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La compagnie américaine United Airlines (UAL) mise sur une reprise solide du transport aérien et, pour s’y préparer, renouvelle sa flotte en passant mardi la plus grosse commande de son histoire : 200 Boeing 737 MAX et 70 Airbus A321neo.
Le violent trou d’air du trafic aérien au plus fort de la pandémie de COVID-19 ne s’est pas encore complètement estompé.
Mais le transport de touristes est déjà « pratiquement » revenu à son niveau d’avant la pandémie, a assuré le directeur général de United, Scott Kirby.
La reprise des voyages d’affaires, encore en baisse de 60 %, « devrait vraiment s’accélérer à l’automne, quand les enfants retourneront à l’école », a-t-il assuré.
Les voyages internationaux quant à eux sont plus lents à revenir, mais l’été prochain, « on pourrait voir des records sur les vols transatlantiques », a prédit M. Kirby, ne semblant pas s’inquiéter de l’essor des variants du Covid-19.
United se concentre tout de même pour l’instant sur des avions mono-couloirs, utilisés surtout sur les vols intérieurs.
Dans le détail, la compagnie prévoit d’acheter chez Boeing 50 avions 737 MAX 8 ainsi que 150 exemplaires du 737 MAX 10, le plus gros de cette famille.
Elle prévoit par ailleurs d’acheter à Airbus 70 A321neo, le « blockbuster » du constructeur européen sur le segment des mono-couloirs de plus de 200 sièges.
Cela représente un achat de 35,38 milliards de dollars au prix théorique des appareils, même si les compagnies bénéficient toujours dans les faits de ristournes.
Davantage de place pour les bagages
« Nous sommes vraiment touchés par la confiance que United Airlines accorde au personnel de Boeing et aux avions que nous concevons et construisons chaque jour », a réagi dans un communiqué le patron de la division Avions commerciaux de l’avionneur, Stan Deal.
Avec dorénavant 380 commandes, United est le premier client du MAX, un avion qui a plongé Boeing dans une crise historique et été interdit de vol pendant 20 mois après deux accidents ayant fait 346 morts.
Airbus se réjouit également d’une « commande aussi importante de la part d’une grande compagnie aérienne comme United » après l’achat fin 2019 de 50 A321 XLR, la version à très long rayon d’action de son monocouloir.
Pour Scott Hamilton, du site spécialisé Leeham News, l’ampleur de la commande est un peu surprenante.
Il est possible que United Airlines ait voulu profiter des réductions que Boeing accorde actuellement pour regonfler son carnet de commandes après les déboires du 737 MAX, avance-t-il.
En passant un contrat avec le constructeur européen, la compagnie veut peut-être « faire jouer la concurrence entre Airbus et Boeing pour mieux négocier de futurs accords », ajoute-t-il.
La compagnie augmente en tout cas la liste de ses emplettes à plus de 500 appareils, dont 40 seront livrés en 2022, 138 en 2023 et plus de 350 en 2024 et plus tard.
L’arrivée de tous ces avions va permettre à United d’augmenter le nombre de sièges disponibles sur ses vols en Amérique du Nord d’environ 30 % d’ici 2026, avec un accent sur les catégories plus lucratives des classes affaires et business.
Choisir des mono-couloirs plus gros permet aussi à United d’accroître ses capacités à destination d’aéroports où il est devenu compliqué d’ajouter des vols, comme San Francisco.
La compagnie, dans le cadre d’une stratégie plus large baptisée « United Next », transforme parallèlement l’intérieur de ses appareils : tous les passagers disposeront d’un écran sur le siège devant eux et d’un internet plus rapide, assure United.
L’entreprise a aussi prévu des compartiments à bagages plus grands, ce qui devrait réduire l’anxiété des passagers inquiets d’avoir potentiellement à mettre leur valise en soute, ainsi que le temps nécessaire à l’embarquement.
Ces changements seront aussi effectués d’ici 2025 sur tous les monocouloirs déjà présents dans la flotte de United.
Le remplacement d’une flotte vieillissante et composée de petits appareils par des avions plus économes en énergie et moins nombreux, puisque plus gros, va permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17 % à 20 % par siège, met en avant United.
L’annonce d’une telle commande après une année pourtant difficile pour les compagnies n’étonne pas vraiment Richard Aboulafia, spécialiste du secteur aéronautique de Teal Group.
« Les marchés intérieurs de l’aviation se redressent actuellement assez rapidement, en même temps que les prix du carburant », souligne-t-il; c’est donc le bon moment pour commander des monocouloirs, qui consomment moins.