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Mer Rouge: le Canada participera à une mission internationale

La Presse Canadienne|Publié le 19 Décembre 2023

Mer Rouge: le Canada participera à une mission internationale

La compagnie maritime Maersk a annoncé mardi qu'elle avait décidé de réacheminer ses navires qui étaient immobilisés depuis des jours à l'extérieur de la mer Rouge et de les faire contourner l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, un passage beaucoup plus long et moins efficace. (Mads Claus Rasmussen/Ritzau Scanpix via AP)

Le Canada, les États-Unis et d’autres pays sont en train de créer une nouvelle force pour protéger les navires transitant par la mer Rouge qui ont été attaqués par des drones et des missiles balistiques tirés depuis les zones du Yémen contrôlées par les houthis, a annoncé mardi à Bahreïn le secrétaire américain à la Défense, M. Lloyd Austin.

La gravité des attaques, dont plusieurs ont endommagé des navires, a conduit de nombreuses compagnies maritimes à ordonner à leurs navires de rester sur place et de ne pas entrer dans le détroit de Bab el-Mandeb jusqu’à ce que la situation en matière de sécurité soit réglée.

Le commandement central de l’armée américaine a fait état de deux autres attaques contre des navires commerciaux lundi. Un navire-citerne a été frappé par un drone d’attaque et un missile balistique au large du Yémen, à peu près au même moment où un cargo a signalé la détonation d’un explosif dans l’eau à proximité, a indiqué l’armée.

«Il s’agit d’un défi international qui exige une action collective, a déclaré le secrétaire Austin dans un communiqué publié juste après minuit à Bahreïn. C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui la mise en place de l’opération Prosperity Guardian, une nouvelle initiative multinationale importante en matière de sécurité.»

Selon un haut responsable militaire qui accompagne M. Lloyd Austin dans la région, environ 400 navires commerciaux transitent à tout moment dans le sud de la mer Rouge, une zone dont la superficie équivaut à peu près à celle de la région de Washington D.C. à Boston.

Dans le cadre de la nouvelle mission, les navires militaires n’escorteront pas nécessairement un navire spécifique, mais seront positionnés de manière à fournir une protection parapluie au plus grand nombre possible de navires à un moment donné, a expliqué une responsable sous le couvert de l’anonymat afin de fournir des détails supplémentaires non rendus publics sur le fonctionnement de la nouvelle opération.

Mardi, la compagnie maritime Maersk a annoncé qu’elle avait décidé de réacheminer ses navires qui étaient immobilisés depuis des jours à l’extérieur du détroit et de la mer Rouge, et de les faire contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, un passage beaucoup plus long et moins efficace. Maersk a déclaré qu’elle se félicitait de l’effort international en matière de sécurité, mais qu’à l’heure actuelle, l’itinéraire beaucoup plus long offrirait «des résultats plus prévisibles» à ses clients.

Au cours des quatre dernières semaines, les militants houthis ont attaqué ou saisi des navires commerciaux à douze reprises et retiennent toujours en otage 25 membres du MV Galaxy Leader au Yémen, a déclaré M. Austin lors d’une réunion ministérielle sur la nouvelle mission maritime. Les États-Unis recherchent toujours activement des pays susceptibles de se joindre à la mission et d’augmenter le nombre de marines présentes et participantes. 

Le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, les Seychelles et l’Espagne ont rejoint la nouvelle mission de sécurité maritime, a indiqué M. Lloyd Austin. Certains de ces pays effectueront des patrouilles conjointes tandis que d’autres apporteront un soutien en matière de renseignement dans le sud de la mer Rouge et dans le golfe d’Aden.

L’un des grands absents est la Chine, qui dispose de navires de guerre dans la région, mais qui n’a pas répondu aux précédents appels à l’aide lancés par des navires commerciaux, même si certains des navires attaqués avaient des liens avec Hong Kong, a précisé le responsable militaire. 

Plusieurs autres pays ont également accepté de participer à l’opération, mais préfèrent ne pas être nommés publiquement, a révélé un responsable de la défense. 

La nouvelle mission de sécurité maritime sera coordonnée par la force opérationnelle combinée 153 (CTF 153), qui a été créée en avril 2022 pour améliorer la sécurité maritime en mer Rouge, à Bab el-Mandeb et dans le golfe d’Aden. 

Alors que la force opérationnelle a principalement fourni une structure de quartier général jusqu’à présent, l’objectif de la nouvelle mission est de fournir des navires et d’autres moyens pour assurer la protection. La CTF 153 comptait jusqu’à présent 39 pays membres, mais les responsables s’efforçaient de déterminer lesquels d’entre eux participeraient à ce nouvel effort.

Par ailleurs, les États-Unis ont également demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de prendre des mesures pour lutter contre les attaques.

Dans une lettre adressée aux membres du Conseil et obtenue lundi par l’Associated Press, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a déclaré que les attaques des houthis visant les navires commerciaux transitant légalement par les voies navigables internationales continuaient de menacer «les droits et libertés de navigation, la sécurité maritime internationale et le commerce international».

Les 15 membres du Conseil ont discuté de la menace houthie à huis clos lundi, mais n’ont pris aucune mesure immédiate. 

Deux navires de guerre américains ― l’USS Carney et l’USS Mason, des destroyers de la marine ― se déplacent actuellement dans le détroit de Bab el-Mandeb pour aider à dissuader les houthis et à répondre à leurs attaques.

 

Cette opération élargie a été décidée après que trois navires commerciaux aient été frappés par des missiles tirés par les houthis, soutenus par l’Iran, au Yémen le 3 décembre. Ces attaques s’inscrivaient dans le cadre d’une campagne de violence de plus en plus intense, au cours de laquelle des drones armés et autres ont été lancés en direction de navires de guerre américains.