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Le nouveau patron de Boeing promet humilité et transparence

AFP|Publié le 13 janvier 2020

Le dirigeant prend ses fonctions après une semaine mouvementée pour Boeing.

David Calhoun a officiellement pris lundi ses fonctions de directeur général de Boeing et promis une nouvelle ère d’humilité et de transparence chez l’avionneur, qui traverse la plus grave crise de ses 103 ans d’histoire à cause des déboires du 737 MAX.

« C’est une période cruciale pour Boeing », écrit M. Calhoun, 62 ans, aux 150000 employés du groupe, dans un courriel où reviennent les mots « transparence » et « responsabilité ».

« Ensemble, nous allons renforcer notre approche de la sécurité (des avions), améliorer la transparence et reconstruire la confiance avec nos clients, nos régulateurs, nos sous-traitants et les voyageurs », déclare cet ancien cadre dirigeant de General Electric (GE) et de la société d’investissements Blackstone.

« J’ai confiance en l’avenir de Boeing, y compris dans le 737 MAX », souligne-t-il.

Selon son entourage, « il veut s’assurer que nous ayons une culture (d’entreprise) adéquate », a déclaré une source. « Ce qui signifie être plus humble et transparent », a-t-elle ajouté, alors que l’avionneur travaille à obtenir une remise en service du 737 MAX, cloué au sol depuis dix mois après deux accidents rapprochés ayant fait 346 morts.

« Rendre des comptes »

« Nous allons être très transparents les uns envers les autres et avec nos actionnaires. Nous allons nous engager à rendre des comptes en matière de sécurité et de qualité » des avions, a encore promis M. Calhoun. 

Le dirigeant prend ses fonctions après une semaine mouvementée pour Boeing, marquée par la divulgation de messages embarrassants d’employés dans lesquels ils moquent les régulateurs, les compagnies aériennes et s’interrogent sur les compétences de leurs collègues ingénieurs.

« Ceci est une plaisanterie », écrivait un employé en septembre 2016, en référence au 737 MAX. « Cet avion est ridicule ».

« Design nul », fustigeait un autre en avril 2017.

M. Calhoun va passer sa première semaine à Chicago, le siège social du groupe, et se rendra la semaine prochaine dans l’État de Washington (ouest), où se trouvent les principales usines du constructeur.

Il visitera l’usine de Renton, près de Seattle, qui fabrique le 737 MAX, et celle d’Everett, productrice du 777/777X, du 767, du 747 et du 787.

Les déboires du 737 MAX ont déjà coûté 9,2 milliards de dollars à Boeing et la facture devrait encore augmenter lors de la publication des résultats du quatrième trimestre le 29 janvier.

Le constructeur aéronautique a suspendu les livraisons et la production, mais n’a ni licencié des employés ni pris des mesures de chômage technique.

Il discute de potentielles indemnisations avec les compagnies aériennes, qui ont dû annuler des milliers de vols, et fait face aux plaintes des familles de victimes, aux enquêtes des autorités américaines ainsi qu’à la fragilisation de ses sous-traitants.

Feuille de route

Spirit AeroSystems, qui fournit les fuselages du 737 MAX et d’autres pièces, a licencié vendredi 16 % de ses effectifs, soit 2.800 personnes, et prévoit de nouvelles coupes.

« La remise en service du 737 MAX en toute sécurité doit être notre objectif principal », a martelé M. Calhoun, qui veut également simplifier le processus de prise de décision.

Boeing travaille actuellement sur le correctif au système anti-décrochage MCAS, mis en cause dans les deux accidents, l’un de Lion Air le 29 octobre 2018 (189 morts) et l’autre d’Ethiopian Airlines le 10 mars 2019 (157 morts).

Le géant de Seattle a fait un premier pas dans la bonne direction, en recommandant la semaine dernière une formation des pilotes sur simulateur après y avoir résisté pendant des années. Les régulateurs européen et canadien en faisaient une condition sine qua non pour leur feu vert.

« Nous travaillerons avec les régulateurs pour s’assurer qu’ils soient complètement satisfaits de l’avion et afin d’aider nos clients à respecter leurs engagements » vis-à-vis de leurs propres clients, insiste David Calhoun.

C’est une critique de son prédécesseur, Dennis Muilenburg, qui avait promis un retour dans le ciel du MAX en « quelques semaines » malgré les mises en garde de l’agence fédérale de l’aviation (FAA).

L’optimisme de M. Muilenburg avait conduit American Airlines, Southwest et United Airlines à supprimer le MAX de leurs programmes de vol seulement pendant une courte période.

Mais face à la persistance des incertitudes, les trois compagnies ont finalement annulé des vols, jusqu’en juin pour United.