Alstom a dévoilé les grandes lignes des changements à venir pour Bombardier Transport. Des changements drastiques...
Ça y est, Alstom a mis la main sur Bombardier Transport, avec l’aval de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Le géant français devient ainsi le numéro 2 mondial de l’industrie ferroviaire, avec un carnet de commandes de 75 G€ (107,5 G$) et un chiffre d’affaires de 15,5 G€ (22,2 G$). Et ce, pour un montant de transaction qui s’élève entre 5,8 G€ et 6,2 G€ (8,31 à 8,88 G$).
Que signifie tout cela pour Bombardier Transport? Alstom a dévoilé les grandes lignes des changements qui s’annoncent au sein de l’entreprise acquise. Et ceux-ci s’annoncent drastiques…
C’est qu’Alstom s’est donné une mission claire et nette : mener à bien «une opération créatrice de valeur». Cette dernière se fera «en rétablissant le potentiel opérationnel et la rentabilité de Bombardier Transport». Ainsi qu’«en restaurant la marge et en améliorant la qualité d’exécution».
Bref, il s’agira d’une rationalisation menée au pas de charge, dont voici les trois grandes lignes :
1. Redressement opérationnel. Un redressement opérationnel sera effectué afin que le carnet de commandes de Bombardier Transport soit rapidement exécuté. Comment cela sera-t-il possible? Grâce à l’implantation du savoir-faire d’Alstom : «Nous nous appuyerons sur le déploiement systématique des bonnes pratiques développées chez nous», indique la haute-direction d’Alstom.
2. Plan d’actions mondial. Un plan d’actions pour implanter ce savoir-faire va être établi afin que «les procédés et technologies d’Alstom soient déployés à l’échelle mondiale»; et donc, dans toutes les installations de Bombardier Transport.
3. Discipline financière. Une «discipline financière» va être instaurée. Son objectif : «le redressement des marges». À cela s’ajoute des gains financiers résultant d’opérations de synergies : «Nous prévoyons générer 400 M€ (574 M$) de synergies de coûts par an à partir de l’année 4 ou 5», indique toujours la haute-direction d’Alstom.
Autrement dit, les employés de Bombardier Transport vont devoir apprendre à travailler «à la française», à tout le moins à la façon dont Alstom travaille. Et le boulon va être particulièrement serré en matière de finance. De surcroît, nombre de doublons vont être supprimés, ce qui signifie que des coupes vont bientôt avoir lieu.
À noter que ce plan de match a de toute évidence le feu vert de la Caisse : «Alstom est reconnu pour ses capacités de gestion et d’exécution de projets», indique en effet Charles Émond, président et chef de la direction de la Caisse, en guise d’explication de son aval pour la transaction.
Résultat? Il devrait être palpable pour les actionnaires d’Alstom seulement deux ans après l’acquisition de Bombardier Tranport : «Grâce à l’efficacité accrue ainsi qu’au renforcement du profil opérationnel, cela devrait conduire à une appréciation à deux chiffres du Bénéfice Net par Action (BNPA) pour les actionnaires d’Alstom, deux années après l’acquisition effective», avance la haute-direction d’Alstom.
Un tout nouveau centre d’excellence à Montréal
Ce n’est pas tout. Alstom entend, par la même occasion, revoir de fond en comble sa présence en Amérique du Nord.
«Cette acquisition renforcera notre présence internationale. Bombardier Transport apportera à Alstom une complémentarité géographique et industrielle sur des marchés en croissance, ainsi que des plateformes technologiques additionnelles», dit à ce sujet Henri Poupart-Lafarge, président du conseil d’administration et directeur général, d’Alstom.
Autrement dit, l’intérêt est double, aux yeux d’Alstom : d’une part, géographique, d’autre part, technologique. Auquel s’ajoute un autre, bien entendu : financier, avec l’arrivée de la Caisse dans son capital.
> Intérêt technologique
Grâce à cette transaction, Alstom va bénéficier de «technologies additionnelles de pointe» et de «ressources complémentaires» en R&D. Ce qui signifie que le géant français va tirer parti de l’intelligence technologique développée par Bombardier.
Ainsi, Alstom entend installer dans le Grand Montréal «un centre d’excellence» pour la conception, l’ingénierie et la R&D du transport ferroviaire. À noter que l’accent sera mis, pour ce centre, sur «le développement de solutions de mobilité durable».
> Intérêt géographique
Montréal deviendra «le siège des opérations d’Alstom pour les Amériques». Ce sera depuis la métropole québécoise que seront menés «l’ensemble des activités du groupe ainsi que son expansion [sur le continent américain]».
«Nous sommes profondément engagés à poursuivre l’accélération du redressement des activités de Bombardier Transport et à créer de la valeur pour toutes les parties prenantes, en particulier pour nos clients. Pour ce faire, nous continuerons à développer la présence historique de Bombardier Transport au Québec, en nous appuyant sur ses forces en matière d’innovation et de mobilité durable», dit M. Poupart-Lafarge.
Par ailleurs, l’acquisition de Bombardier Transport va permettre à Alstom de mieux pénétrer certains marchés clés, notamment «ceux de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Amérique du Nord et de la Chine». Et d’accéder à des pays attractifs sur le plan des coûts de fabrication, comme «l’Europe de l’Est, le Mexique et la Chine».
> Intérêt financier
La Caisse entre dans le capital du géant français, à hauteur de 18%. Ce qui en fait le premier actionnaire d’Alstom. À noter qu’elle s’est notamment engagée à réinvestir environ 2 G€ (2,9 G$) dans Alstom, correspondant à 100% du produit net de cession de sa participation dans Bombardier Transport, et à réaliser un investissement additionnel à hauteur de 0,7 G€ (1 G$). «Ce qui souligne sa forte conviction de la justesse stratégique de la transaction et dans le potentiel de création de valeur liée à l’acquisition», souligne la haute-direction d’Alstom.