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Boeing 737 MAX 8: Marc Garneau fera le point mercredi

La Presse Canadienne|Publié le 13 mars 2019

Le transporteur Sunwing a annoncé, mardi soir, qu'il suspendait temporairement «les opérations de ses quatre 737 Max 8.

Le transporteur Sunwing a annoncé, mardi soir, qu’il suspendait temporairement «les opérations de ses quatre avions Boeing 737 MAX 8».

Dans un message relayé sur Twitter, Sunwing a écrit que l’entreprise était confiante « quant au processus d’enquête mené par Transport Canada » et qu’elle prenait cette décision pour des raisons commerciales « non liées à la sécurité ».

De son côté, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, fera le point sur le dossier des avions Boeing 737 MAX 8, mercredi avant-midi, à Ottawa, lui qui a affirmé mardi qu’il ne prévoyait pas immobiliser la flotte canadienne de ces appareils, mais que «toutes les options (étaient) sur la table».

Une convocation envoyée aux médias relativement à ces appareils et à la sécurité de l’aviation indique que le ministre sera accompagné d’un sous-ministre adjoint de Transports Canada et du directeur général associé de l’Aviation civile, François Collin.

Le ministre disait mardi vouloir rencontrer des experts sur la manière de gérer le dossier des appareils 737 Max 8 de Boeing, qui sont actuellement cloués au sol ou interdits d’espace aérien par un nombre croissant de pays.

Le Boeing 737 Max 8 continue de voler dans le ciel nord-américain, mais l’Union européenne, ainsi que l’Australie, la Chine et d’autres États lui ont interdit leur espace aérien dans la foulée de l’écrasement d’un avion du transporteur Ethiopian Airlines, qui a coûté la vie à 157 personnes dimanche.

M. Garneau a affirmé mardi que «toutes les options (étaient) sur la table».

«(Cela) peut inclure clouer les avions au sol, mais en même temps, je veux évaluer toutes les possibilités et ne pas sauter à des conclusions avant qu’on puisse évaluer clairement la situation», a déclaré M. Garneau, soulignant qu’il ne serait « pas influencé par les émotions ».

L’accident d’Ethiopian Airlines, qui a coûté la vie à 157 passagers _ dont 18 Canadiens _ a été comparé à l’écrasement du même modèle d’avion de Lion Air, en Indonésie, en octobre dernier, qui avait coûté la vie à 189 personnes.

Plus tôt mardi, les autorités britanniques, françaises, allemandes et irlandaises ont tour à tour annoncé des ordres de maintien au sol ou des interdictions d’espace aérien. Elles ont été suivies par des décisions similaires aux Pays-Bas, en Pologne et de la part de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA). Le transporteur Turkish Airlines a également annoncé mardi le maintien au sol de tous ses appareils Boeing 737 Max jusqu’à nouvel ordre.

Robert Kokonis, président de la société de conseil torontoise AirTrav, a estimé que la suspension de tous les avions Max 8 et Max 9 par l’AESA mettait «une pression énorme» sur M. Garneau. «Cela va vraiment faire réfléchir le ministre», a-t-il estimé. «Je pense qu’ils ressentent une pression sans précédent de la part des médias sociaux _ tant les compagnies aériennes que des organismes de réglementation de l’aviation.» 

Air Canada et WestJet volent toujours

Ajoutant à la pression, le Syndicat canadien de la fonction publique _ qui représente plus de 8000 agents de bord d’Air Canada _ a déclaré mardi soir que ses membres avaient des inquiétudes relativement à la sécurité à la suite du récent écrasement et qu’ils ne souhaitaient pas être obligés de prendre place à bord d’un Max 8.

«La composante Air Canada du SCFP qui représente les agents de bord de la ligne principale et de Rouge demande, à tout le moins, à la compagnie de continuer à offrir des réaffectations aux agents de bord qui ne veulent pas voler sur ces appareils», a déclaré le président de la composante, Wesley Lesosky, dans un communiqué. «La sécurité des passagers et des membres d’équipage doit être la priorité.»

Air Canada n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande pour commenter cette déclaration du syndicat.

Air Canada compte 24 avions Boeing 737 Max 8, principalement utilisés pour les vols nationaux et américains, même si certains traversent également l’Atlantique. Sa rivale WestJet Airlines, de Calgary, compte 13 Boeing 737 Max 8 dans sa flotte, tandis que la ligne torontoise Sunwing Airlines en compte quatre.

Un ordre de maintien au sol au Canada coûterait très cher aux compagnies aériennes du pays, a observé Karl Moore, professeur à la faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. «Cela aurait un impact considérable sur les deux, car il y a beaucoup de vols chaque jour», a-t-il souligné.

«Ils devraient annuler certains vols. Ils pourraient tenter d’utiliser d’autres avions, qui ne sont pas optimaux. Le Q400 est trop petit. Ils pourraient utiliser deux gros avions, ce qui signifie qu’ils gaspilleraient de l’argent en carburant et ils ne feraient pas d’argent.»

Dans la déclaration qu’elle a publiée mardi soir, Sunwing a indiqué que la décision de suspendre les opérations de ses quatre Boeing 737 Max aura des conséquences sur l’horaire des vols, mais l’entreprise a précisé qu’elle s’efforcera de « minimiser l’impact de ces changements à l’horaire ».

Les compagnies aériennes sont également confrontées à des passagers inquiets qui souhaitent modifier leurs réservations pour éviter de monter à bord des Boeing 737 Max 8.

L’agence de voyages «Flight Centre» a indiqué que les compagnies aériennes canadiennes ne renonçaient pas aux frais de modification ou d’annulation de vol pour les passagers qui souhaitaient changer d’appareil.

Air Canada et WestJet n’ont pas répondu aux demandes de commentaires au sujet de ces frais.

«Nous continuons à surveiller la situation et, selon les informations actuelles et les recommandations des autorités réglementaires du gouvernement, de Transports Canada, de la FAA et du constructeur, nous continuerons à exploiter notre programme B737 habituel, et nos politiques actuelles en matière de réservation restent en place», a affirmé mardi Air Canada dans un message sur Twitter.

Au moins quatre des vols de la compagnie aérienne ont été touchés. Les vols 860, 861, 822 et 823 entre Halifax et l’aéroport Heathrow de Londres, ainsi qu’entre Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador, et Londres, ont été annulés entre le 12 et le 14 mars.

Gare aux conclusions hâtives

La société montréalaise fait partie du réseau Star Alliance, dont les compagnies aériennes sont dotées d’environ 75 avions Max 8. La plupart de ces transporteurs se trouvent dans des pays qui ont interrompu les vols de cet avion.

M. Kokonis indique que les compagnies aériennes peuvent soit recourir à d’autres avions de leur flotte, soit rechercher des contrats de location à court terme d’appareils de remplacement, soit rediriger leurs passagers vers des concurrents. « Cela signifie qu’il faut renoncer aux revenus de ces billets », a-t-il noté.

Larry Vance, consultant en aviation et ancien enquêteur du Bureau de la sécurité des transports du Canada, a toutefois lancé une mise en garde en ce qui a trait aux comparaisons entre la catastrophe de dimanche et celle du vol 610 de Lion Air, qui a plongé dans la mer de Java le 29 octobre.

Les principales similitudes semblent être le modèle d’avion et la façon dont l’avion a rapidement perdu de l’altitude après le décollage, pour brièvement récupérer avant de plonger au sol.

«Si j’avais un billet pour voler cet après-midi et que c’était dans cet avion, j’irais à l’aéroport, je m’enregistrerais normalement, j’embarquerais à bord de l’avion, je m’endormirais, je profiterais de mon vol et de la journée», a soutenu M. Vance. «La probabilité de mourir sur ce vol est aussi près de zéro que possible.»

Boeing a indiqué lundi soir que la FAA avait annoncé à l’avionneur américain qu’il devait installer des mises à jour logicielles relatives à la sécurité des 737 Max 8.