Ryanair espère transporter d'ici 2034 jusqu’à 300 millions de passagers par an. (Photo: 123RF)
New York — Boeing est «convaincu» de pouvoir livrer à temps les 300 appareils 737 MAX-10 commandés mardi par Ryanair malgré une chaîne d’approvisionnement encore convalescente et une certification toujours en suspens, un optimisme partagé par la compagnie irlandaise.
Dans un entretien conjoint avec l’AFP, les dirigeants des deux entreprises ont aussi affirmé que le prix négocié, un point de contentieux ces derniers mois, était «gagnant-gagnant».
L’accord, qui comprend 150 commandes fermes et 150 options, avec un calendrier de livraison étalé de 2027 à 2033, est évalué à 40 milliards de dollars au prix catalogue, mais Ryanair a, comme il est de coutume dans l’aviation, obtenu un rabais.
Quand Boeing a présenté sa feuille de route en novembre dernier, le groupe «a pris en compte les contraintes d’approvisionnement rencontrées dernièrement et nous avons anticipé qu’elles allaient s’améliorer au cours des deux années suivantes, en 2023 et 2024, et c’est ce qui se passe», a souligné Dave Calhoun, le patron de Boeing.
Le groupe a bien fait face à un nouveau problème en avril, avec la découverte de problèmes de qualité sur des pièces fournies par Spirit Aerosystems, qui perturbe ses livraisons jusqu’à l’été, mais «nous l’avons rapidement contenu», a assuré le dirigeant.
«Lorsque nous nous engageons à effectuer des livraisons à nos clients, ils connaissent le calendrier et nous sommes convaincus que nous pouvons nous y tenir», a-t-il ajouté.
Michael O’Leary a salué de son côté les «progrès faits par Boeing au cours des douze derniers mois».
«Frustrant»
«À cette période l’an dernier, il nous manquait environ 20 appareils pour le pic de la saison d’été, mais cette année, nous allons avoir les 51 appareils prévus, avec peut-être un ou deux mois de retard», a-t-il noté.
C’est «frustrant» d’entendre régulièrement aux informations que Boeing fait face à un nouveau problème de production. Mais le groupe, comme Airbus, «ont fait un travail formidable pour réparer une chaîne d’approvisionnement très fracturée après le Covid», a-t-il ajouté.
Quant à la certification de l’appareil, toujours en cours, «aucun problème technique n’est apparu que nous ne puissions résoudre», a affirmé Dave Calhoun. Tout est désormais une question de «papiers».
Les agences américaine et européenne de l’aviation «nous disent qu’il n’y a pas de problème avec le MAX-10», a souligné pour sa part M. O’Leary.
Les deux dirigeants ont, lors de la présentation de l’accord, plaisanté sur le prix de la commande, Michael O’Leary étant connu pour être particulièrement coriace dans les négociations.
La compagnie «a payé un peu plus cher par siège» que lors de précédentes commandes, a-t-il souligné. Mais avoir 30 sièges supplémentaires dans l’appareil et une réduction de 20% de la consommation de carburant représente une solution «gagnant-gagnant».
Même en accordant une grosse ristourne, Boeing fait encore un profit, a assuré de son côté M. Calhoun. «Nous ne prendrions pas la commande» autrement, a-t-il souligné
Ryanair ne pousse, par ailleurs, pas spécialement Boeing à lancer un programme pour un nouvel appareil, a souligné M.O’Leary. La compagnie, comme le reste du secteur, est désormais plutôt à la recherche «de moteurs plus efficients et émettant moins d’émissions», en particulier en Europe où les autorités mettent en place des taxes spécifiques, a-t-il dit.
Quant à la demande pour le trafic aérien, elle est «vigoureuse» en Europe, a avancé le patron de Ryanair en évoquant les résultats des compagnies IAG, Air France-KLM et Lufthansa.
«Les voyages ont repris de plus belle après deux ans de fermeture liée au Covid», a-t-il souligné. Et les compagnies peuvent augmenter les prix à un rythme «que nous n’avons plus vu depuis 10 ou 20 ans», a-t-il ajouté en prévoyant deux étés avec des hausses de prix à plus de 10%.
Ryanair espère profiter de cette dynamique et transporter en 2034 jusqu’à 300 millions de passagers par an, contre 168 millions actuellement, en offrant, notamment grâce aux nouveaux MAX-10, des prix plus bas et de meilleures conditions de vol. «Pour autant que nous puissions persuader les contrôleurs aériens (français) de cesser de faire grève fréquemment», a-t-il ajouté.