Tarifs: le secteur automobile craint une hausse des coûts pour les consommateurs
La Presse Canadienne|Publié à 19h41Le président de l'Association des fabricants de pièces d'automobile, Flavio Volpe, s'adresse aux médias lors de la retraite du cabinet fédéral à Montréal, le 23 janvier 2024. (Photo: La Presse Canadienne / Christinne Muschi)
Les dirigeants de l’industrie automobile affirment que la menace du président élu américain Donald Trump d’imposer des tarifs sur les produits canadiens aurait des effets dévastateurs sur le secteur. Cela obligerait les consommateurs canadiens et américains à payer des prix plus élevés pour les véhicules.
Guide pratique pour survivre aux tarifs douaniers de Donald Trump
Le président de l’Association des fabricants de pièces automobiles, Flavio Volpe, estime qu’il n’est pas raisonnable d’appliquer une telle taxe aux pièces de véhicules, qui peuvent traverser la frontière jusqu’à huit fois avant de se retrouver dans un véhicule assemblé.
Il fait remarquer que l’industrie automobile fonctionne avec des marges bénéficiaires à un seul chiffre.
«Un tarif de 25%, c’est comme parler de licornes violettes, évoque Flavio Volpe en entrevue. Je pense que nous devons ignorer ce chiffre, car les voitures cesseraient d’être fabriquées par des entreprises américaines si cela entrait en vigueur.»
Donald Trump a déclenché une réaction négative parmi les chefs d’entreprise et les dirigeants politiques canadiens après avoir publié sur Truth Social lundi qu’il signerait un décret imposant un tarif de 25% sur tous les produits en provenance du Canada et du Mexique.
Le président désigné des États-Unis a déclaré que ces droits de douane resteraient en vigueur jusqu’à ce que le Canada et le Mexique empêchent les drogues et les personnes de traverser illégalement les frontières.
Le président et chef de la direction de Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada, David Adams, déclare que son organisation a des «inquiétudes évidentes» au sujet de cette annonce.
«Un tarif de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada, le plus grand partenaire commercial des États-Unis, aura un impact négatif sur les emplois et les moyens de subsistance des deux côtés de la frontière dans un certain nombre de secteurs clés de nos économies. Ce serait également le cas pour l’industrie automobile», soutient David Adams dans un communiqué.
«Selon nous, le Canada doit agir rapidement et fermement pour faire valoir que les États-Unis et le Canada sont plus forts et plus compétitifs lorsque nous affrontons les défis mondiaux ensemble, et non séparément», ajoute-t-il.
Des effets sur les consommateurs
Toute taxe transfrontalière augmenterait le coût des composants et des matières premières qui circulent entre les pays voisins, expose Flavio Volpe. Cela entraînerait un ralentissement de la production et une pénurie d’approvisionnement, ce qui causerait une hausse des prix pour les clients chez les concessionnaires.
«Tout le monde le ressentirait, fait-il valoir. Tout d’abord, le consommateur américain le ressentirait. Mais il ne faudrait pas longtemps avant que tout le monde le ressente, c’est-à-dire tout le monde au Canada et au Mexique.»
Le prix moyen d’une nouvelle voiture était de 65 913$ en octobre 2024, selon les données recueillies par Autotrader.ca. Dans le «pire des scénarios», où les droits de douane de 25% se concrétisent, le prix moyen grimperait à environ 82 000$, indique un vice-président chez AutoTrader, Baris Akyurek.
Même avec une taxe de 12,5%, le prix moyen pourrait atteindre environ 74 000$, affirme-t-il, ajoutant que toute augmentation du coût des voitures neuves aurait un effet d’entraînement et que la demande augmenterait pour les véhicules d’occasion.
Bien que le coût des voitures d’occasion soit en baisse — le prix moyen en octobre a diminué de 8,5% d’une année à l’autre pour atteindre 35 334 $ — Baris Akyurek mentionne que cette tendance pourrait s’inverser.
Selon lui, il s’agit d’une «double peine» potentielle.
«Si la demande sur le marché du neuf diminue, à un moment donné, nous verrons l’impact sur le marché de l’occasion, en termes de diminution de l’offre, dit-il. Par conséquent, l’impact sur les prix pourrait être substantiel.»
Daniel Ross, directeur principal des informations sur l’industrie automobile au Canadian Black Book, affirme que cette menace survient à un moment où les Canadiens sont «déjà confrontés à un problème d’accessibilité financière».
«Ainsi, l’imposition de droits de douane sur les véhicules entrant sur notre marché ne ferait qu’exacerber ce problème, avance M. Ross. Nous savons que la chaîne d’approvisionnement, le coût du carburant, les produits eux-mêmes, devraient tous changer de valeur d’une manière ou d’une autre, et qu’ils seraient probablement plus chers.»
«Zéro est le maximum»
Pendant la campagne électorale à la présidentielle américaine, Donald Trump avait promis d’introduire un tarif universel de 10% sur toutes les importations américaines. Cette promesse aurait pour effet de réduire la taille de l’économie canadienne d’environ 1%, ce qui entraînerait des coûts économiques de 30 milliards de dollars par an, selon une modélisation précédente de la Chambre de commerce du Canada.
Interrogé à savoir s’il considérait qu’un niveau de tarif était acceptable pour le secteur automobile canadien, Flavio Volpe a répondu: « Zéro est le maximum.»
«C’est simplement parce que nous avons bâti ce secteur automobile ensemble», a-t-il dit.