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La firme suisse H55 construira des batteries à Longueuil

La Presse Canadienne|Publié le 11 octobre 2023

La firme suisse H55 construira des batteries à Longueuil

À terme, H55 croit être en mesure de produire un demi−million de modules de batteries par année et vise l’ensemble du marché nord−américain. (Photo: La Presse Canadienne)

Longueuil — La possibilité de prendre un avion électrique est désormais à portée de main.

La firme suisse H55 a annoncé mercredi à l’aéroport Saint-Hubert de Longueuil un investissement de 100 millions de dollars (M$) afin d’y construire une usine de production de batteries destinées au secteur aéronautique.

Déjà, l’entreprise s’attend à fournir dès 2024 ses premiers modules de batteries au motoriste Pratt & Whitney pour la fabrication d’appareils prototypes Dash-8 hybrides et prévoit livrer en 2025 des modules de batteries à CAE pour des avions Piper Archer destinés à la formation des pilotes.

Le président et cofondateur de H55, André Borschberg, ne tarit pas d’enthousiasme envers l’avenir de la motorisation électrique aéronautique. «Le programme est ambitieux: c’est de transformer l’entier de la flotte d’avions qui volent à travers le monde de manière propre. Ça va se faire par étapes. Ça va commencer par la petite aviation et on aura besoin des 26 ou 27 années qui nous restent jusqu’à 2050 pour atteindre cet objectif.»

 

Tour du monde solaire/électrique

André Borschberg n’est pas un nouveau venu dans le domaine. Il a été un des deux pilotes du Solar Impulse, premier avion électrique alimenté à l’énergie solaire à faire le tour du monde, un périple de 43 000 kilomètres réalisé en 150 jours entre mars 2015 et juillet 2016.

«J’ai fait la traversée du Pacifique en 2015. C’était cinq jours, cinq nuits, non-stop, avec un avion solaire, mais avant tout un avion électrique, quatre moteurs électriques et je peux vous dire que de voler pour cette durée-là, ça donne une confiance extraordinaire face à ces technologies. Nous sommes devenus certains que la propulsion électrique allait transformer le monde de l’aviation.»

 

Vols hybrides commerciaux d’ici 2030?

«Maintenant vient la commercialisation. On n’est pas loin», a-t-il avancé avec confiance. Les projets de H55 à Longueuil visent justement à commencer par la petite aviation, avec les avions Piper, qui ont une autonomie de vol d’une heure et demie qui convient parfaitement aux écoles de pilotage. «Pour les avions de transport régional on peut penser à partir de 2030 pour avoir un avion qui intègre une technologie électrique qui pourrait être hybride au départ comme veut le démontrer le projet Pratt & Whitney», ajoute-t-il.

H55 prévoit construire un bâtiment de 13 000 pieds carrés pour la première phase de son usine de Longueuil, mais entend rapidement tripler et même quadrupler cette superficie. Outre la fabrication, l’entreprise prévoit également mener des activités de recherche et de développement à ses installations.

«Si tout va bien, on va livrer des batteries à Pratt & Whitney dans moins d’un an. Les machines sont commandées, les équipes ont commencé à être mises sur pied», a précisé le directeur général de H55, Martin Larose, qui s’attend à environ 200 embauches d’ici cinq ans.

À terme, H55 croit être en mesure de produire un demi-million de modules de batteries par année et vise l’ensemble du marché nord-américain.

 

Aide: Québec se fait attendre

Ottawa viendra soutenir le projet avec un prêt de 10M$. Le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, affichait beaucoup d’enthousiasme face au projet, mais aussi ses auteurs. «On est avec la gang qui a construit l’avion Solar Impulse. C’est fascinant. On l’a vu voler. On se demande comment ils font. Ça me faisait penser à Jules Verne, Le tour du monde en 80 jours. Il l’a fait un peu (moins) vite que ça, mais sans combustible!»

Québec n’a pas annoncé de contribution à date, mais André Borschbergn’a pas caché qu’il en espère une, parlant de ses discussions avec le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, et répétant que «le soutien de l’État est important». Présent à l’annonce, M. Fitzgibbon ne l’a pas déçu: «On va arriver en aval, clairement, pour aider, pour l’usine. On va être au rendez-vous. La structure n’est pas encore déterminée, mais on va définitivement être au rendez-vous», a-t-il dit.

Également sur place, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, s’est aussi réjouie, non seulement pour l’investissement, mais aussi et surtout face à la perspective de voir les nombreuses écoles de pilotage de l’aéroport Saint-Hubert être placées en sourdine. «C’est une bonne nouvelle pour l’environnement, oui, mais c’est également une bonne nouvelle pour les populations locales parce qu’on sait que l’aviation verte, c’est également un moyen de réduire le bruit, donc les nuisances sonores qui sont générées par l’industrie aérienne.»

 

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne