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Aéroports de Montréal aura besoin d’argent

La Presse Canadienne|Publié le 29 novembre 2021

Aéroports de Montréal aura besoin d’argent

Il faudra «quelques milliards» pour financer ces projets, anticipe Philippe Rainville. (Photo: La Presse Canadienne)

Il faudra injecter des capitaux dans Aéroports de Montréal (ADM) lorsque le trafic aérien va revenir à la normale, sinon la « structure va craquer », a prévenu son président-directeur général, Philippe Rainville, lors d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal, lundi.

Les infrastructures d’ADM ne répondaient déjà plus adéquatement à la demande avant la pandémie. L’organisme sans but lucratif a toutefois été contraint de mettre sur la glace tous les projets permettant un ajout de capacité pour des raisons financières. «Nos équipes auraient pu profiter de l’accalmie pour faire une mise à niveau, a dit M. Rainville. Malheureusement nos coffres étaient à sec et nous nous sommes limités aux programmes de maintenance.»

Si la reprise du trafic aérien se passe «trop vite» à l’aéroport international Montréal-Trudeau, les infrastructures actuelles ne pourront pas répondre à la demande, a précisé M. Rainville en point de presse en marge de la conférence.

Il a donné en exemple le projet de réfection du débarcadère où la circulation refoulait sur l’autoroute en raison d’un manque de capacité en 2019. «Avant que j’aie l’argent pour être capable de refaire le débarcadère, juste cette partie-là, ça va grincer. On n’offrira pas le service qu’il faut. Les gens vont se plaindre et on aura les sous, du moins je l’espère.»

Il faudra «quelques milliards» pour financer ces projets, anticipe M. Rainville. «Je ne veux pas aller pleurer pour avoir l’argent sur la place publique. On a eu l’argent pour le REM. On prend un break, mais c’est sûr que, d’ici quelques années, il va falloir s’asseoir [pour trouver une solution de financement].»

M. Rainville a évoqué la possibilité d’obtenir des capitaux d’investisseurs privés pour financer les différents projets d’infrastructures dans ses cartons. En choisissant «judicieusement» du capital patient de la part d’un investisseur institutionnel comme un régime de retraite, ADM pourrait obtenir des capitaux privés sans devoir exercer une pression financière sur les voyageurs ou les transporteurs pour obtenir du rendement, croit-il.

 

REM, «désastre financier»

M. Rainville a aussi qualifié le projet de station du Réseau express métropolitain (REM) à l’aéroport Montréal Trudeau de «désastre financier». L’organisme sans but lucratif a obtenu un financement de 100 millions $ pour un projet total de 600 millions $. Les 500 millions $ restants seront financés par ADM.

«Les gens pensent qu’on fait le REM pour faire de l’argent. On ne fait pas le REM pour faire des sous. Aussitôt que le REM arrive, on se prive de revenus de stationnement.»

ADM estime qu’elle perdra entre 5 millions $ et 10 millions $ de revenus de stationnement après l’entrée en fonction du REM. «On n’en tire aucun revenu [de la présence d’une station]. On le fait pour les passagers. On le fait pour réduire l’empreinte de carbone. On prend pour acquis que les voyageurs pensent comme nous, que de faire venir le REM à l’aéroport, c’est la bonne chose à faire.»