Rapporté par action et hors éléments exceptionnels — référence pour les marchés —, la perte nette ressort à 47 cents US, soit moins creusée que l'anticipation des analystes (perte de 78 cents US). (Photo: 123RF)
New York — Avant de songer à ses objectifs financiers, le constructeur aéronautique américain Boeing va faire une «pause» le temps d’améliorer la qualité de ses avions, après un incident début janvier sur un vol et une série de problèmes de production en 2023.
«Nous allons faire une pause aussi longtemps que nous aurons besoin de faire une pause», a affirmé mercredi Dave Calhoun, patron de Boeing, sur la chaîne CNBC.
Le dirigeant était interrogé sur les perspectives préexistantes du groupe à horizon 2025/2026 qui n’ont pas été confirmées, ni annulées, lors de la publication mercredi des résultats de l’entreprise en 2023.
«Personne n’a besoin de pression supplémentaire en ce moment», a-t-il précisé, indiquant que le groupe évoquerait ses objectifs «quand le moment sera opportun».
Boeing tablait notamment sur dix milliards de dollars par an de flux de trésorerie en 2025/2026, en s’appuyant sur une cadence de production supérieure.
Mais l’Agence américaine de régulation de l’aviation civile (FAA) vient de lui interdire toute expansion de la production de son avion-vedette, le 737.
Cette décision fait suite à l’incident du 5 janvier, lorsqu’une porte-bouchon de la carlingue d’un Boeing 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines s’est décrochée en vol.
Envol
Les 171 appareils ainsi configurés, sur les 218 Boeing 737 MAX 9 livrés à ce jour, ont été cloués au sol par la FAA. Le 24 janvier, celle-ci a publié un «vaste» programme de maintenance et d’inspections qui a permis un retour progressif de ces appareils.
Alaska Airlines a été la première, vendredi après-midi.
M. Calhoun a précisé lors d’une conférence avec des analystes que 129 avions avaient été remis en service à ce jour.
Cadence au ralenti
Boeing a subi une série de problèmes de qualité et sur sa chaîne d’approvisionnement en 2023, qui ont ralenti sa cadence de production.
Le groupe a néanmoins atteint ses objectifs de production à fin 2023: cinq 787 Dreamliner et 38 avions 737 par mois. Mais il vise une production mensuelle de cinquante avions de la famille des 737 à horizon 2025/2026, et de dix mensuels pour le 787.
La direction s’est montrée confiante, auprès des analystes, dans sa capacité à concrétiser son objectif concernant le 787.
M. Calhoun s’est aussi dit «en quelque sorte ravi» par le gel de la production du 737 «car c’est une bonne excuse pour prendre notre temps et bien faire».
Cette hausse de production partait du principe que le 737 MAX 7 et le 737 MAX 10 allaient bientôt recevoir les certifications tant attendues.
Face à l’incertitude, plusieurs compagnies aériennes les ont retirés la semaine dernière de leurs plans de vol pour 2024.
Stewart Glickman, analyste de CFRA Research, a relevé dans une note que les marchés semblaient privilégier l’hypothèse d’un «redressement plutôt rapide» des livraisons.
Résultats supérieurs
Dans un document déposé auprès du gendarme américain des marchés (SEC), Boeing s’est dit «incapable à ce stade de faire une estimation raisonnable des conséquences» financières de l’accident, des actions de la FAA et des retards de certification.
Le groupe a dévoilé mercredi des résultats supérieurs aux attentes au quatrième trimestre 2023, avec un chiffre d’affaires de 22,02 milliards de dollars et une perte nette de 23 millions de dollars.
Rapportée par action et hors éléments exceptionnels — référence pour les marchés —, la perte nette ressort à 47 cents, quand le consensus avait prévu une perte de 78 cents.
Sur l’année 2023, le chiffre d’affaires a atteint 77,79 milliards de dollars et la perte nette 2,24 milliards de dollars. Il s’agit de la cinquième année consécutive dans le rouge.
L’avionneur a livré, entre octobre et décembre, 157 avions commerciaux et reçu des commandes nettes pour 611 avions.
Il s’était résolu fin octobre à abaisser sa prévision de livraisons du 737 pour l’année, passant à une fourchette de 375 à 400 exemplaires, contre 400 à 450 escomptés auparavant. Au final, il en a livré 396.
À ce sujet, le groupe a confirmé la reprise des livraisons du 737 MAX à la Chine, suspendues depuis les accidents de 2018 et 2019, qui ont fait 346 morts. Le premier appareil a été remis au cours du week-end à China Southern Airlines.
Boeing entrepose actuellement 140 MAX fabriqués avant 2023, principalement pour la Chine et l’Inde, et espère en livrer la plupart cette année.
Par ailleurs, une plainte en nom collectif a été déposée mardi par l’État du Rhode Island devant un tribunal fédéral de Virginie contre Boeing et plusieurs dirigeants actuels et anciens.
Il leur est reproché de «graves carences de sécurité» et de «fausses déclarations ou omissions», qui ont fait «gonfler artificiellement» le cours de Boeing. Celui-ci a fondu jusqu’à près de 20% après le 5 janvier.
L’action Boeing a terminé en hausse de 5,28% mercredi à la Bourse de New York.
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