Les négociations entre le puissant syndicat américain de l’automobile, l’United Auto Workers (UAW), et les trois grands constructeurs, qui portent notamment sur la hausse des salaires, ont échoué. (Photo: 123RF)
Biden demande un partage «juste» des «profits» du secteur auto face à une grève inédite
Une grève inédite a débuté vendredi aux États-Unis, chez les trois plus grands constructeurs automobiles américains, à laquelle a réagi le président Joe Biden en exhortant à un partage «juste» de leurs «profits record».
«Les entreprises ont fait des propositions significatives, mais je pense qu’elles devraient aller plus loin» avec les employés, a lancé vendredi Joe Biden, lors d’une courte allocution à la Maison-Blanche.
Les négociations entre le puissant syndicat américain de l’automobile, l’United Auto Workers (UAW), et les trois grands constructeurs, qui portent notamment sur la hausse des salaires, ont échoué.
L’UAW a donc mis sa menace à exécution et lancé, dans la nuit de jeudi à vendredi, une grève inédite simultanée, chez les «Big Three», les «Trois Grands» constructeurs auto américains: General Motors (GM), Ford et Stellantis (issu de la fusion du français PSA et de l’américain Chrysler).
Joe Biden, qui brigue un second mandat à la Maison-Blanche, affiche régulièrement son soutien aux syndicats, de tous les secteurs.
«Personne ne veut d’une grève», a ainsi déclaré Joe Biden, assurant néanmoins qu’il comprend «la frustration des travailleurs», qui «méritent une part équitable des avantages qu’ils ont contribué à créer».
Klaxons et applaudissements
Le débrayage a débuté vendredi dans trois usines d’assemblage: l’usine Ford de Wayne, dans la région de Detroit (Michigan), le site GM de Wentzville (Missouri, dans le centre des États-Unis) et celui de Toledo (Ohio, nord) pour Stellantis.
À Wayne, devant l’usine, klaxons et applaudissements avaient accueilli dans la nuit l’arrivée du président de l’UAW, Shawn Fain.
«Ce soir, pour la première fois de notre histoire, nous allons faire grève chez les +Big Three+», avait prévenu le patron de l’UAW.
Environ 12 700 employés devraient débrayer vendredi, selon le syndicat.
Mais le mouvement pourrait s’étendre, et Shawn Fain a enjoint aux quelque 146 000 membres de son organisation travaillant pour ces constructeurs de se tenir prêts à débrayer en fonction de l’évolution des négociations.
Malgré son soutien aux syndicats, Joe Biden pourrait être pénalisé par un conflit social prolongé ou élargi, qui risque en effet de peser sur la croissance. Son bilan économique est déjà régulièrement critiqué par les républicains, en particulier du fait de l’inflation tenace.
Selon le cabinet de conseil Anderson Economic Group (AEG), qui compte notamment Ford et GM comme clients, une grève de 10 jours des plus de 140 000 membres de l’UAW pourrait représenter plus de cinq milliards de dollars de pertes de revenus pour l’économie américaine.
40% d’augmentation
Les négociations entre syndicats et constructeurs ont commencé il y a deux mois pour élaborer les nouvelles conventions collectives pour quatre ans. Les employés du secteur réclament des revalorisations salariales et plus d’avantages, alors que les constructeurs automobiles, qui ont enregistré des profits ces dernières années, ont serré la vis après la crise financière de 2008.
La dernière grève du secteur, qui remonte à 2019, n’avait affecté que GM. Elle avait duré six semaines.
L’UAW réclame un relèvement des salaires de quelque 40% sur quatre ans, alors que les trois constructeurs n’ont pas été plus loin que 20% au plus, selon le syndicat.
«Cette entreprise se fait de l’argent sur notre travail depuis des années. Je pense qu’il est temps qu’elle rende quelque chose», a témoigné Paul Sievert, employé à l’usine Ford de Wayne depuis 29 ans.
Les trois géants historiques de Detroit ont notamment refusé d’accorder en outre des jours de congés supplémentaires et d’augmenter les retraites, assurées par des caisses propres à chaque entreprise.
Dans un communiqué, Ford s’est dit «absolument résolu à parvenir à un accord récompensant les employés et protégeant la capacité de Ford à investir pour le futur».
Selon le groupe, la contre-proposition transmise jeudi soir par l’UAW «n’a montré que peu de différences par rapport aux demandes initiales» du syndicat. Ford a qualifié l’offre qu’il avait faite au syndicat il y a plus de deux jours «d’historiquement généreuse avec d’importantes hausses salariales» et d’autres avantages.
Interrogée sur CNN vendredi, Mary Barra, la dirigeante de GM, a quant à elle défendu les propositions des constructeurs, qui comprennent «non seulement une augmentation de 20% du salaire brut, mais aussi le partage des bénéfices, des soins de santé de classe mondiale et plusieurs autres caractéristiques».
«Nous sommes extrêmement déçus par le refus des dirigeants de l’UAW de s’engager de manière responsable pour atteindre un accord équitable dans le meilleur intérêt de nos employés, de leurs familles et de nos clients», a réagi de son côté Stellantis dans un communiqué.