Quelques rencontre ont eu lieu à l’École d’Entrepreneurship de Beauce, avant que les mesures d’urgence soient décrétées sur quelques régions. (Photo: École d'Entrepreneurship de Beauce)
BLOGUE INVITÉ. J’ai passé du temps pendant les dernières semaines avec des groupes d’entrepreneurs dans le cadre de journées de formation en virtuel et un petit peu en personne à l’École d’Entrepreneurship de Beauce, avant que les mesures d’urgence soient décrétées sur quelques régions. Un élément qui me frappe, c’est le besoin viscéral d’échanger entre entrepreneurs, un besoin qui apparaît plus grand que tous les autres apprentissages. Plus que jamais, l’entrepreneur fait face à la solitude.
La solitude de la ou du chef, on en entend beaucoup parler depuis des années. Le patron ne peut pas se confier à qui voudrait l’entendre dans une entreprise. Il est sur la ligne de front des décisions et il a l’ultime responsabilité de tout dans l’entreprise. Il aussi est celui qui mobilise les troupes, alors malgré les peurs qui peuvent surgir par moments, il s’efforce de cultiver une attitude positive et garde une certaine réserve face à son entourage. Depuis mars 2020, cette position lui gruge beaucoup d’énergie et la solitude semble peser plus lourd que jamais.
Les chefs d’entreprise ont lutté pour la survie de leur organisation depuis des mois ou alors ils ont multiplié les changements pour s’adapter à un marché changeant ou à des manières de travailler différentes. À côté de ça, certains ont géré de la croissance folle et ont eu peine à trouver les effectifs pour effectuer le travail, alors que d’autres ont dû faire des mises à pied à répétition. Au fil des mois, à l’autel du virtuel obligé, les occasions de rencontrer des clients, des employés et d’autres acteurs du monde des affaires se sont raréfiées. Et au bout du compte, c’est comme s’il manquait d’oxygène. Nos vies sociales ont rétréci, la solitude a grandi.
La fatigue des Zoom, Teams, Meet et autres technos de rencontres en ligne, fait en sorte qu’on n’a même plus envie de s’en servir dans les temps libres pour rencontrer les amis. Et dans cet univers covidien où la culture n’existe plus, où les sorties au resto sont prohibées, où les voyages sont déconseillés, l’ennui s’installe, alors qu’est-ce qu’on va raconter dans nos échanges sinon l’écœurite aigüe de la COVID-19? C’est peut-être cette question paralysante qui provoque encore plus d’isolement.
Les entrepreneurs qui viennent suivre des formations posent un premier pas vers le bris de la solitude et c’est fou comme on voit changer leurs visages en quelques jours. Le réconfort de discuter avec des personnes qui vivent la même réalité qu’eux, en soi, produit son effet. Après, l’inspiration de chacun est nourrie par les partages, et l’espoir chasse doucement le découragement. Quand les entrepreneurs prennent conscience de ce qu’ils peuvent créer des moments d’impacts positifs dans leur vie et celle des autres simplement en étant à l’écoute plutôt qu’en mode solution, comme ils ont l’habitude de l’être, quelque chose semble se rallumer. Tout à coup, ils réalisent que les petits gestes peuvent être plus porteurs que les grandes stratégies et les grandes dépenses pour se relier et semer du bonheur au quotidien.
N’empêche, les entrepreneurs, comme bien d’autres dirigeants, sont appelés à déployer beaucoup d’efforts pour faire rouler les affaires, tenir l’équipe et reconnaître sa contribution. Mais à la fin, il n’y a pas toujours quelqu’un qui reconnaît leurs efforts. Ils ne reçoivent pas toujours l’empathie qu’ils tentent d’offrir aux autres. Et ils sont exigeants envers eux. L’autre jour, j’ai eu la surprise d’entendre un chef d’entreprise dire à son groupe : « Hey gang ! On en fait beaucoup, on pourrait peut-être se le dire ? Et je suis impressionné qu’on soit là, en formation, pour encore nous améliorer. »
C’est vrai, ça mérite d’être souligné.
Si vous étiez votre meilleur ami, que diriez-vous à l’entrepreneur que vous êtes, après 14 mois de pandémie? Qu’est-ce qui vaudrait d’être reconnu dans ce que vous avez fait?