Le transport en commun travaille à rebondir après la pandémie
La Presse Canadienne|Publié le 16 Décembre 2020« Les réseaux de transport en commun ont été parmi les secteurs de l’économie les plus touchés par la pandémie ».
La pandémie de COVID-19 a entraîné une chute importante de la fréquentation des transports en commun à travers le Canada, mais de nombreuses villes ont décidé de maintenir les niveaux de service cette année, tandis que d’autres ont même choisi de développer leur réseau.
Peu de temps après que la crise sanitaire mondiale a atteint le Canada, les taux d’utilisation des transports en commun à travers le pays ont chuté d’environ 85 %, selon Matti Siemiatycki, professeur au département de géographie et de planification de l’Université de Toronto.
Cet expert en matière de politiques de transport a souligné que les agences de transport en commun au Canada craignaient de devoir réduire considérablement leurs services. « Les réseaux de transport en commun ont été parmi les secteurs de l’économie les plus touchés par la pandémie », a-t-il remarqué lors d’une récente entrevue.
Au lieu de cela, le financement des gouvernements provincial et fédéral a sauvé les systèmes de transport en commun du pays qui étaient sur le bord de l’effondrement, a-t-il déclaré.
Aux États-Unis, cependant, les systèmes de transport en commun sont confrontés à la « redoutable spirale de la mort des transports en commun », a indiqué M. Siemiatycki. Les compressions conduisent à de nouvelles baisses de l’achalandage, ce qui entraîne de nouvelles coupes et baisses.
Washington et Boston ont annoncé d’importantes réductions de service. À New York, l’autorité de transport locale a déclaré à la mi-novembre qu’elle pourrait être forcée de réduire de 40 % le service d’autobus et de métro et de licencier plus de 9000 travailleurs.
En revanche, Toronto et Montréal étendent leurs réseaux de transport en commun. Luc Tremblay, directeur général de la Société de transport de Montréal (STM), a affirmé en entrevue que Montréal avait choisi de maintenir les niveaux de service de 2020 aux niveaux de 2019 et ce, malgré le fait que l’achalandage représente environ 65 % de ce qu’il était avant la COVID-19.
La métropole a fait ce choix pour que le service soit disponible lorsque les utilisateurs décideront de revenir. « C’est la clé, a-t-il soutenu. Construisez−le, et ils viendront. »
Mardi, quelques heures avant que le gouvernement du Québec n’impose de nouvelles restrictions pour limiter la propagation du virus, il annonçait une expansion majeure du Réseau express métropolitain (REM). Vingt-trois stations seront ajoutées au réseau et la construction doit commencer en 2023.
Dans la plus grande ville du pays, la Commission de transport de Toronto a indiqué que le service au cours de la semaine du 4 décembre était à 95 % des niveaux d’avant la pandémie. La commission s’est engagée à maintenir le même niveau de service en 2021. Le gouvernement de l’Ontario va également de l’avant avec un plan de 28 milliards $ pour étendre le transport en commun dans la région de Toronto.
En Colombie−Britannique, les agences de transport recevront plus d’un milliard $ en financement fédéral et provincial pour maintenir les niveaux de service. L’argent fédéral a également aidé l’agence de transport de Winnipeg à combler une lacune dans son budget après une baisse de l’achalandage – et de ses recettes tarifaires.
Marco D’Angelo, président et directeur général de l’Association canadienne du transport urbain, une association professionnelle qui représente les agences de transport en commun du pays, a dit que le service dans tout le pays représentait actuellement environ 87 % des niveaux pré-COVID.
« Les (agences) ne prévoient pas réduire le service, mais cela changera probablement, à moins que les gouvernements ne fournissent un soutien financier », a-t-il déclaré dans un courriel.
M. Siemiatycki a souligné que même si l’achalandage est en baisse, la crise sanitaire a démontré l’importance du transport en commun. « Même pendant la pandémie, le transport en commun a joué un rôle essentiel dans nos économies, a-t-il expliqué. Le transport en commun était un service vital pour que les gens parviennent à leur lieu de travail de première ligne. »
Daniel Bergeron, de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), s’attend à ce que la baisse de l’achalandage induite par la pandémie ait un impact de près d’un milliard $ sur le budget de l’ARTM entre 2020 et 2022. Il a dit que les subventions gouvernementales aideront à couvrir la majeure partie du déficit, mais a ajouté que les dépenses devront être coupées et les améliorations reportées afin de continuer à offrir des services aux niveaux de 2019.
Lorsque la pandémie sera terminée, les gens se déplaceront différemment, a-t-il suggéré. Il s’attend notamment à ce que le service augmente en dehors des périodes de pointe traditionnelles, puisque les personnes travaillant à domicile seront plus susceptibles de faire des voyages pendant la journée plutôt qu’aux heures de pointe.
« À court terme, il y a de l’incertitude, a-t-il reconnu. Mais dans 10, 20 ans, ce sera une nouvelle normalité, mais quand même normale. Nous aurons peut−être un peu plus de travail à domicile, mais ce n’est pas possible pour tout le monde. »
Les gens devront toujours aller travailler dans les magasins, les restaurants et les usines de fabrication, et il pense que les gens voudront toujours aller au restaurant et magasiner au centre−ville.
« Une bonne qualité de vie, ce n’est pas vivre près d’une autoroute, a-t-il noté. Les beaux quartiers sont généralement dotés de bons services de transports publics. »