Il serait faux de croire que le comptable ou l’entrepreneur a toujours raison et fait immanquablement une meilleure lecture de la situation. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. L’entrepreneur et le comptable, c’est une paire inséparable, bien que souvent un duo tendu, qui ne danse pas forcément le tango au même rythme. Combien de fois j’ai entendu des entrepreneurs se plaindre d’un comptable trop prudent? Et combien de fois j’ai entendu des récits de comptables qui ont essayé en vain de tempérer les ardeurs d’un entrepreneur?
Les affaires, c’est une question de chiffres, tout le monde le sait, et les chiffres sont rattachés à des analyses rationnelles. Mais en même temps, les affaires, c’est souvent une histoire de risques et de rêves, d’intuition et d’actions.
« Des forces contraires, donc. Comme le feu et l’eau. »
Dans les moments où les affaires vont bien, l’entrepreneur est souvent motivé par la croissance et parfois, le comptable va freiner ses ambitions. Quand les affaires vont mal, le comptable voudra faire des compressions, alors que l’entrepreneur attendra, convaincu que le vent tournera en sa faveur. Il est un optimiste de nature, même si parfois très anxieux.
Maintenant, il serait faux de croire que l’un ou l’autre a toujours raison et fait immanquablement une meilleure lecture de la situation. L’optimisme et la capacité de l’entrepreneur à risquer peuvent lui permettre de saisir des opportunités fantastiques. Ou de s’endetter jusqu’aux oreilles. De l’autre côté, la prudence du comptable peut le mener à une suranalyse paralysante, comme elle peut protéger des pièges les plus dangereux. Quand ça tourne mal, les fautes sont souvent des deux côtés.
Je me suis intéressée dernièrement à quelques dossiers d’entreprises en difficulté et je me suis entretenue avec un comptable spécialisé en insolvabilité. Les entrepreneurs ne pensent généralement pas à lui. Ce sont les banquiers qui l’envoient en mission, la plupart du temps. Et quand il arrive, les entrepreneurs comprennent rapidement qu’ils auraient eu besoin de lui bien avant. Leur positivisme éternel fait en sorte qu’ils perçoivent une mauvaise année comme une tempête passagère, qui sera suivie d’un ciel clément.
Une deuxième année «ouragan», ils croient encore à l’embellie, grâce à un nouveau produit, une acquisition ou toute autre nouveauté susceptible de ramener de la croissance. Après trois années de vaches maigres, le stress au plafond et les finances dans le rouge foncé, ils comprennent finalement qu’ils ont besoin d’aide. Et que leur comptable qui était bon pour gérer les finances dans des conditions favorables n’est peut-être plus en maîtrise dans une mer houleuse. Il peut même avoir manqué depuis trop longtemps à donner une bonne visibilité financière à l’entrepreneur, ce qui aura retardé la prise de décisions difficiles.
Que ça aille bien ou mal, voir clair et voir devant avec les chiffres est essentiel dans l’entreprise et le cher comptable est le meilleur allié de l’entrepreneur dans cette mission. Quand la clarté y est, les décisions se prennent mieux. Maintenant, avez-vous le bon allié à vos côtés pour vous aider à planifier la croissance ou à gérer le redressement qui s’impose ? Avez-vous besoin d’un autre profil à vos côtés, rendu à une nouvelle étape dans le parcours de l’entreprise ? Il y a des spécialités dans la comptabilité, comme il y en a dans le droit ou la médecine. Mais allez savoir, la fidélité entre le comptable et l’entrepreneur, telle celle d’un vieux couple, peut carrément mettre à risque une entreprise quand l’adéquation entre les compétences et les nouveaux besoins disparaît. Se poser la question, c’est déjà un facteur de protection.