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Tarifs automobiles: risque de récession au Japon et en Allemagne

François Normand|Publié le 05 mars 2019

Le Japon et l'Allemagne pâtiraient de l'imposition de tarifs sur les importations aux États-Unis, selon la Nationale.

Est-ce le calme avant la tempête? Même si Washington et Pékin sont sur le point d’enterrer la hache de guerre, la possibilité que les États-Unis imposent des tarifs sur les importations d’automobiles pourrait perturber le commerce international et faire basculer le Japon et l’Allemagne en récession, selon une analyse la Banque Nationale.

Après l’imposition de tarifs douaniers de 25% et de 10% sur les importations d’acier et d’aluminium en 2018, l’administration Trump songe à imposer des tarifs sur les voitures importées aux États-Unis.

Comme pour l’acier et l’aluminium, la Maison-Blanche évoquerait la section 232 du Trade Expansion Act pour imposer des tarifs au nom de la sécurité nationale. Selon la chaîne américaine CNBC, ces tarifs pourraient atteindre jusqu’à 25%.

L’impact serait majeur, car les États-Unis viseraient des importations qui ont totalisé plus de 350 milliards de dollars américains (466 G$CA) l’an dernier.

L’analyste Krishen Rangasamy, de la Banque Nationale, souligne que l’Allemagne et le Japon sont particulièrement exposés à ces tarifs, car ces deux économies sont déjà affaiblies, comme en témoigne l’évolution de l’indice Markit des intentions des directeurs d’achats dans le secteur manufacturier.

En termes de quantité, ce sont le Mexique et le Canada qui exportent le plus de véhicules et de composants automobiles aux États-Unis.

En 2018, les importations en provenance du Mexique comptaient pour 34,4% des importations totales de ces produits aux États-Unis, suivies par le Canada à 16,2%, selon le U.S. Census Bureau.

Le Japon et l’Allemagne comptent respectivement pour 15% et 7,7%.

Selon Krishen Rangasamy, l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), s’il est ratifié par Ottawa et Mexico, permettra aux économies canadienne et mexicaine de limiter l’impact de ces tarifs.

Or, le Japon et l’Allemagne n’ont pas d’entente de libre-échange avec les États-Unis, souligne l’analyste.

«Sans cette protection, les Japonais et l’Allemagne seraient les plus exposés, puisqu’ils représentaient respectivement 15% et 8% du marché américain de l’automobile, avec des expositions encore plus élevées pour les voitures de passagers qui sont plus susceptibles d’être visées par la loi 232», écrit-il.

Cela dit, l’analyste demeure malgré tout sûr que «le bon sens» prévaudra, et que les décideurs politiques ne créeront pas de nouvelles entraves au commerce international.

C’est pourquoi, dans son scénario de base, la Banque Nationale garde inchangée sa prévision de croissance de l’économie mondiale à 3,5% en 2019, soit en légère baisse par rapport à 2018 (3,7%).

En revanche, si Washington décide d’imposer des tarifs, et que le Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 29 mars) se passe moins bien que prévu, la croissance mondiale pourrait tomber sous la barre des 3%, estime Krishen Rangasamy.

De 2012 à 2016, la croissance mondiale a été inférieure à 3%, selon la Banque mondiale.

En 2009, lors de la récession mondiale, le PIB de la planète s’était contracté de 1,7%.