant que les alternatives sont peu nombreuses.
«En discutant avec des membres, j’ai entendu dire que le port de Seattle pourrait être une solution», dit-elle.
À ses yeux, cette option aurait toutefois des conséquences en termes de temps et de coûts supplémentaires pour les entreprises. Situé dans l’État de Washington, ce port se trouve à près de 250 kilomètres de celui de Vancouver.
À la rigueur, des entreprises québécoises pourraient aussi commercer avec l’Asie en passant par le port de Montréal, qui est de plus en plus lié à l’Asie via la mer Méditerranée et le canal de Suez.
En revanche, là aussi, les coûts et les délais seraient sans doute plus élevés, surtout avec les marchés sud-coréen et japonais.