BRP a dévoilé le 19 août ses motos électriques Pulse et Origin. (Photo: courtoisie)
Après plus de 30 ans d’absence, l’entreprise québécoise BRP marque son retour dans l’industrie de la moto avec le lancement de deux engins entièrement électriques sous sa marque Can-Am. Elle convoite un marché évalué à plusieurs milliards de dollars.
Le fabricant de Valcourt a dévoilé cette semaine ses nouvelles motos à l’occasion d’un événement réunissant environ 2000 de ses concessionnaires, à Anaheim, en Californie.
La société a présenté la Can-Am Pulse décrite comme étant conçue pour la ville. Son second modèle, la Can-Am Origin, a été élaboré pour les randonnées et s’inspire, selon l’entreprise, de «l’héritage de Can-Am dans l’industrie du motocross avec sa capacité tout-terrain».
«Le but de nos motos n’est pas de remplacer toutes les motos à combustion dans le marché», a indiqué le patron de BRP, José Boisjoli, en entrevue avec La Presse Canadienne depuis les États-Unis.
«On continue à prendre de l’expansion. Pour nous, on rentre dans un marché de 15 milliards de dollars (G$) de ventes seulement en Amérique du Nord et en Europe. On n’a pas l’intention d’aller chercher 50% du marché (du moins, pas pour le moment). Mais on est convaincu qu’on peut faire notre place», a expliqué le président et chef de la direction.
La société prévoit vendre ses motos électriques chez environ 300 concessionnaires pour la première année et ensuite chez 450 durant la deuxième année.
En Europe, la France sera un pays clé à cause des restrictions entourant les véhicules les plus polluants, a mentionné José Boisjoli. L’entreprise a d’ailleurs signé une entente pour l’installation d’un premier magasin au cœur du centre-ville de Paris.
Au moment d’annoncer son retour dans l’industrie des motos, il y a deux ans, BRP prévoyait engendrer des revenus d’environ 500 millions de dollars (M$) avant la fin de 2030.
Cet objectif pourrait être repoussé dans le temps en raison de certains facteurs: la hausse rapide des prix des composantes au cours des dernières années et une diminution des subventions pour les véhicules électriques, évoque José Boisjoli.
«Tout ça change un peu la dynamique», a-t-il affirmé.
Miser sur un même système
La production de motos chez BRP a été arrêtée en 1987. La possibilité de réintégrer ce créneau avec des modèles à combustion a été évaluée à plusieurs reprises. Cependant, il était difficile de justifier un tel investissement en raison de la forte concurrence dans le secteur, dit José Boisjoli.
La montée de l’électrification des transports est venue changer la donne. Aux yeux de l’entreprise, elle est perçue comme une opportunité et une transition sur le plan technologique, soutient le dirigeant.
En fait, l’entreprise a décidé de tirer profit du même système qu’elle a développé au cours des dernières années et qui a servi pour ses premières motoneiges électriques lancées l’an dernier.
Cette technologie, qui comprend une batterie durable de 8,9 kWh, sera aussi réutilisée dans d’autres catégories de produits.
Depuis 2021, le constructeur de motoneiges Ski-Doo et de motomarines Sea-Doo s’est engagé dans un plan visant à offrir des versions électriques de ses véhicules récréatifs dans chacune de ses gammes de produits d’ici la fin de 2026.
En raison du contexte actuel du marché, l’entreprise a décidé de revoir son échéancier pour le développement de systèmes de différentes puissances.
«Je pense que le prix des composantes va se stabiliser et on va s’ajuster selon la demande du marché, a indiqué José Boisjoli. On veut le plus vite possible implanter le système existant dans le plus de produits possible. Ce qu’on a repoussé un peu, c’est le développement d’un système de batterie plus petit et un plus gros.»
BRP présentera les résultats financiers de son deuxième trimestre le 6 septembre.
Par Frédéric Lacroix-Couture