Des travailleurs s'affèrent sur une ligne de production automobile. (Photo: 123RF)
Paris — L’industrie automobile est une nouvelle fois ralentie à cause de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, obligeant certaines usines à prolonger contre leur gré les congés d’été.
Le géant japonais Toyota (TM) a prévenu jeudi qu’il réduirait en septembre sa production mondiale de 40% par rapport aux prévisions.
Dans son usine française d’Onnaing, la reprise de la production a été retardée du 23 août au 6 septembre.
«Certains producteurs de semi-conducteurs basés en Asie sont confrontés à la crise sanitaire, contraints de stopper leur production […] et mettent en difficulté nos fournisseurs européens, qui ont besoin de ces fameux composants pour nous ravitailler. Aujourd’hui malheureusement, les quantités sont insuffisantes pour nous permettre de produire normalement», a expliqué à l’AFP un porte-parole du site.
L’usine d’Onnaing, qui produit la Yaris, compte «5 000 collaborateurs, dont 90% affectés à des activités de production. Environ 4 500 personnes seront donc placées sous le régime de l’activité partielle», avec «84% du salaire net» maintenus, a-t-il détaillé.
Stellantis (STLA), un groupe issu de la fusion de PSA et Fiat Chrysler, a parallèlement annoncé l’arrêt de la production de son usine de Rennes à partir de vendredi soir, pour une semaine.
La direction évoque un problème d’approvisionnement venant d’une usine de Malaisie, fermée à cause de l’épidémie de COVID-19.
Elle n’est pas en mesure de confirmer que la production puisse reprendre à l’issue de la semaine d’arrêt, indiquant avoir «pris rendez-vous» avec les salariés le 27 août «pour la reprise ou pas (de l’activité) la semaine d’après».
Dans l’immédiat, les salariés vont être placés en activité partielle.
L’usine PSA La Janais, qui emploie quelque 2 000 personnes, produit habituellement 400 véhicules par jour, des Citroën C5 Aircross et Peugeot 5008.
Crise jusqu’en 2022
Dans un communiqué, la CFDT a estimé que cet arrêt était «un coup dur pour les salariés après les congés, qui espéraient tout de même que les stocks de semi-conducteurs chez les fournisseurs permettraient de passer le mois de septembre sans être trop impacté par des séances chômées».
Le syndicat note que la communication en juillet du PDG de Stellantis, Carlos Tavares, «qui laissait entendre que la crise des semi-conducteurs, malgré le manque de visibilité allait se prolonger en 2022 est malheureusement en train de se confirmer».
La production de La Janais a déjà été stoppée à plusieurs reprises depuis le début 2021 à cause de la crise des semi-conducteurs, en mars, en avril et à nouveau entre fin mai et début juin.
Stellantis a également annoncé l’arrêt de la ligne 2 de l’usine de Sochaux, qui produit les 3008, pendant deux jours et demi.
Est également mise en cause la fermeture de cette même usine malaisienne, qui fournit des pièces pour le calculateur central des voitures.
Renault n’a pas fait état de vacances forcées, une porte-parole rappelant à l’AFP que «la poursuite des effets négatifs de la crise des composants […] pourrait conduire à une perte de production de l’ordre de 200 000 unités sur l’année».
En Allemagne, le géant automobile Volkswagen va à nouveau réduire sa production pour les mêmes raisons.
La plus grande usine du groupe, le site historique à Wolfsburg, «ne peut reprendre que de manière limitée après les congés annuels et doit à nouveau adapter son fonctionnement à la situation d’approvisionnement» en puces qui «restera volatile et tendue au troisième trimestre» selon un porte-parole.
La semaine du 23 août, seule l’équipe du matin y produira des véhicules tandis que les autres seront au chômage partiel.
Chez la très rentable filiale Audi, la reprise de production sera décalée d’une semaine dans deux usines allemandes.
De nouvelles hausses des contaminations de COVID-19, «notamment en Malaisie», entraînent «de nouvelles fermetures d’usines chez d’importants producteurs», a expliqué le porte-parole à l’AFP.