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Montréal, bientôt la capitale mondiale des taxis aériens?

Olivier Schmouker|Publié le 06 Décembre 2021

Montréal, bientôt la capitale mondiale des taxis aériens?

Marc Parent, président de CAE (Photo: courtoisie Cercle canadien de Montréal)

Marc Parent, le président et chef de la direction de CAE (TSX: CAE; 30,63$), chérit un «rêve ambitieux»: faire de Montréal la capitale mondiale des taxis aériens. «Nous avons tout ici pour faire de la métropole québécoise le centre névralgique d’un tout nouveau marché planétaire, celui de l’aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux», a-t-il lancé lors du dîner-conférence du Cercle canadien de Montréal qui s’est tenu aujourd’hui au Centre Sheraton.

C’est qu’en 2021 CAE a décroché trois contrats de formation au pilotage de taxis aériens, auprès de l’Américain Jaunt Air Mobility, en mai, de l’Allemand Volocopter, en juillet, et de l’Américain BETA Technologies, en septembre. Et que le marché a un «potentiel énorme»: «Il est question de quelque 60 000 pilotes à former d’ici 2028», a dévoilé Marc Parent devant les 215 personnes présentes dans la salle et la quarantaine d’autres qui regardaient en ligne sur YouTube.

À cela s’ajoute, selon Marc Parent, le fait que la métropole québécoise dispose d’atouts susceptibles de lui permettre de se démarquer sur ce marché. «À Montréal, nous pouvons compter sur l’ensemble des acteurs d’Aéro Montréal ainsi que sur les universités, comme l’École nationale d’aérotechnique, l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal et autres Polytechnique», a-t-il dit.

L’enjeu est de taille, a souligné le président de CAE. «L’aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux promet d’être une véritable révolution dans la mobilité urbaine», a-t-il lancé. De fait, les taxis aériens pourront notamment servir à transporter des marchandises, à se déplacer rapidement lorsque la ville est congestionnée, ou encore à assurer des services d’urgence médicale. On peut également anticiper une utilisation touristique (survol de la ville de nuit, transport jusqu’à une montagne voisine pour y faire du ski, etc.).

Marc Parent y croit tellement que CAE a investi 40 M$ US afin d’étendre son réseau mondial d’entraînement au pilotage, rien que pour répondre aux besoins de son partenaire allemand Volocopter. À cette occasion, des technologies à la fine pointe seront mises en œuvre, comme l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et la réalité mixte (système permettant d’interagir physiquement avec des images virtuelles en 3D).

L’appareil VoloCity de Volocopter (Photo: courtoisie Volocopter)

Dans le cas de Volocopter, le premier avion commercial eVTOL de l’entreprise, le VoloCity, est bien engagé dans son programme d’accréditation auprès de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA). L’objectif est d’avoir le feu vert pour effectuer ses tout premiers vols lors des Jeux olympiques de 2024 à Paris. L’idée serait de faire des vols de démonstration durant les cérémonies d’ouverture et de fermeture, mais aussi d’assurer le transport de passagers sur deux lignes aériennes: entre l’héliport d’Issy-les-Moulineaux et Saint-Cyr, dans les Yvelines, ainsi qu’entre Roissy, Le Bourget et Paris.

Les premières expérimentations en condition réelle doivent avoir lieu cet hiver à Pontoise, non loin de Paris. L’opérateur aéroportuaire français Groupe ADP a d’ailleurs fait savoir par voie de communiqué qu’il avait pour ambition de faire de Pontoise «le premier vertiport européen».

Une récente étude pilotée par Julien Haan, aujourd’hui scientifique de données au Crédit Suisse et auparavant chercheur à l’École Polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), montre qu’il y a bel et bien un marché pour les taxis aériens. Sans surprise, celui-ci serait concentré dans les métropoles: aux États-Unis, l’analyse du potentiel de 40 grandes villes montre que New York, Los Angeles et Washington DC en seraient les principaux poles, représentant à elles seules 33% de la demande.

«Ce marché est carrément excitant!», s’est exclamé le président de CAE. D’autant plus qu’il présente un avantage «considérable» pour ceux qui s’y positionneront sans tarder: «Ce nouveau secteur d’activités va attirer à lui les talents de demain, les jeunes qui voudront relever un défi technologique, ceux qui voudront contribuer à un avenir plus durable grâce à l’énergie électrique», a-t-il conclu.