L’industrie aérienne doit prendre son mal en patience
La Presse Canadienne|Publié le 22 septembre 2020Jusqu’à maintenant, le Canada s’est refusé à mettre sur pied un plan de relance spécifique au secteur de l’aviation.
L’industrie aérienne qui espère un plan de relance d’Ottawa devra prendre son mal en patience.
Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a indiqué lors d’une récente entrevue avec La Presse Canadienne que le gouvernement fédéral était toujours en train d’étudier ses options pour venir en aide aux transporteurs aériens qui ont la vie dure avec les déplacements qui sont en chute libre depuis le début de la pandémie.
« Il faut que nos prises de décisions soient basées sur où le besoin est le plus grand et ça prend du temps pour faire ces choses-là. Mais je peux vous dire qu’en tant que ministre des Transports, (…) on essaie de faire la chose la plus intelligente dans les circonstances. Notre réflexion et notre travail d’analyse ne sont pas terminés », a-t-il déclaré.
Jusqu’à maintenant, le Canada s’est refusé à mettre sur pied un plan de relance spécifique au secteur de l’aviation à l’instar d’autres pays, comme les États-Unis et la France. On lui a bien sûr offert la subvention salariale et un congé de loyers des aéroports jusqu’à la fin de l’année — en plus des billets non remboursés — mais ce ne serait pas suffisant.
L’industrie, qui a grandement besoin de liquidités, tente maintenant par tous les moyens de faire entendre raison au gouvernement fédéral à l’approche du discours du Trône à Ottawa.
La semaine dernière, c’est Airbus Canada qui plaidait, dans le quotidien « Le Devoir », l’urgence d’un soutien spécifique au secteur pour le bien de tout l’écosystème aéronautique au pays. Même le commandant Robert Piché, retraité d’Air Transat, a publié une lettre ouverte dans « La Presse » pour déplorer le manque de dialogue entre le gouvernement et le secteur aérien.
L’Association internationale du transport aérien (IATA, en anglais), qui représente les plus grands transporteurs aériens au monde, a également exhorté la semaine dernière le Canada à assouplir ses critères aux frontières afin de réduire la durée de quarantaine des voyageurs internationaux, sans quoi les conséquences seraient désastreuses.
« Il est impératif que le gouvernement du Canada agisse avant que les dommages économiques et sociaux deviennent permanents et que les conséquences de santé publique du chômage de masse deviennent encore plus évidents », a critiqué Alexandre de Juniac, PDG de l’IATA.
M. de Juniac a fait valoir que les transporteurs Air Canada et WestJet mènent des projets pilotes, aux aéroports de Toronto et de Vancouver, respectivement, pour tenter de prouver que la période d’isolement de 14 jours pourrait être plus courte pour les voyageurs de certains pays.
Le ministre Garneau dit qu’il suit ces développements avec attention, mais ne s’engage à rien.
« Si on peut à la fois s’assurer de la sécurité de la santé de nos citoyens, mais en même temps, réduire la quarantaine en ayant en place un programme pour tester ceux qui reviennent, peut-être qu’il y a un moyen de raccourcir le 14 jours » a-t-il laissé tomber.
« Mais c’est quelque chose qui doit être examiné du point de vue de la sécurité, de la santé et en prenant en considération la situation qui existe en ce moment. Les chiffres augmentent, on s’en va vers la mauvaise direction », a-t-il ajouté, en faisant référence à la hausse de cas au pays.
C’est toutefois l’Agence de la santé publique du Canada qui aura à trancher sur la durée de la quarantaine et la fiabilité des tests, prévient le ministre.