Mme Reisman a occupé le poste de chef de la direction jusqu’à l’an dernier, lorsque M. Ruis a pris la relève, et s’est retirée du conseil d’administration d’Indigo le mois dernier. (Photo: La Presse Canadienne)
Toronto — La femme qui a fait d’Indigo Books & Music (IDG) un géant canadien de la vente au détail revient à la tête de l’entreprise quelques semaines seulement après son départ à la retraite.
La chaîne de librairies établie à Toronto a annoncé lundi que sa fondatrice, Heather Reisman, était de retour au poste de cheffe de la direction.
Elle comble le vide laissé par la démission soudaine de Peter Ruis du poste le plus élevé de la direction, au début du mois.
«Il y a une voie claire pour qu’Indigo retrouve son élan», a affirmé lundi Mme Reisman dans une déclaration.
«J’aime cette entreprise et sa mission. Plus encore, je me soucie profondément de nos collaborateurs, qui ont tant donné pour bâtir cette incroyable entreprise depuis plus de deux décennies et demie. Je sais qu’ensemble, nous ramènerons Indigo à la croissance et à la rentabilité.»
Mme Reisman avait occupé le poste de cheffe de la direction jusqu’à l’année dernière, lorsque M. Ruis, un responsable du commerce de détail ayant travaillé chez John Lewis, Anthropologie et Jigsaw, a pris la relève.
Mme Reisman avait pris sa retraite du conseil d’administration d’Indigo le mois dernier. Dans le cadre de son retour dans l’entreprise, elle a également été reconduite au conseil d’administration.
Cette décision intervient au milieu d’une vague de changements dans les rangs de la direction d’Indigo. La société est confrontée à un environnement de vente au détail inflationniste et aux retombées d’une cyberattaque qui a forcé l’interruption de certaines de ses activités plus tôt cette année.
Le retour d’un dirigeant après son départ d’une entreprise — un concept connu sous le nom de «PDG boomerang» — est rare, mais dans le cas d’Indigo, cela découle probablement du besoin de l’entreprise d’un leader stable et expérimenté dans un contexte de changement, a expliqué Richard Leblanc, professeur de gouvernance, droit et éthique à l’Université York.
«Le fondateur revient pour stabiliser les choses et il y a de nombreuses raisons à cela, car les fondateurs savent où sont enterrés les corps, a-t-il illustré. Ils savent exactement comment s’en occuper.»
Mme Reisman a probablement également été choisie parce qu’il n’est pas facile de trouver un chef de la direction aussi rapidement, dans «un secteur très en difficulté», où les investisseurs et le public s’interrogent déjà sur le roulement des dirigeants de l’entreprise.
«Cela ressemble presque à un jeu de chaises musicales, a observé M. Leblanc. Ce que les investisseurs souhaitent, c’est une transition en douceur, pas une deuxième démission dans six mois environ, a-t-il affirmé. Alors maintenant, cela crée une troisième ronde de haussement de sourcils.»
En plus du retour de Mme Reisman, Indigo a annoncé que le directeur financier Craig Loudon avait été nommé directeur de l’exploitation. Il continuera également d’agir à titre de directeur financier et de diriger l’équipe financière.
Avant le départ à la retraite de Mme Reisman en tant que présidente exécutive et administratrice en août, quatre des dix administrateurs d’Indigo ont quitté le conseil d’administration. Chika Stacy Oriuwa avait notamment attribué sa démission à une «perte de confiance envers la direction du conseil d’administration» et à de «mauvais traitements».
Indigo a également annoncé lundi la nomination de Markus Dohle, président du comité des ressources humaines, de rémunération et de gouvernance du conseil, à titre de président du conseil, ainsi que l’ajout d’Eileen Naughton à titre d’administratrice.
Mme Naughton est une ancienne directrice des ressources humaines chez Google.
Avec ces changements, Mme Reisman aura beaucoup de pain sur la planche, et pourra s’y attaquer immédiatement, a souligné M. Leblanc.
«La tâche de Mme Reisman est d’arrêter l’hémorragie et de remettre Indigo en état pour assurer son avenir», a-t-il affirmé.
«Cela pourrait inclure des suppressions d’emplois, des changements moins axés sur les livres et davantage sur les articles ménagers, donc j’espère que cette réinitialisation est ce qui est nécessaire, et que tout le monde collaborera.»
Par Tara Deschamps