(Photo: 123RF)
Alors que les ventes de voitures électriques patinent, les modèles hybrides remplacent progressivement les voitures à essence et diesel sur le marché européen. Mais leurs avantages en termes de pollution comme d’économies sont limités.
«Full hybride»
Les modèles hybrides sont des voitures dotées d’un classique moteur essence ou diesel, et d’un ou plusieurs moteurs électriques, avec une petite batterie.
Leur principal avantage: bénéficier des avantages de l’électrification (économies, émissions, conduite souple) sans ses inconvénients, en évitant de les brancher sur une borne.
Les hybrides se rechargent en roulant, en récupérant notamment l’énergie lors des freinages et décélérations.
Les modèles qui conquièrent le marché sont «full hybrides», avec une batterie qui permet de rouler quelques kilomètres en 100% électrique, et donc en silence.
Le moteur électrique permet d’optimiser l’utilisation du moteur thermique. La boîte de vitesses automatique rend la conduite plus fluide.
Et les quelques dizaines de chevaux supplémentaires améliorent nettement les performances pour quelques kilos de plus. Les Formule 1 sont équipées de moteurs hybrides depuis la saison 2014. Elles ont été suivies plus récemment par plusieurs supercars Ferrari ou McLaren.
Le marché explose
Les modèles hybrides sont les seuls à voir leurs ventes augmenter dans un marché de l’automobile morose, qui ne retrouve pas ses niveaux d’avant-crise du Covid.
Ils ont représenté près d’un tiers du marché des voitures neuves en Europe au mois d’août 2024, avec une progression de 25,7% sur un an.
En France, ces modèles ont progressé de 25% sur un an et raflent désormais 38% du marché, devant les modèles essence et diesel.
Chez Stellantis, «des clients viennent vraiment pour les gains de consommation, et repartent emballés par le plaisir de conduite. Et d’autres viennent pour une électrique et trouvent que c’est une étape intermédiaire avant d’en acheter une», explique à l’AFP Sébastien Jacquet, chef-adjoint de l’ingénierie pour le groupe.
Cette motorisation sera «majoritaire» une fois que toute la gamme sera équipée, souligne Sébastien Jacquet. Son prix est supérieur de 2000 euros en moyenne à ses équivalents thermiques.
Les constructeurs s’hybrident
De nombreux constructeurs ont revu leur stratégie d’électrification et misent davantage sur les ventes de modèles hybrides. En Europe, l’entrée en vigueur d’une norme d’émissions plus contraignante en 2025 les oblige à augmenter fortement leur part d’hybrides si les ventes d’électriques ne réaccélèrent pas.
Le groupe Stellantis, n°2 européen, a indiqué qu’il compterait 30 modèles hybrides à la vente fin 2024, entre la nouvelle Citroën C3, la Peugeot 3008, ou l’Alfa Romeo Junior.
Le groupe a accéléré la production de boîtes de vitesses adaptées à Metz (France) et Mirafiori (Italie), avec un objectif de 100.000 par mois.
Le N°1 européen Volkswagen a plutôt misé sur l’électrique et les hybrides rechargeables (dotés d’une plus grosse batterie et qu’il faut brancher), mais compte proposer des modèles «full hybrides» dès 2025, a indiqué la marque.
Le N°1 mondial Toyota, de son côté, a été un pionnier de l’hybride avec sa Prius dès 1997. Le géant japonais continue à défendre cette motorisation, redoutant que les prix de l’électrique ne paralysent le marché. Les hybrides ont représenté près de 40% de ses ventes mondiales sur les sept premiers mois de 2024 (+20,2%).
Le géant coréen Hyundai a aussi annoncé mercredi qu’il allait développer un nouveau système hybride et doubler le nombre de modèles équipés dans sa gamme.
Pollution
Les modèles hybrides consomment entre 5 et 30% moins de carburant, avec des baisses d’émissions de CO2 semblables, selon les sources. Mais, par essence, leurs émissions restent bien supérieures à celles des véhicules électriques.
Il y a des pistes d’amélioration «à la marge», sur l’efficacité des boîtes de vitesses par exemple, indique Sébastien Jacquet chez Stellantis, mais il y a une «limite» à la technologie hybride: la petite taille de la batterie ne permettra jamais de rouler très longtemps en électrique, sans polluer l’air.
«C’est la version la plus moderne des voitures thermiques, mais ce n’est absolument pas à la hauteur de nos enjeux en termes de transition énergétique», souligne Léo Larivière, du groupe de réflexion Transport & Environment (T&E).
Le passage à l’électrique est «inéluctable», poussé par l’industrie chinoise, et «rester bloqué avec des véhicules qui fonctionnent au pétrole pose aussi un problème de dépendance extérieure» aux pays producteurs d’or noir, souligne Léo Larivière.
Les modèles hybrides neufs seront d’ailleurs interdits à la vente à partir de 2035 dans l’Union européenne, tout comme les modèles thermiques.
Les véhicules électriques moins chers pourraient changer la donne dès l’année prochaine, à l’image de la Renault 5 ou de la Citroën C3 dans leur version d’entrée de gamme.