Les 5000 membres du syndicat United Auto Workers travaillant à l'usine GM d'Arlington (Texas), qualifiée par le syndicat de «plus importante et plus lucrative du groupe», ont été appelés à débrayer. (Photo: Getty Images)
New York — Le syndicat de l’automobile UAW a réagi promptement après l’annonce mardi par General Motors de résultats trimestriels supérieurs aux attentes, et étendu la grève lancée mi-septembre à un site majeur du constructeur américain.
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«Un autre trimestre record, une autre année record. Comme nous le disons depuis des mois: profits record entraînent contrats record», a commenté Shawn Fain, président de l’UAW, cité dans un communiqué.
Les 5000 membres du syndicat United Auto Workers travaillant à l’usine GM d’Arlington (Texas) — qualifiée par le syndicat de «plus importante et plus lucrative du groupe» — ont été appelés à débrayer.
Le constructeur s’est dit «déçu par l’escalade de cette grève inutile et irresponsable».
Cette annonce est intervenue quelques heures après que GM a annoncé des résultats pour le troisième trimestre supérieurs aux attentes avec un bénéfice net de 3,06 milliards de dollars américains (G$US) (-7,3%) et un chiffre d’affaires de 44,13G$US (+5,4%).
Le bénéfice net par action hors éléments exceptionnels, référence pour les marchés, s’est établi à 2,28$US au troisième trimestre quand le consensus tablait sur 1,87$US.
Le mouvement social — lancé chez GM, Ford et Stellantis — a pesé à hauteur de 200M$US sur son bénéfice d’exploitation au troisième trimestre, a précisé le directeur financier Paul Jacobson à des journalistes.
Incertitudes
C’est la première fois que les Big Three, les trois constructeurs historiques américains, sont ciblés en même temps. Plus de 45 000 de leurs 146 000 employés encartés à l’UAW sont désormais en grève.
Faisant référence à une estimation effectuée dimanche soir, l’impact sur le résultat d’exploitation du quatrième trimestre se situe à ce stade autour de 600M$US, a ajouté M. Jacobson, précisant que le groupe évaluait les conséquences sur ses résultats à «environ 200M$US par semaine».
Mais à cause des incertitudes liées à cette grève, GM a décidé de «retirer» ses prévisions pour l’ensemble de l’année.
«Les fondamentaux sous-jacents de nos activités étaient forts et nous poussaient vers la partie haute de notre fourchette» avant la grève, a relevé M. Jacobson. «Nous restons optimistes sur le fait que nous sommes en mesure de trouver un accord aussi vite que possible».
«Nous devons être sûrs que ce sera un accord qui nous permettra d’être compétitifs sur le long terme. Les résultats sont solides en ce moment, mais il y a beaucoup d’incertitudes dans l’avenir avec le véhicule électrique», a-t-il insisté.
Mary Barra, patronne du groupe, a expliqué, dans une lettre aux actionnaires accompagnant la publication des résultats, que la dernière offre de GM était «la plus importante jamais proposée à l’UAW» et permettrait à la majorité des employés de gagner environ 84 000$US par an ou plus à la fin de la convention collective de quatre ans.
Dans sa réaction à l’arrêt de travail à Arlington, GM a affirmé que cette offre avait «accru d’environ 25% des offres déjà substantielles et historiques».
Marges grevées
Au troisième trimestre, les marges ont été rognées par les conséquences de la grève et par les coûts de réparation sous garantie qui ont augmenté à cause de l’inflation, a expliqué M. Jacobson.
«Nous avons été rentables dans toutes les régions, y compris en Chine», s’est réjouie Mary Barra.
Le groupe a vendu 1,62 million de véhicules dans le monde au troisième trimestre, dont 796 000 en Amérique du Nord (part de marché de 15,8%).
Côté produits, Mary Barra a annoncé la sortie jusqu’en 2024 d’une nouvelle gamme de VUS «beaucoup plus rentables» que les anciens modèles.
Le directeur financier a, en revanche, confirmé le ralentissement de la production de véhicules électriques «pour protéger notre tarification, pour nous adapter à une croissance moindre de la demande et pour mettre en oeuvre des modifications qui vont doper nos résultats».
GM a annoncé le 17 octobre qu’il repoussait, pour ces raisons, à fin 2025, la mise en service d’une chaîne de production d’une usine du Michigan, qui doit être reconvertie pour fabriquer des pick-up électriques.
Ce décalage d’un an doit lui permettre d’économiser un milliard de dollars de capital en 2024.
«Nous faisons face à beaucoup d’incertitudes à court terme», a relevé Mme Barra lors d’une conférence avec des analystes. «La transition vers le véhicule électrique connaîtra des hauts et des bas», a-t-elle prévenu.
Mais l’objectif du groupe reste de produire un million de véhicules électriques en Amérique du Nord en 2025, a assuré M. Jacobson.
Pour Shoggi Ezeizat, analyste de GlobalData, ces ventes dans l’électrique «restent ternes», ce qui est d’autant plus «inquiétant» que GM va arrêter en fin d’année la production de la Bolt «dont il est très dépendant».
Vers 16h00 GMT, l’action GM cédait 0,44% à 29,09$US à la Bourse de New York.