Les tests de dépistage découragent les voyages, dit Air Canada
La Presse Canadienne|Publié le 02 novembre 2021Le transporteur montréalais a rappelé plus de 10 000 employés, toutes catégories confondues, depuis le début de la pandémie. (Photo: La Presse Canadienne)
L’obligation de passer un test de dépistage de la COVID-19 pour prendre l’avion nuit à la demande, croit Michael Rousseau, président et chef de la direction d’Air Canada. Le transporteur aérien souhaite que cette obligation disparaisse.
«Nous croyons qu’avec les politiques mises en place et le taux de vaccination élevé du public en général, le test de dépistage avant le départ n’est pas nécessaire, a dit le dirigeant lors d’une conférence téléphonique avec les analystes financiers visant à discuter des résultats du troisième trimestre. Nous allons plaider en faveur de son élimination.»
Les passagers qui entrent au Canada par la voie aérienne doivent subir un test de dépistage dans les 72 heures avant leur retour au pays. Le coût de ces tests représenterait un défi logistique et financier qui découragerait certains voyageurs, ont exprimé plusieurs acteurs de l’industrie dans les derniers jours.
M. Rousseau partage cette opinion. «Il n’y a aucun doute que cela aiderait, répond-il. Nous n’avons pas d’estimation quant à l’impact que cela pourrait avoir sur la demande.»
Il a aussi précisé que 96% des employés sont vaccinés et que ceux qui ont refusé de le faire, à l’exception de ceux qui ont des raisons médicales, sont en arrêt de travail sans solde.
Ce commentaire survient alors que le transporteur aérien a dévoilé des résultats supérieurs aux attentes au troisième trimestre, dans la foulée d’une reprise graduelle de l’industrie aérienne. «Bien que la pandémie continue d’avoir un impact, nos résultats démontrent clairement que nous faisons des progrès, déclare M. Rousseau. Nous sommes maintenant en mode reprise.»
S’ils ont presque triplé par rapport à la même période l’an dernier, les revenus d’Air Canada, à 2,1 milliards $, demeurent inférieurs de 62% à ceux du troisième trimestre de 2019 (avant la pandémie). Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient des revenus de 1,8 milliard $, selon Refinitiv.
L’entreprise a atteint un «point tournant» en ce qui a trait aux flux de trésorerie, commente Konark Gupta, de Banque Scotia. L’entreprise est parvenue à générer 153 millions $ en capital tandis qu’elle prévoyait brûler entre 280 millions $ et 460 millions $ en liquidités au cours du trimestre. Si l’action a été sous-pression récemment en raison de la hausse du prix du carburant, il croit que les résultats seront bien accueillis par le marché.
Quelques minutes avant midi, l’action d’Air Canada gagnait 1,07$, ou 4,63%, à 24,08$, à la Bourse de Toronto.
Tim James, de Valeurs mobilières TD, souligne que la société est revenue sur sa décision d’annuler la commande de deux appareils A220 d’Airbus, l’ancienne CSeries de Bombardier assemblée à Mirabel, et de devancer la date de livraison de nouveaux appareils 737 Max de Boeing. «Ça démontre une plus grande confiance dans la capacité de réaliser des dépenses et par le fait même, sur l’état de son bilan et de ses flux de ses liquidités.»
Air Canada a affiché une perte nette de 640 millions $ au troisième trimestre, soit une perte par action diluée de 1,79$, comparativement à une perte nette de 685 millions $, ou 2,31$ par action diluée, au trimestre correspondant de l’exercice financier 2020.
Le transporteur aérien signale que la perte nette au troisième trimestre de 2021 tient compte d’une perte de change de 136 millions $, comparativement à un profit de change de 88 millions $ au troisième trimestre de 2020.
Pas de pénurie de travailleurs
M. Rousseau a également assuré que l’entreprise ne devait pas composer avec une pénurie de pilotes. Malgré un marché du travail défavorable pour les pilotes, le spectre d’une pénurie plane sur l’industrie tandis que plusieurs ont choisi de prendre leur retraite ou de changer de carrière.
À la mi-octobre, le transporteur américain Southwest a été contraint d’annuler près de 2000 vols, car il ne parvenait pas à trouver le personnel nécessaire. Le syndicat représentant les pilotes de la société affirme que l’employeur met trop de pression sur un bassin restreint de pilotes.
Air Canada n’a pas ce genre de problème, a précisé Craig Landry, chef des opérations. «Nous n’avons pas eu de difficultés à respecter nos horaires de vols, comme l’ont eu d’autres entreprises ailleurs.»
Le transporteur montréalais a rappelé plus de 10 000 employés, toutes catégories confondues, depuis le début de la pandémie. «Nous avons une réponse très favorable. Nous avons même embauché de nouvelles recrues. Il y a un grand intérêt pour travailler chez Air Canada.»