Les gros détaillants ne pâtissent pas des grèves dans les ports américains
François Normand|Publié le 04 octobre 2024Des débardeurs américains, mardi 1er octobre 2024, à Houston. (Photo: The Associated Press/Annie Mulligan)
Même si les grèves dans les ports de la côte est et du Golfe du Mexique aux États-Unis ont pris fin jeudi soir et qu’elles ont entraîné des délais et des coûts supplémentaires pour les entreprises américaines, de gros détaillants au Québec, qui ont des chaînes d’approvisionnement mondiales, ne pâtissent pas de la situation, du moins pour l’instant.
«J’ai vérifié auprès de notre équipe de chaîne d’approvisionnement et nous ne sommes pas affectés pour le moment et ne prévoyons pas de répercussions majeures», souligne Sarah Kennedy, directrice principale communications externes et internes, affaires générales, chez Walmart Canada.
C’est le même son de cloche du côté du quincaillier Rona.
«Nous suivons la situation de près, bien que les répercussions ne nous touchent pas actuellement», affirme l’entreprise dans un courriel.
Contactés par Les Affaires, les détaillants IKEA, Canadian Tire et BMR n’ont pas répondu à nos demandes d’information à propos des répercussions potentielles des grèves dans les ports aux États-Unis.
Au Québec, ce jeudi, des débardeurs du port de Montréal, le deuxième en importance au Canada près celui de Vancouver, ont mis un terme à leur grève de trois jours, mais sans être arrivé à une entente avec l’employeur.
Les parties sont toutefois convoquées ce vendredi à Montréal. Environ 40% du trafic a été paralysé durant trois jours dans le port, et des délais se font encore sentir dans la chaîne logistique.
Un «chaos» dans le système logistique aux États-Unis
Aux États-Unis, un «chaos» s’est installé dans les chaînes logistiques, rapportait ce jeudi la chaîne de télévision spécialisée en économie CNBC.
Ainsi, le système logistique avait commencé à montrer des signes de tension, avec des milliers de conteneurs déchargés dans les mauvais ports, sans parler des milliards de dollars de transactions bloquées sur les navires.
De plus, les surtaxes des transporteurs maritimes pour les clients du transport maritime commencent à augmenter, et la nécessité d’utiliser le camionnage et le rail pour acheminer les marchandises détournées vers les destinations finales augmente les coûts de la chaîne d’approvisionnement, rapporte le média américain.
Crainte de répercussions au Québec
Même s’il ne dispose pas de données précises à ce sujet, le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) estime que les grèves dans les ports de la côte est et du golfe du Mexique aux États-Unis risquent d’avoir des incidences au Québec, tout comme la grève cette semaine au port de Montréal.
«Il est important de rappeler que le port de Montréal manutentionne une panoplie de biens de commodités et de matériel utile au bon fonctionnement de nos entreprises. Tous les secteurs manufacturiers sont touchés, de l’automobile aux pièces détachées, en passant par des produits alimentaires et pharmaceutiques», insiste le directeur général du CQCD, Damien Silès.
Selon lui, même si le conflit au port de Montréal a été de courte durée, plusieurs répercussions dues au conflit se font déjà sentir. Aussi, il faut s’attendre à des retards de livraisons de marchandises.
«En dehors de la marchandise importée directement, il y a aussi les fournisseurs qui ne peuvent plus produire par manque de pièces, ce qui fait que les détaillants, au bout de la chaîne risquent d’avoir des tablettes vides pendant encore longtemps», dit-il.
Selon le CQCD, certaines entreprises risquent de recevoir leurs commandes saisonnières – des habits d’hiver aux planches à neige – beaucoup trop tard pour la saison. Plusieurs pourraient devoir écouler leurs inventaires à faible coût.
«Évidemment, tout ceci entraîne une répercussion très coûteuse sur nos détaillants, surtout quand on sait que 90 % de ce que consomme la population de l’Est du Canada, dont celle du Québec, arrive par le port de Montréal», souligne Damien Silès.