Dans sa «Stratégie québécoise de l’aérospatiale — Horizon 2026», le gouvernement québécois a prévu un cadre financier de 334 millions $ pour ce secteur, incluant plus de 70 millions $ pour la recherche et l’innovation. (Photo: La Presse Canadienne)
La capacité du Québec à concevoir «l’aérospatiale de demain» devrait permettre à ce secteur névralgique de l’économie de la province d’être attirante aux yeux des travailleurs spécialisés de partout dans le monde, estime le ministre Pierre Fitzgibbon, de sorte qu’il n’est pas nécessaire pour l’instant de mettre en place des incitatifs financiers pour contrer la pénurie de main−d’œuvre.
M. Fitzgibbon passera la prochaine semaine en France à l’occasion du Salon de l’aéronautique du Bourget, qui s’ouvrira lundi sous fond d’un besoin criant de professionnels du domaine pour les entreprises québécoises.
Montréal International sera d’ailleurs sur place pour aider 12 entreprises, dont Bombardier, Airbus et Groupe Meloche, à présenter près de 200 offres d’emplois lors de ce rendez−vous qui est un incontournable pour les acteurs de l’industrie aérospatiale mondiale.
Le Québec, croit le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, sera en mesure de tirer son épingle du jeu à ce chapitre.
«Clairement, on veut aider à concevoir l’aérospatiale de demain à travers l’innovation, puis je pense qu’on se démarque quand même de ce côté−là. Qu’on parle de la carboneutralité, qui va affecter l’industrie éventuellement, ça passe par le carburant durable, ça passe par les moteurs hybrides, alors on est très reconnus là−dedans», a souligné M. Fitzgibbon depuis Paris dimanche lors d’un point de presse.
«On veut aussi nous diversifier, ce qu’on réussit à faire. Le côté espace commence à se développer au Québec, avec quelques compagnies qui ont déjà fait des annonces puis d’autres s’en viennent.»
Le secteur aérospatial représente actuellement 37 200 emplois au Québec — un chiffre qui est inférieur au sommet historique de 40 000 postes occupés dans la province il y a quelques années, mais qui est de retour au nombre d’emplois de la période pré−pandémique.
En entrevue avec La Presse Canadienne, la présidente et directrice générale d’Aéro Montréal, Mélanie Lussier, soulignait toutefois récemment qu’il y aurait 38 000 postes à pourvoir d’ici 10 ans en tenant compte des remplacements et de la croissance.
Notant que la pénurie de main−d’œuvre «n’est pas un enjeu québécois seulement», le ministre Fitzgibbon a réitéré que l’industrie aérospatiale québécoise jouit d’une forte réputation à l’international.
«On commence à voir un momentum, puis à cause des nouvelles technologies, je pense qu’on est capable d’attirer le talent», a-t-il mentionné, citant notamment le travail sur l’intelligence artificielle.
Pas besoin d’incitatifs financiers
Dans sa «Stratégie québécoise de l’aérospatiale — Horizon 2026», le gouvernement québécois a prévu un cadre financier de 334 millions $ pour ce secteur, incluant plus de 70 millions $ pour la recherche et l’innovation.
M. Fitzgibbon a expliqué que toutes ces sommes investies en innovation vont rendre l’industrie québécoise plus moderne et avant−gardiste, ce qui fera de facto en sorte que des travailleurs de partout dans le monde vont décider de venir travailler dans la province.
«Il y a beaucoup d’industries et d’entreprises du Québec qui se plaignent de la pénurie de main−d’œuvre, mais règle générale, l’industrie (aérospatiale) ne s’en plaint pas, dans le sens qu’ils sont capables d’attirer du talent», a souligné le ministre.
Ainsi, il n’est pas dans les plans «pour l’instant» de mettre en place des incitatifs financiers pour convaincre des travailleurs de choisir le Québec, mais le ministre demeurera à l’écoute des besoins des entreprises si la situation venait à changer.
«On n’est pas là pour l’instant. Si jamais on était pour voir qu’on avait de la misère à recruter, peut−être qu’on irait là. À date, je dirais qu’on n’a pas eu à le faire. […] Mais c’est clair pour moi que si on me disait qu’on manque d’ingénieurs et qu’on n’est pas capable de recruter, il faudrait peut−être faire quelque chose», a-t-il affirmé.
Rendez−vous important
Le Salon de l’aéronautique du Bourget en sera à sa première présentation depuis 2019 — il se tient toutes les années impaires, mais avait été annulé en 2021 en raison de la COVID−19.
Cette année, la délégation québécoise qui y participera regroupera plus de 150 participants venant d’une cinquantaine d’entreprises et d’établissements d’enseignement.
En plus des enjeux de main−d’œuvre, M. Fitzgibbon compte promouvoir «pourquoi le Québec devrait être un lieu d’investissement» important auprès des grandes entreprises mondiales, en plus de mettre en avant la force de la «longue» chaîne d’approvisionnement de la province.
«On ne tient rien pour acquis, parce que les choses évoluent», a-t-il dit.
Le ministre a promis d’y faire trois annonces «intéressantes» mardi, tandis que lundi, c’est le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François−Philippe Champagne, qui fera une «importante annonce concernant l’aviation durable».