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Ottawa: les compagnies aériennes doivent rembourser leurs clients

La Presse Canadienne|Publié le 09 novembre 2020

Le ministre des Transports a formulé dimanche cette exigence lorsqu’il a annoncé des pourparlers avec le secteur.

Le gouvernement fédéral veut subordonner l’aide aux compagnies aériennes canadiennes à la question des remboursements des passagers dont les vols ont été annulés.

Le ministre des Transports, Marc Garneau, a formulé dimanche cette exigence lorsqu’il a annoncé que le gouvernement fédéral entamera des pourparlers avec ce secteur au cours de la prochaine semaine.

Les compagnies aériennes commerciales du Canada ont été durement touchées par la pandémie de COVID-19. Le nombre de ses passagers a dégringolé de 90 % à cause des restrictions de voyage et des craintes de contracter la maladie.

De nombreuses compagnies aériennes ont offert des crédits aux passagers pour les voyages annulés en raison de la pandémie, affirmant ne pas pouvoir se permettre un remboursement complet. Elles ont annulé certains vols régionaux pour économiser de l’argent.

De nombreux Canadiens ont exprimé leur colère de ne pas avoir récupéré leur argent. L’Office des transports du Canada a reçu 8 000 plaintes entre la mi-mars et la fin août, dont la plupart seraient liées à des remboursements.

Des clients ont également déposé une poignée de recours collectifs. Trois pétitions ont recueilli plus de 100 000 signatures.

M. Garneau reconnaît que les défis auxquels le secteur est confronté sont importants.

« Le secteur du transport aérien ne peut relever seul ces défis, étant donné les répercussions inédites sur ses activités », a déclaré le ministre par voie de communiqué.

« Nous sommes prêts à mettre en place un processus avec les grands transporteurs aériens à propos d’une aide financière qui pourrait comporter des prêts et possiblement d’autres types de soutien dans le but de garantir des résultats importants pour les Canadiens », a-t-il ajouté. Nous prévoyons commencer les discussions avec les transporteurs cette semaine.

Mais le gouvernement compte exiger aux compagnies certaines conditions comme le remboursement des clients dont le vol avait été annulé et le maintien des liaisons régionales.

« Avant de commencer à dépenser ne serait−ce qu’un sou de l’argent des contribuables au bénéfice des transporteurs aériens, nous nous assurerons que les Canadiens obtiennent leurs remboursements, a annoncé M. Garneau. Nous nous assurerons que les Canadiens et les collectivités régionales conservent des liaisons aériennes avec le reste du Canada. »

Toutefois, il n’a pas précisé si les compagnies aériennes devront reprendre les liaisons actuellement suspendues.

La déclaration du ministre a été accueillie avec prudence par le vice−président de la CAA, Ian Jack, qui y voit une bonne première étape.

La CAA est l’un des plus importants détaillants de vacances et de voyages d’agrément au Canada.

« C’est le coup de départ, mais ce n’est en aucun cas un fait accompli, a déclaré M. Jack. Nous surveillerons ces négociations de près. Il y a maintenant un engagement concret et officiel du gouvernement. Nous nous nous attendons à ce qu’il l’honore. »

Contrairement aux autorités canadiennes, la Commission européenne et le département américain des transports ont exigé des compagnies aériennes qu’elles remboursent les passagers pour les vols annulés.

Les États-Unis et les pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont également offert des milliards de dollars d’aide financière aux transporteurs en difficulté. Ottawa n’a fourni aucun plan de sauvetage aux compagnies aériennes.

La pandémie a dévasté l’industrie du transport aérien, avec des milliards de dollars de pertes pour les transporteurs canadiens au milieu des vols échoués et des frontières internationales étroites.

Les revenus des compagnies aériennes canadiennes en 2020 chuteront de 14,6 milliards de dollars, soit 43 %, par rapport à l’an dernier, selon les estimations de mai de l’Association du transport aérien international.

Dans un communiqué publié dimanche en fin d’après−midi, la compagnie WestJet a refusé de commenter la sortie du ministre, disant vouloir attendre « éclaircissements sur ce que pourrait inclure l’aide accordée au secteur de l’aviation ».

Le chef du Bloc québécois s’est félicité de l’apparente posture du ministre.

« Des mois et une colère de M.Garneau, mais l’obligation pour AirCanada de rembourser les billets avant d’être aidée par l’État, qui osera dire que ce n’est pas un gain du BlocQuebecois? Les Canadiens nous remercieront », a-t-il écrit sur Twitter.

La porte-parole du Parti conservateur en matière de transports, la députée Stephanie Kusie, a reproché au gouvernement de ne pas être intervenu plus tôt. Elle a signalé que M. Garneau n’avait donné aucun échéancier au sujet d’une aide gouvernementale pour le secteur aérien.

« Le gouvernement Trudeau a gardé dans l’attente les Canadiens dépendant du secteur de l’aviation, a écrit Mme Kusie sur son compte Twitter. Les conservateurs s’assureront que le gouvernement libéral placera au premier rang les intérêts des travailleurs et des passagers et permettra au secteur de l’aviation de récupérer. »