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Le code de conduite pourrait stabiliser les prix, dit le patron de Kraft Heinz Canada

La Presse Canadienne|Publié il y a 60 minutes

Le code de conduite pourrait stabiliser les prix, dit le patron de Kraft Heinz Canada

Le président de Kraft Heinz Canada, Simon Laroche (Photo: La Presse Canadienne)

Un code de conduite volontaire, ayant désormais l’adhésion de tous les principaux épiciers, pourrait stabiliser les prix des aliments à l’avenir et encourager davantage d’investissements dans l’industrie alimentaire canadienne, selon le président de Kraft Heinz Canada.

«Cela crée un meilleur environnement commercial tant pour le fournisseur que pour le détaillant, mais je pense qu’en fin de compte, le consommateur est gagnant», a déclaré Simon Laroche en entrevue avec La Presse Canadienne. 

Simon Laroche pense que le code de conduite, qui établit des lignes directrices pour des relations équitables entre épiciers et fournisseurs, pourrait apporter une certaine stabilité à une industrie qui sort de quatre années difficiles marquées par des étagères vides, des prix inhabituellement élevés et une frustration croissante des consommateurs.

«(Le code) aide les grandes entreprises à avoir davantage confiance dans leur capacité à faire des affaires à long terme et de manière équitable», a-t-il fait valoir.

Les progrès sur le code des produits alimentaires ont été bloqués l’année dernière lorsqu’il est devenu évident que certains grands épiciers avaient des réserves. Loblaw s’est joint au programme plus tôt cette année après quelques modifications aux lignes directrices proposées. Cette semaine, Walmart et Costco ont confirmé leur soutien, ce qui signifie que tous les principaux épiciers du pays sont désormais de la partie.

Simon Laroche s’est dit heureux d’apprendre que les épiciers adhèrent au code et croit que ce sera une chose positive pour les consommateurs et pour l’industrie. 

Une idée antérieure à la récente crise d’inflation

Le Canada est peut-être encore en train de finaliser son code, mais M. Laroche a déjà vu ce qu’il peut permettre d’accomplir dans un pays où il y a une forte concentration du marché alimentaire. Avant d’accéder à son poste actuel l’année dernière, Simon Laroche a passé plusieurs années à diriger les activités de Kraft Heinz en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon et en Corée. L’Australie dispose d’un code de conduite depuis 2015. 

Un code apporte de la transparence et encourage des négociations équitables entre les fournisseurs et les détaillants, a indiqué Simon Laroche, ajoutant que l’un des avantages les plus importants est un processus clair de règlement des différends.

L’idée d’un engagement de l’industrie en faveur de relations équitables est antérieure à la récente crise d’inflation alimentaire et a pris de l’ampleur en 2020 dans un contexte de défis liés à la chaîne d’approvisionnement pandémique. Cependant, les négociations entre épiciers et fournisseurs, longtemps à l’écart du regard du public, sont devenues des sujets brûlants à mesure que les pressions inflationnistes augmentaient. 

Les consommateurs ont eu vent de ces tensions en 2022, lorsqu’une dispute entre Loblaw et Frito-Lay Canada a laissé des étagères vides un peu partout au pays.

À son apogée, l’inflation des produits alimentaires au Canada était de 11,4%; depuis mai 2020, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de plus de 22%. 

Et alors que les principaux épiciers du Canada étaient de plus en plus critiqués pour la hausse de leurs bénéfices dans un contexte de forte inflation, certains dirigeants ont montré du doigt les grands fournisseurs multinationaux, les accusant de demander des augmentations de prix déraisonnables. 

Simon Laroche pense qu’un code de conduite aidera l’industrie à mieux gérer ce genre de désaccords à l’avenir. 

«Beaucoup de gens essaient de raconter une histoire très simple: « Oh, quelqu’un profite d’une situation », a-t-il souligné. Mais c’était une situation complexe.»

Pour Kraft Heinz, les pressions inflationnistes se sont stabilisées à un niveau beaucoup moins difficile à gérer, a déclaré Simon Laroche.

L’entreprise a également beaucoup appris sur la manière d’atténuer les perturbations de la chaîne d’approvisionnement après les étagères vides et les pénuries des premiers mois de la pandémie, et a donc apporté certains changements. 

«Je pense que l’une des choses importantes pour l’ensemble de l’industrie est de s’assurer de ne pas dépendre d’une seule source d’ingrédients, a indiqué M. Laroche. Du point de vue des achats, nous avons beaucoup appris pour nous assurer que si quelque chose se produisait, nous disposions de solutions de rechange.»

Le transfert aux États-Unis en 2015 était «une erreur»

Le fait que Kraft Heinz fabrique une grande partie de ses produits dans le pays a contribué à éviter de nouvelles perturbations de la chaîne d’approvisionnement, a-t-il ajouté. La moitié de ce que l’entreprise vend au Canada provient de l’usine Kraft Heinz de Montréal, et l’entreprise a récemment renouvelé son contrat de production à Leamington, en Ontario, jusqu’à la fin de 2027. 

L’entreprise a transféré sa production de ketchup aux États-Unis en 2015, ce qui était «une erreur», a déclaré Simon Laroche. 

Cinq ans plus tard, l’entreprise annonçait le retour de la production au Canada grâce à un investissement conjoint avec le programme d’expansion des entreprises du gouvernement du Québec. 

Aujourd’hui, l’usine de Montréal fabrique des centaines de produits, notamment Kraft Dinner, du beurre d’arachide et de la vinaigrette Kraft, du fromage à la crème Philadelphia et du ketchup aux tomates Heinz. L’usine Highbury Canco de Leamington fabrique également une variété de produits, notamment le jus de tomate Heinz, les sauces tomates Classico et la pâte de tomate utilisée dans le ketchup Heinz.  

«Les (consommateurs) n’étaient pas contents, nous avons tout ramené, et maintenant notre ketchup est entièrement canadien. Et nous en sommes extrêmement fiers», a-t-il fait valoir.