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Les coupes se poursuivent chez Lion Électrique

La Presse Canadienne|Mis à jour le 31 juillet 2024

Les coupes se poursuivent chez Lion Électrique

Au moment d’annoncer une nouvelle perte financière pour son deuxième trimestre, mercredi, l’entreprise de Saint-Jérôme a indiqué que ce nouveau «plan d’action» prévoit la suppression d’environ 300 emplois au Canada et aux États-Unis. (Photo: Christinne Muschi / La Presse Canadienne)

La compagnie Lion Électrique, qui est frappée par des difficultés financières, coupe pour une troisième fois cette année dans ses effectifs. Le constructeur québécois de véhicules urbains mi-lourds et lourds électriques annonce une réduction de 30% de sa main-d’œuvre. 

Cette décision entraînera la perte d’environ 300 emplois au Canada et aux États-Unis. Elle touchera «tous les secteurs de l’organisation», a indiqué l’entreprise de Saint-Jérôme lors du dévoilement des résultats de son deuxième trimestre, mercredi. 

La mesure doit être mise en œuvre «au cours des prochains jours» et se traduira «principalement par des licenciements temporaires». La société espère dégager des économies de coûts annualisées pouvant atteindre environ 25 millions de dollars (M$), «en supposant que les employés temporairement licenciés ne soient pas réembauchés».

Ces nouvelles mises à pied, qui s’inscrivent dans un plan d’action comprenant plusieurs mesures, s’ajoutent à celles annoncées en février (100 emplois) et en avril (120 emplois). 

«Les défis que nous avions signalés au début de l’année ont persisté au deuxième trimestre et continuent d’exercer une pression sur l’entreprise du point de vue de la gestion des flux de trésorerie», a déclaré le chef de la direction de Lion, Marc Bédard, lors d’un appel avec des analystes pour discuter des résultats financiers. 

Au deuxième trimestre, qui a pris fin le 30 juin, le solde de trésorerie de l’entreprise québécoise affichait un montant de 2 millions de dollars américains (M$US). Elle comptait aussi sur un montant disponible d’environ 23M$US selon les termes de sa convention de crédit renouvelable. 

Lion a enregistré une perte nette de 19,3M$US, contre une perte de 11,8M$US pour la même période lors de l’exercice précédent. 

Quant au bénéfice ajusté avant intérêts, impôt et amortissement (BAIIA), il a de nouveau terminé dans le rouge à 20,6M$US. Au deuxième trimestre de 2023, la société présentait aussi un BAIIA ajusté négatif de 9,7M$US. 


Dépendante des programmes gouvernementaux

Cette mauvaise situation financière s’explique par des retards ou un ralentissement dans le cadre de programmes de subvention pour les autobus scolaires à zéro émission des gouvernements canadien (FTCZE) et américain (EPA), a pointé M. Bédard.

Le nombre de livraisons s’en est trouvé affecté au deuxième trimestre, alors que Lion a livré 101 véhicules, soit 98 de moins qu’à pareille date en 2023. Ce recul s’est aussi reflété dans les revenus de l’entreprise, qui sont passés de 58M$US à 30,3M$US. 

Mais la direction de Lion se montre optimiste de renflouer ses coffres au terme de deux rondes de financement du programme américain EPA. Elle attend un potentiel de 77M$ en paiements initiaux au cours des prochains mois. 

La direction a soutenu que la demande dans le secteur des autobus scolaires est en grande partie déterminée par les programmes mis en place par les gouvernements et qu’il faut du temps pour que les subventions se traduisent en commandes d’achat.  

En date de mardi, le carnet de commandes de Lion comprenait 1994 véhicules urbains tout électriques mi-lourds et lourds, soit 190 camions et 1804 autobus, pour une valeur totale combinée des commandes d’environ 475M$US, selon les estimations de la direction.

En plus de couper dans les effectifs, le plan d’action de Lion comprend d’autres mesures afin de renouer avec la rentabilité. La compagnie veut, entre autres, vendre ses batteries à des tiers, ajuster ses activités de fabrication de camions à la lumière d’une demande du marché plus faible que prévu et maximiser l’utilisation de ses installations. 

«Notre objectif pour le reste de l’année 2024 est de concrétiser toutes les mesures que nous avons annoncées afin d’être prêts à attaquer 2025 avec une structure de coûts très efficace, qui nous permettra d’atteindre nos objectifs de rentabilité avec notre activité d’autobus scolaires électriques», a affirmé M. Bédard. 

Rappelons par ailleurs que le constructeur a annoncé au début du mois avoir conclu une nouvelle convention avec Investissement Québec prévoyant un prêt pouvant aller jusqu’à 7,5M$, de même que de nouveaux arrangements avec ses prêteurs privés.

Par Frédéric Lacroix-Couture