Le président et chef de la direction d’Air Canada, Michael Rousseau, ajoute que sur l’ensemble de l’exercice 2023, la compagnie a enregistré des produits d’exploitation records de 21,8 G$, en hausse de 32% par rapport à ceux de 2022. (Photo: La Presse Canadienne)
Air Canada a relevé ses prévisions de rentabilité pour 2024 grâce à la forte demande, mais l’augmentation de ses coûts au moment où elle négocie avec ses pilotes a refroidi les investisseurs.
«Notez qu’une entente avec les pilotes va entraîner une augmentation des salaires et des coûts reliés, prévient le chef des affaires financières, John Di Bert, lors d’une conférence téléphonique, vendredi, avec les analystes financiers. Nous l’avons intégrée à nos prévisions avec nos meilleures estimations.»
John Di Bert a toutefois décliné la demande d’un analyste d’isoler des autres facteurs les prévisions liées à la signature de la prochaine convention collective.
Air Canada et ses pilotes sont actuellement en médiation. Les pilotes réclament un rattrapage salarial pour obtenir une rémunération équivalente aux pilotes des grandes compagnies américaines, qui ont vu leurs conditions s’améliorer dans la foulée d’une flambée de l’inflation, d’une rareté de pilotes et d’une forte demande.
La présence d’un médiateur permet des négociations «constructives», estime le président et chef de la direction, Michael Rousseau. «Ça nous donne une stabilité pour les prochains mois tandis que nous tentons de trouver une entente qui bénéficiera à toutes les parties prenantes.»
La veille, un représentant du syndicat avait donné un son de cloche similaire à Reuters, affirmant que le travail du médiateur permettait de faire avancer les discussions.
Des résultats décevants
Les résultats et les prévisions d’Air Canada ont déçu les investisseurs tandis que la société montréalaise a dévoilé une perte plus importante que prévu au quatrième trimestre clos le 31 décembre et que ses prévisions sont inférieures aux attentes des analystes.
Air Canada a dévoilé une perte ajustée diluée par action de 12 cents au quatrième trimestre, comparativement à une perte de 61 cents à la même période l’an dernier.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte par action de 4 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.
«Ça risque de décevoir les investisseurs tandis que les transporteurs américains affichent de meilleurs résultats, note l’analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux. C’est principalement attribuable aux marges tandis que l’inflation a plombé les résultats.»
Air Canada a aussi indiqué qu’elle s’attendait à ce que ses charges d’exploitation par sièges-milles offerts augmentent d’entre 2,5% et 4,5% en 2024.
Pour sa part, l’analyste Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, juge que l’augmentation des coûts est un enjeu pour toute l’industrie. «Nous ne croyons pas qu’Air Canada est la seule à anticiper une augmentation des coûts en 2024.»
John Di Bert a mentionné que le transporteur devrait être en mesure d’augmenter sa productivité au cours des deux à trois prochaines années afin de compenser pour l’inflation. «Ça va se manifester sur plusieurs aspects. Ça inclut nos nouveaux collègues qui deviendront plus expérimentés, le renouvellement de notre flotte et l’avancement de nos améliorations technologiques.»
Malgré les vents contraires, Air Canada a bonifié sa prévision du bénéfice ajusté avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) pour l’année 2024. La direction pense qu’il se situera dans une fourchette d’entre 3,7 milliards de dollars et 4,2 milliards. Le bas et le haut de la fourchette sont ainsi relevés de 200 millions de dollars.
Walter Spracklin est toutefois sceptique quant aux hypothèses de la direction. «Cette prévision tient compte d’une capacité moins grande que prévu et de coûts plus élevés. Ça veut dire qu’elle s’appuie sur des prix élevés des billets, ce que nous considérons comme risqué.»
L’analyste de RBC Marchés des capitaux souligne que l’entreprise a retiré ses prévisions de flux de trésorerie. «Ça laisse entendre que les dépenses d’investissements seront plus élevées.»
Au quatrième trimestre, Air Canada a dévoilé un bénéfice net de 184 millions de dollars, contre 168 millions à la même période l’an dernier. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 11% à 5,18 milliards de dollars.
L’action d’Air Canada recule de 1,27 $, ou 6,59 %, à 17,99 $ à la Bourse de Toronto en avant-midi.