Le fabricant de la mythique 911 a toujours suscité la convoitise des investisseurs, qui valorisent l’entreprise de Zuffenhausen, près de Stuttgart, entre 60 et 85 milliards d’euros, selon Bloomberg. (Photo: 123RF)
Francfort — Le deuxième groupe automobile mondial Volkswagen a donné lundi soir son feu vert pour introduire sa filiale Porsche en Bourse pour l’une des plus importantes cotations jamais réalisées en Europe, malgré des marchés sur une pente glissante.
Le directoire de Volkswagen «a décidé aujourd’hui, avec l’approbation du Conseil de surveillance», de coter les actions de sa filiale Porsche AG «sous réserve de développements ultérieurs sur le marché des capitaux» en vue de la «mettre en œuvre par la fin de l’année», selon un communiqué des deux instances s’étant réunies en journée.
Le coup d’envoi de l’entrée en Bourse sera donné «fin septembre ou début octobre» avec l’intention de «faire flotter» («intention to float») une partie du capital de Porsche, prélude au placement public des actions.
Le constructeur allemand avait dévoilé son projet l’hiver dernier, le 24 février exactement, au premier jour de l’invasion par l’armée russe de l’Ukraine.
Les secousses économiques qui ont suivi, notamment sur les marchés boursiers, avaient jeté un doute sur le calendrier de cette «IPO» — l’introduction de Porsche en Bourse.
Mais le fabricant de la mythique 911 a toujours suscité la convoitise des investisseurs, qui valorisent l’entreprise de Zuffenhausen, près de Stuttgart (sud-ouest), entre 60 et 85 milliards d’euros, selon Bloomberg.
Des investisseurs internationaux dont l’Américain T Rowe Price Group, et le fonds d’investissement souverain de l’émirat du Qatar, ont déjà manifesté leur intérêt à souscrire à l’opération, à côté de milliardaires comme le fondateur du fabricant de boissons énergisantes Red Bull, Dietrich Mateschitz, ainsi que le président de LVMH, Bernard Arnault, selon l’agence.
Influence du clan Porsche-Piëch
Porsche est actuellement détenue intégralement par le groupe Volkswagen. Celui-ci est à son tour contrôlé par un holding financier, nommé Porsche SE, à travers laquelle la famille Porsche-Piëch détient une majorité absolue de droits de vote (environ 54%).
La région allemande de Basse-Saxe est aussi directement actionnaire de Volkswagen, à hauteur de 20%, en pouvant donc y exercer son influence.
Cette construction empêche à ce jour la famille Porsche-Piëch, actionnaire majoritaire de la holding Porsche, d’exercer une influence significative sur le groupe Volkswagen et donc sur la pépite Porsche.
Le capital de Porsche a été divisé en 50% d’actions préférentielles, offrant un dividende renforcé, mais sans droit de vote, et 50% d’actions ordinaires avec droit de vote.
Les investisseurs institutionnels pourront souscrire «jusqu’à 25%» des actions préférentielles, pour un prix encore indéterminé.
Elles seront aussi proposées au grand public en Allemagne, en Autriche, en France, en Italie, en Espagne et en Suisse, précise Porsche dans un communiqué séparé.
Dans le même temps, les instances de VW ont approuvé la vente de «25% plus une action» des actions «ordinaires» de Porsche AG à la holding Porsche SE.
Ainsi le clan Porsche-Piëch va détenir une minorité de blocage dans l’entreprise familiale lancée par l’ingénieur Ferry Porsche après la Seconde Guerre mondiale.
Virage électrique
L’«IPO» de Porsche doit également donner un coup de pouce à la valorisation boursière de la maison mère, qui reste à la traîne à quelque 85 milliards d’euros notamment face au grand concurrent Tesla qui vaut grosso modo dix fois plus.
En abandonnant une fraction de son contrôle sur Porsche, Volkswagen va obtenir les milliards nécessaires pour financer ses investissements dans la voiture électrique, connectée et autonome.
C’est surtout «un moment historique pour Porsche», a déclaré le nouveau patron de Volkswagen depuis le 1er septembre, Oliver Blume, jusqu’alors président du directoire de Porsche et qui le reste pour le moment.
Cotée en partie en Bourse, Porsche aura «une plus grande indépendance» en étant l’un des «constructeurs de voitures de sport les plus prospères au monde», a-t-il ajouté.
Oliver Blume a présenté en juillet des objectifs ambitieux pour Porsche, avec une rentabilité opérationnelle rapportée aux ventes dépassant 20% sur le long terme.
Le constructeur de la Taycan électrique planifie de lancer un nouveau modèle de VUS entièrement électrique.
Pour répondre à la demande mondiale de véhicules de luxe électrifiés, 80% des véhicules du constructeur de bolides seront entièrement électriques en 2030, a promis Oliver Blume.