La plupart des voyageurs ne savaient pas qu’ils étaient à bord d’un Boeing 737 MAX.
Après vingt mois d’attente, le Boeing 737 MAX a retrouvé le ciel pour un vol commercial sans encombre opéré par la compagnie brésilienne Gol, mercredi, reliant Sao Paulo à Porto Alegre.
L’avion a subi des modifications et de nombreux essais depuis deux catastrophes aériennes ayant fait au total 346 morts en 2018 et 2019, qui avaient entraîné une crise majeure pour le géant américain de l’aéronautique.
« Gloire à Dieu! », s’est écriée une passagère au moment où les roues de l’appareil touchaient le tarmac, pour un atterrissage tout en douceur, après 1h30 de vol.
« C’était un bon vol », a dit à des journalistes de l’AFP qui étaient à bord Naiara Providello, une autre voyageuse.
« Je ne connaissais pas l’histoire de cet avion. Ils auraient pu nous prévenir, mais tout s’est bien passé », a-t-elle ajouté.
Gol avait pourtant donné la possibilité à tout passager ne se sentant pas à l’aise à l’idée d’embarquer à bord d’un 737 MAX de « reporter son voyage sans frais et sans différence de tarif », selon un porte-parole de la compagnie.
Masques et Bossa Nova
Mais la plupart des voyageurs ne savaient pas qu’ils étaient à bord d’un Boeing 737 MAX, et encore moins qu’il s’agissait du tout premier vol de cet avion depuis 20 mois.
« C’est bon à savoir », a confié avant le décollage un passager qui voyageait avec sa compagne. « Mais si l’avion est là, c’est qu’il est sûr, non ? »
Deux membres d’équipage, qui ont préféré garder l’anonymat, ont déclaré à l’AFP qu’ils étaient « très émus » à l’idée de prendre part à cette première mondiale et ont assuré qu’ils étaient certains que « tout se déroulerait à la perfection ».
« Même Delta et American n’ont pas encore repris les vols (commerciaux). C’est une grande responsabilité pour Gol », a déclaré un employé de la première compagnie de vols domestiques du Brésil.
Avec sept membres d’équipage et une capacité de 186 passagers, le vol était plein à 88%, selon un steward.
Dans l’avion, l’ambiance était bon enfant, les voyageurs, tous masqués en ces temps de coronavirus, se laissant bercer avant le décollage par un doux rythme de Bossa Nova.
« Je n’ai pas peur de prendre l’avion. Je n’étais pas au courant des accidents, mais ça ne me fait pas peur, même si c’est seulement mon deuxième voyage en avion », a lancé Pedro de Lima, un adolescent de 14 ans.
Nouvelles commandes
Malgré l’insouciance des passagers, les deux accidents tragiques rapprochés de Lion Air (189 morts en octobre 2018) et d’Ethiopian Airlines (157 morts en mars 2019) ont plongé Boeing dans une crise profonde, aggravée cette année par la pandémie de coronavirus, qui a sinistré l’ensemble du secteur aérien.
Au total, le 737 MAX a souffert de 653 annulations de commandes en 2019 et 2020 dans le monde et Boeing doit aujourd’hui convaincre de la fiabilité de son aéronef.
En novembre dernier, les autorités américaines, puis brésiliennes, ont finalement donné leur feu vert pour la remise en service, après plusieurs modifications de l’appareil et la mise en place d’une formation spécifique pour les pilotes.
« Ces 20 derniers mois, nous avons procédé aux révisions de sécurité les plus exhaustives de l’histoire de l’aviation commerciale. La sécurité avant tout », a déclaré Celso Ferrer, directeur des opérations de Gol, cité dans un communiqué.
Des modifications ont été apportées notamment au niveau du système antidécrochage MCAS qui avait été mis en cause dans les deux catastrophes.
La compagnie Gol a indiqué que 140 de ses pilotes avaient été formés aux États-Unis pour faire voler le 737 MAX et que l’ensemble de sa flotte de sept appareils de ce modèle allait être remis en service d’ici la fin de l’année.
Gol prévoit également d’agrandir sa flotte de 737 MAX: la compagnie aérienne « a 95 commandes fermes (d’achat) avec Boeing », en plus de 20 avions qui se trouvent aux Etats-Unis en attendant d’être livrés.