Juliette Brun, propriétaire de Juliette & Chocolat (Photo: Courtoisie)
Juliette & Chocolat a annoncé lundi soir la faillite de la compagnie et la fermeture de ses dix succursales.
«C’est une grosse partie de notre histoire qui s’éteint, mais on reste forts», a réagi Juliette Brun, la propriétaire de l’entreprise en entrevue avec Les Affaires, à la fin d’une journée chargée en émotions.
Juliette & Chocolat venait en effet de fêter ses 20 ans, le 1er juillet dernier. Un anniversaire célébré timidement, avoue Juliette Brun, qui voyait déjà les difficultés arriver.
«On ne réalise pas combien de temps ça prend pour en arriver là. Il y a un mois, je ne pensais même pas à la faillite», confie-t-elle. Si les prévisions budgétaires semblaient sombres, la propriétaire gardait tout de même l’espoir de sauver son entreprise.
«Si on ne les prend pas, on meurt»
Pendant la pandémie de COVID-19, Juliette Brun voit les revenus de l’entreprise considérablement diminuer à la suite de la fermeture de ses salles à manger. Elle décide d’accepter les prêts du gouvernement, malgré ses réticences face aux taux d’intérêt variables. Elle contracte donc dix prêts sur quatre ans, un par restaurant, afin de garder la tête hors de l’eau, en attendant la fin de la crise sanitaire.
«Les prêts étaient essentiels à notre survie. J’ai dit à mon mari “si on ne les prend pas, on meurt”», se souvient-elle.
Mais au sortir de la pandémie, le remboursement des prêts vient s’ajouter à l’augmentation des coûts de la vie, soit pour Juliette Brun, de sa main-d’œuvre, de ses matières premières et de ses dépenses immobilières.
«Dans la dernière année, j’ai remboursé plus d’un million de dollars, juste en intérêts», illustre-t-elle.
Malgré une croissance de ses ventes en succursales, Juliette & Chocolat fait face à une «décroissance» de ses liquidités. C’est «amer en bouche», confie la propriétaire qui compte cependant se relever de cette épreuve.
«Même si le modèle d’affaires de restaurant ne fonctionne pas, Juliette ne baisse pas les bras. Elle va continuer à vendre des chocolats. Elle a même déjà visité un local», a indiqué Marie-Annick Boisvert, la relationniste de l’entreprise.
Juliette Brun, qui compte bien honorer dans la mesure du possible toutes ses dettes auprès de ses fournisseurs et de ses employés (ses «chapeaux rouges»), continuera d’opérer en ligne, chez des revendeurs et chez les franchisés.
«J’ai construit une réputation sur 20 ans que je veux conserver», a-t-elle conclu.