Cette somme couvre une hausse anticipée des coûts de production du 737 MAX et notamment des modifications en cours.
Boeing a chiffré mercredi à 1 milliard de dollars la première facture de l’immobilisation au sol depuis mi-mars du 737 MAX, son avion-vedette dont le logiciel anti-décrochage MCAS a été mis en cause dans deux tragédies rapprochées ayant fait au total 346 morts.
Cette somme couvre une hausse anticipée des coûts de production du 737 MAX et notamment des modifications en cours pour éviter de nouveaux dysfonctionnements du MCAS.
Elle intègre aussi la formation supplémentaire des pilotes exigée par les régulateurs pour lever l’interdiction de vol frappant l’avion, locomotive des ventes de Boeing.
Elle ne prend en revanche pas en compte les éventuelles indemnisations des compagnies aériennes, qui ont dû annuler des vols programmés sur des 737 MAX et les possibles dommages que le constructeur aéronautique pourrait être amené à verser aux familles des victimes.
À Wall Street, le titre Boeing gagnait plus de 1 % dans les premiers échanges, les investisseurs semblant soulagés de voir que le coût n’était pas exorbitant.
En effet, les analystes financiers estiment eux que la facture devrait s’élever à plusieurs milliards de dollars.
Remise en service en juillet ?
Boeing n’a pas encore soumis la mise à jour du MCAS à l’agence fédérale de l’aviation américaine (FAA), chargée de donner son feu vert à un retour dans le ciel du 737 MAX, a indiqué mercredi à l’AFP une source proche du dossier.
Le PDG Dennis Muilenburg devait donner un calendrier — date de soumission, retour en service — lors d’un oral très attendu devant la communauté financière vers 10H30, selon une source industrielle.
Boeing table sur une certification des changements vers fin mai et une levée de l’interdiction de vol en juillet, a encore dit cette source sous couvert d’anonymat.
M. Muilenburg va également tenter mercredi de rassurer sur l’avenir du 737 MAX, dont il a suspendu les livraisons et réduit la production d’environ 20 %, alors qu’il envisageait en début d’année de l’augmenter à partir de juin à 57 exemplaires par mois.
Boeing traverse actuellement sa plus grave crise depuis l’immobilisation au sol en 2013, pendant quatre mois, de la flotte du long courrier 787 Dreamliner pour un problème de batterie.
Un 737 MAX 8 exploité par Ethiopian Airlines s’est écrasé le 10 mars dernier au sud-est d’Addis Abeba, faisant 157 morts quelques minutes après le décollage.
Cet accident est intervenu cinq mois après un autre drame, celui d’un 737 MAX 8 de Lion Air, le 28 octobre dernier, ayant entraîné la mort de 189 personnes.
Ces deux tragédies ont entraîné l’immobilisation au sol de cet avion et soulevé des interrogations sur sa certification. Environ 370 appareils 737 MAX (8 et 9) étaient déjà en service.
Une enquête a été ouverte aux États-Unis par le ministère de la Justice, tandis que le département des Transports examine sa procédure de certification.
Le système anti-décrochage MCAS, dont la certification avait été confiée à des employés de Boeing, a été mis en cause dans les deux accidents.
Lancé dans une course contre la montre pour apaiser la colère des compagnies aériennes et des régulateurs et rassurer le grand public, l’avionneur affirme avoir déjà effectué plus de 135 essais en vol depuis l’immobilisation au sol.
Celle-ci a causé un recul de 13,2 %, à 2,1 milliards de dollars du bénéfice net au premier trimestre et une baisse de 1,98 %, à 22,9 milliards, du chiffre d’affaires.
Boeing a également décidé de suspendre ses objectifs financiers pour 2019 : « Les précédentes prévisions financières pour 2019 ne reflètent pas l’impact du 737 MAX », a expliqué le constructeur aéronautique, ajoutant que « de nouvelles prévisions seront données à une date ultérieure ».
L’impact du 737 MAX est important dans la division aviation civile, dont le chiffre d’affaires trimestriel a diminué de 8,67 % à 11,8 milliards de dollars pour une marge de 9,9 %, contre 10,9 % au premier trimestre 2018.
Boeing, qui a en outre suspendu ses programmes de rachats d’actions pour rémunérer ses actionnaires, n’a livré que 149 avions civils sur les trois premiers mois de l’année, en baisse de 19 % sur un an.