La commercialisation d’un nouvel avion s’étale sur plusieurs années et doit être planifiée à long terme. (Photo: La Presse Canadienne)
Bombardier (BBD.B) n’est pas pressée de lancer un nouveau programme pour développer un nouvel avion, dit son grand patron lors d’une mise à jour de son plan stratégique.
Le président et chef de la direction, Éric Martel, affirme «qu’il n’y a pas d’urgence» de lancer un nouveau programme d’ici 2025. «Il n’y a pas de pression, maintenant, de la part des clients ou des concurrents en faveur d’un nouveau programme, assure−t−il lors de la journée des investisseurs de l’entreprise, jeudi. Ça nous donne le temps de décider quelle serait la meilleure allocation du capital.»
Le fabricant de jets d’affaires n’a pas complètement mis de côté la recherche et développement, précise−t−il en conférence de presse en marge de la présentation. «J’ai des gens qui travaillent aujourd’hui, secrètement, sur de nouveaux produits potentiels et on va faire mûrir les technologies. On va voir quand le « timing » est bon.»
La commercialisation d’un nouvel avion s’étale sur plusieurs années et doit être planifiée à long terme. Dans les deux dernières années, Bombardier a plutôt opté pour des mises à jour de ses programmes existants. Cette approche a le mérite d’être plus rapide et moins coûteuse en capital qu’un nouveau programme.
M. Martel a donné en exemple la mise à jour en 2021 de la cabine du Challenger 350, qui porte le nom de Challenger 3500. «On en a vendu beaucoup. C’est un avion extrêmement populaire.»
L’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, approuve la stratégie de l’entreprise. «C’est une bonne décision, car ça nécessite moins de capital, c’est plus apprécié des créanciers et c’est moins risqué», commente−t−il dans une note.
Des prévisions rehaussées
Plus tôt jeudi, Bombardier a rehaussé les objectifs qu’elle s’était donnés pour 2025 tandis qu’elle prend de l’avance sur son plan stratégique, établi en 2021.
Elle espère maintenant générer près de 900 millions $ en flux de trésorerie en 2025, plus que les 500 millions $ initialement prévus.
Si les cibles sont atteintes, cette nouvelle marge de manœuvre permettrait à Bombardier d’accélérer le remboursement de sa dette. L’entreprise vise une fourchette d’entre 2 à 2,5 fois son bénéfice ajusté avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) pour 2025, «ce qui se rapprocherait des entreprises de première qualité».
L’entreprise estime qu’elle sera en mesure de générer des revenus de plus de 9 milliards $ en 2025 avec des marges avant intérêts, impôts et amortissement d’environ 18 %. L’objectif initial pointait vers des revenus de 7,5 milliards $ et des marges d’environ 20 %.
Rappelons que Bombardier s’est trouvée dans une posture financière difficile à la fin des années 2010 en raison des dépassements de coûts de la CSeries, vendue à Airbus (A220).
La pandémie aura donné un élan à l’industrie des jets d’affaires tandis que de nombreuses entreprises et voyageurs fortunés ont délaissé l’aviation commerciale pour les jets d’affaires.
Incertitude économique
Malgré l’horizon économique incertain, M. Martel estime que la société peut bonifier ses cibles, même s’il reconnaît que les clients semblent un peu hésitants. «Les commandes sont un peu plus basses, mais nous sommes toujours confiants d’avoir autant de commandes que de livraisons.»
Le dirigeant n’a pas voulu entrer dans les détails avant le dévoilement des résultats du premier trimestre, prévu le 27 avril prochain.
L’analyste Tim James, de Valeurs mobilières TD, souligne que la direction de Bombardier a l’habitude d’offrir des prévisions prudentes. «Avec cela en tête, nous sommes encouragés par le rehaussement des cibles 2025. Ça donne une idée du degré de confiance de la direction quand on tient compte du contexte économique actuel.»
Défense: une cible d’un milliard
Au−delà de 2025, la direction veut atteindre des revenus d’au moins 1 milliard $ dans le segment de la défense durant la seconde moitié de la décennie, soit entre 2026 et 2030.
Dans les derniers mois, M. Martel a réitéré à plus d’une reprise son intérêt pour un important contrat militaire, le remplacement des CP−140 Aurora de la Défense canadienne. Le PDG avait partagé ses craintes de voir Ottawa confier le contrat à Boeing sans appel d’offres.
Il affirme avoir rencontré des représentants du gouvernement, depuis, et que les conversations qu’il a eues le rassurent et lui laissent croire qu’il y aura un appel d’offres. «Nous ne voulons pas de faveur. Nous voulons une concurrence juste.»
L’action de Bombardier bondit de 4 $, ou 6,47 %, à 65,82 $ à la Bourse de Toronto, en début d’avant−midi.