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Restructuration majeure en vue pour la maison mère de Téo Taxi

La Presse Canadienne|Publié le 24 janvier 2019

La fréquence de recharge des véhicules électriques et les salaires notamment assombrissent les finances.

Le gouvernement Legault était au courant de la situation précaire chez Téo Taxi et sa société mère Taxelco, mais estime qu’il est encore trop tôt pour commencer à évoquer des mesures d’aide.

En marge d’un événement à Montréal, jeudi, le ministre des Transports, François Bonnardel, a indiqué avoir rencontré récemment les dirigeants de l’entreprise, sans toutefois donner de détails sur la nature des échanges.

« Quelle sera la suite des choses? Je vais attendre de voir spécifiquement ce que les dirigeants vont annoncer dans les prochains jours ou les prochaines semaines, a-t-il dit en point de presse. C’est prématuré de savoir quelle sera la suite. »

Prudent dans ses commentaires, le ministre des Transports s’est dit « triste » pour les quelque 400 chauffeurs de Téo Taxi, syndiqués depuis l’automne, qui vivent actuellement dans l’incertitude.

Selon La Presse, Taxelco, fondée par l’homme d’affaires Alexandre Taillefer, se prépare à effectuer une restructuration d’envergure et se placerait sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité.

Diverses sources au fait du dossier consultées par La Presse canadienne ont abondé dans le même sens, expliquant notamment qu’un scénario dans lequel la société se tournerait vers les tribunaux dans le but de se protéger de ses créanciers était évoqué, sans toutefois être définitif.

Néanmoins, il continue d’y avoir des efforts en parallèle dans l’espoir de convaincre un nouveau partenaire de se lancer dans l’aventure.

« Le modèle d’affaires de Téo Taxi dans sa forme actuelle n’est tout simplement pas viable », a expliqué à La Presse canadienne une personne bien au fait de la situation, ajoutant qu’il serait « logique » d’emprunter la voie légale.

La fréquence de recharge des véhicules électriques ainsi que le salaire horaire à verser aux chauffeurs figurent parmi les éléments qui plombent la performance financière.

Du mutisme

Taxelco n’a pas voulu commenter, jeudi. Le son de cloche a été similaire du côté de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) ainsi que du Fonds de solidarité FTQ, deux des actionnaires de la compagnie.

Une porte-parole de Taxelco, Jessica Théroux, a fait savoir, par courriel, qu’il n’y aurait pas de commentaires formulés sur les « spéculations en cours ». Le nouveau président-directeur général de Taxelco, Dominic Bécotte, n’était pas disponible non plus.

« Une annonce sera faite en temps opportun, a écrit Mme Théroux. D’ici là, nous ne ferons aucun autre commentaire. »

Les personnes au fait du dossier ont indiqué que malgré les difficultés de Téo Taxi, d’autres entités de Taxelco, comme Taxi Diamond ainsi que Taxi Hochelaga, sont des entreprises rentables à l’heure actuelle.

Il y a environ un an, la CDPQ, le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction CSN ainsi que le fonds XPND Capital avaient injecté 17 millions $ dans Taxelco dans le cadre d’une nouvelle ronde de financement afin d’acheter notamment de nouveaux véhicules et embaucher du personnel.

Puisque la situation financière de l’entreprise ne s’est pas améliorée, les trois investisseurs institutionnels n’ont pas voulu injecter davantage de capitaux, ce qui place la société mère de Téo Taxi au bord du gouffre.

Taxelco a aussi bénéficié de 9,5 millions $ en subventions de la part de différents ministères et le gouvernement libéral précédent avait également donné le feu vert à un prêt totalisant 4 millions $ l’an dernier.

De plus, en novembre, le gouvernement Legault, fraîchement élu, avait décidé de prolonger d’un an le projet pilote visant à favoriser l’émergence de l’industrie du taxi électrique à Montréal. L’initiative permettait notamment la location d’un permis de taxi afin d’exploiter un taxi électrique.

« Le gouvernement, le ministère des Transports, le ministère de l’Économie et d’autres partenaires ont participé à la naissance de Téo Taxi, a dit M. Bonnardel. Maintenant, de ce que je comprends, le modèle ne fonctionne pas. »

En plus des difficultés financières, Taxelco a vu plusieurs dirigeants se succéder à la tête de l’entreprise. M. Bécotte, récemment en poste, est le cinquième président-directeur général de la compagnie, qui existe depuis quatre ans.

De plus, M. Taillefer ne siège plus au conseil d’administration.

L’actionnaire majoritaire de Taxelco est Fonds XPND Croissance, qui fait partie de XPND Capital, où Alexandre Taillefer est associé principal. Selon l’inscription au Registre des entreprises, la CDPQ est le deuxième actionnaire, devant le Fonds de solidarité FTQ.