Air Creebec veut prendre la relève d’Air Canada en Abitibi
La Presse Canadienne|Publié le 03 juillet 2020Air Creebec concrétise son projet d’augmenter sa desserte aérienne entre Montréal et l’Abitibi.
À la suite de l’annonce d’Air Canada sur l’abandon de ses liaisons régionales, Air Creebec concrétise son projet d’augmenter sa desserte aérienne entre Montréal et l’Abitibi. Le transporteur, qui appartient en partie à la communauté Crie, entend offrir une liaison entre Montréal, Val−d’Or et Rouyn−Noranda à compter du mois d’août.
«Avant la crise sanitaire, on offrait le service Montréal−Val−d’Or−Chisasibi une fois par jour. Ce service sera maintenu, et on ajoutera le vol vers Rouyn−Noranda», indique Matthew Happyjack, président de Air Creebec, qui travaille à cet effet avec différents partenaires, dont la Ville de Val−d’Or et la Chambre de commerce locale. «Évidemment, il faudra qu’il y ait une demande, ajoute−t−il. On va commencer par trois jours/semaine, et on va augmenter la cadence si besoin est.» De son côté, avant de suspendre son service, Air Canada offrait quatre vols par jour entre Montréal et l’Abitibi.
Les reins assez solides
Au vu de la situation actuelle, la question se pose: Air Creebec a−t−elle les reins assez solides pour offrir un tel service? Qui dit service dit de nouveaux appareils et surtout du personnel supplémentaire. «À ce niveau−là, nous sommes prêts, affirme sans hésiter le président d’Air Creebec. La minière Stornoway (située dans le Grand Nord) a fermé ses installations, ce qui libère certains appareils qui pourraient servir à effectuer les nouvelles liaisons. Quant au personnel, nous en avons en disponibilité, à la suite de la crise de la COVID−19. Nous pourrons donc rappeler ces travailleurs et les affecte à la nouvelle ligne.»
Le mécontentement à l’endoit d’Air Canada était en outre déjà évident depuis longtemps. «J’en entendais déjà de toutes sortes, ajoute Matthew Happyjack, dont le bureau se situe au dernier étage de l’édifice du transporteur, à l’aéroport de Val−d’Or. Des vols annulés, toutes sortes d’excuses pour justifier un mauvais service, Air Canada n’avait déjà plus une très bonne réputation dans la région. Je crois que nous pouvons prendre la relève.»
Air Creebec compte atteindre son objectif sans l’aide de Québec ou Ottawa. Actuellement, le transporteur reçoit de l’aide d’urgence pour ses employés en raison de la COVID−19, et aussi une aide financière déjà existante, conséquence du sommet sur l’aviation régionale tenu en 2018. L’entreprise a entrepris ses démarches avec des représentants de Val−d’Or et de Rouyn−Noranda, pour établir différents scénarios menant à la desserte Montréal−Val−d’Or−Rouyn−Noranda.
Des objectifs à long terme
La prochaine rencontre entre les intervenants dans le dossier aura lieu le 8 juillet prochain, et Matthew Happyjack espère des avancées intéressantes. «Le plan que nous avons n’est pas un plan d’urgence pour prendre temporairement la relève d’Air Canada, précise le président d’Air Creebec. Nous avions un plan en tête depuis quelque temps, et nous avions des partenaires intéressés à ce que ça fonctionne. Pas question pour nous d’offrir un service temporaire. Si on travaille sur le dossier, c’est sur une perspective de 15, 20 ans.»
Matthew Happyjack espère pouvoir offrir un service équivalent à celui d’Air Canada, à un prix à peu près égal ou moindre. «Avant la COVID−19, on avait un bon pourcentage de nos sièges qui étaient occupés sur nos vols, dit−il. C’est certain qu’il faudra que la demande soit là pour qu’on desserve Rouyn−Noranda. On sait qu’Air Canada va continuer d’offrir le service Rouyn−Noranda−Montréal, mais nous ne voulons pas nous contenter d’un rôle complémentaire.»
Air Creebec jouit de plusieurs appuis non seulement à Val−d’Or, mais un peu partout dans la région. «Nous sommes privilégiés de pouvoir compter sur un transporteur solide de la trempe d’Air Creebec, déclare le maire de Val−d’Or, Pierre Corbeil. La directrice générale de la Chambre de commerce de Val−d’Or, Hélène Paradis, abonde dans le même sens. «Par chance, on a Air Creebec. Il faut maintenant que la région appuie en masse notre transporteur, puisque c’est essentiel pour nous de garder une desserte aérienne, non seulement pour la clientèle d’affaires mais aussi pour nos services de santé, d’éducation et de tourisme. Sans compter le domaine minier, qui est la colonne vertébrale de notre région.»
Texte de l’Initiative de journalisme local.