Outre la fermeture de ses nombreux magasins russes, H&M a souffert de la hausse des matières premières et du prix du fret et d’un dollar élevé, a expliqué sa dirigeante Helena Helmersson. (Photo: 123RF)
Stockholm — Le géant suédois de l’habillement H&M a annoncé vendredi une perte inattendue au quatrième trimestre, au terme d’un exercice 2022 plombé par son retrait de Russie et une conjonction d’autres facteurs défavorables.
L’action du numéro 2 mondial du secteur, derrière l’Espagnol Inditex (Zara), a nettement reculé vendredi après l’annonce de ces résultats, abandonnant 4,12%.
Outre la fermeture de ses nombreux magasins russes, H&M a souffert de la hausse des matières premières et du prix du fret et d’un dollar élevé, a expliqué sa dirigeante Helena Helmersson.
«Notre décision de cesser l’activité en Russie, qui était un marché important et rentable, a eu un effet négatif significatif sur nos résultats», a souligné sa PDG Helena Helmersson.
«La hausse des matières premières et des coûts du transport, combinée à un dollar historiquement élevé, se sont traduits par des hausses des coûts d’achat», explique-t-elle, citant également la hausse des prix de l’énergie.
«Plutôt que de répercuter la totalité du surcoût sur nos clients, nous avons choisi de renforcer encore notre position» pour tenter de gagner en parts de marché, selon la dirigeante.
Le dernier trimestre de l’exercice annuel légèrement décalé (décembre 2021-novembre 2022) a été marqué par une perte nette de 864 millions de couronnes (77 millions d’euros).
Celle-ci était inattendue des analystes, qui misaient sur des bénéfices nettement positifs au-delà de 2 milliards, selon les agences Bloomberg et Factset.
H&M précise avoir été aussi affecté au dernier trimestre par des frais de restructurations liés à 1 500 suppressions d’emploi annoncées fin novembre.
Sur l’ensemble de l’exercice annuel, le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 12%, à 223,5 milliards de couronnes, mais de seulement 6% hors effets de change.
Modèle en déclin
Le nombre de magasins du groupe (H&M, COS, Monki, Weekday, &OtherStories…) a été réduit à 4 465 fin novembre, soit 336 de moins qu’un an plus tôt, avec près de la moitié de l’impact lié au retrait de Russie et du Bélarus (175 magasins fermés).
Dans le même temps, le bénéfice net annuel a fondu de 68%, à un peu moins de 3,6 milliards de couronnes.
H&M explique que l’accumulation de facteurs défavorables a eu un effet négatif de cinq milliards au total sur ses profits.
2023 devrait toutefois être meilleur, selon H&M.
Depuis la fin de l’exercice fin novembre, «les ventes ont bien commencé. Les facteurs extérieurs sont toujours difficiles, mais vont dans la bonne direction», selon la PDG.
«Avec nos investissements et nos gains d’efficacité, il y a de très bonnes bases pour que 2023 soit une année de hausse des ventes et de rentabilité améliorée», explique-t-elle.
Le groupe a maintenu son objectif d’atteindre une marge opérationnelle «à deux chiffres» en 2024, contre 7,7% en 2022.
H&M avait confirmé mi-décembre avoir fermé ses derniers magasins en Russie, au terme d’un retrait entamé plusieurs mois plus tôt en conséquence de l’invasion de l’Ukraine.
Déjà confronté à de nombreuses fermetures de magasins obligatoires durant les deux premières années de la pandémie de COVID-19, le géant suédois avait aussi souffert en 2021 d’un mouvement de boycottage en Chine.
Celui-ci était lié à la décision du groupe de rompre tout lien avec l’industrie textile au Xinjiang.
Alors qu’il essaie de réduire l’impact environnemental de sa «fast fashion» pour continuer à séduire les jeunes consommateurs, le groupe subit aussi l’émergence de nouvelles concurrences encore plus low cost, comme le vendeur chinois en ligne Shein.
H&M peine depuis plusieurs années à donner un nouveau souffle à son modèle: les bénéfices ont reculé régulièrement au cours de la décennie écoulée, en dehors d’un rebond en 2021 avec la sortie des confinements et restrictions COVID.