Un millier de personnes ont franchi les portes du grand magasin historique Macy’s à Manhattan lorsqu’elles ont ouvert à 6 heures, après un compte à rebours symbolique. (Photo: La Presse Canadienne)
La chasse aux bonnes affaires du «Black Friday» («Vendredi fou» au Québec) a débuté vendredi notamment aux États-Unis où les magasins affichent des réductions pouvant aller jusqu’à 75% dans un environnement économique meilleur qu’anticipé, mais vérolé par des incertitudes.
Un millier de personnes ont franchi les portes du grand magasin historique Macy’s à Manhattan lorsqu’elles ont ouvert à 6 heures, après un compte à rebours symbolique.
«Des pulls, du maquillage, une veste… Il y a de belles promotions», s’est réjouie Shira Clements, 27 ans, venue avec son amie Dani Ditchek, 26 ans.
«C’est plus sympa» de venir en boutique que d’acheter sur internet. «On passe du temps ensemble. C’est une véritable expérience», ajoutent-elles.
«C’est Black Friday, il y a de grosses promotions. Il n’y a pas de meilleur endroit que Manhattan pour faire du magasinage pour Noël», a expliqué Sandee Foster, 74 ans, qui a déjà fait quasiment toutes ses courses de Noël. «Donc maintenant, c’est juste pour moi».
Que cherche-t-elle avec son ami George Lawrence, 72 ans? Une quelconque bonne affaire «qui surgira». Ils viennent chaque année, pour «l’atmosphère».
Pour Cristina Carradero, venue de Porto Rico, le «Black Friday» est aussi une tradition avec sa mère. Elle sort de Macy’s avec une bague pour ses trente ans, «avec une très belle promotion».
La fièvre liée à cette traditionnelle journée de promotions s’était emparée depuis plusieurs semaines des vitrines américaines et des boutiques sur internet. Les boîtes e-mail sont saturées de sollicitations.
De nombreuses enseignes offrent des réductions estampillées «Black Friday» de plus en plus tôt, tout particulièrement cette année, dès le mois d’octobre.
«Les commerçants sont inquiets. Ils essaient de capter les dépenses des consommateurs tôt pour être sûrs de les obtenir», relève Randy Allen, professeur de gestion à l’université Cornell.
Mais les «plus gros rabais sont attendus pour le Black Friday et Cyber Monday» lundi, qui devraient générer pour le commerce en ligne respectivement 9,6 milliards de dollars américains (G$US) et 12 G$US, précise Adobe Analytics.
Au total, la «Cyberweek» — qui s’étend du jeudi de l’Action de g^race le 23 novembre au lundi suivant — devrait rapporter 37,2 G$US sur internet (+5,4%).
Selon la Fédération nationale du commerce de détail (NRF), plus de 182 millions de personnes devraient faire des achats en boutique et sur internet pendant la «Cyberweek». C’est près de 16 millions de plus qu’en 2022 et un record depuis le début de son suivi en 2017.
Elle n’a pas fait de prévision en montant pour cette période, mais anticipe des ventes pour la saison des fêtes (novembre-décembre) allant jusqu’à 966,6 G$US (+4%).
Magasinage utile
Les achats via des appareils mobiles devraient dépasser pour la première fois celles sur ordinateurs, d’après Adobe Analytics, spécialiste du commerce en ligne.
Beaucoup de consommateurs se limitent aux emplettes pour les cadeaux de fin d’année: vêtements, cartes cadeaux, jouets, livres, jeux vidéos, produits d’hygiène et de beauté, selon la NRF.
De plus en plus d’Américains utilisent l’option «Acheter maintenant, payer plus tard», qui devrait générer 17 G$US (+16,9% sur un an) sur internet, pour étaler encore davantage leurs dépenses.
«Les clients vont chercher les articles dont ils ont vraiment envie et besoin plutôt qu’acheter beaucoup de choses par impulsivité», explique Neil Saunders, directeur à GlobalData. «Ce qui n’est pas forcément bon pour les commerçants».
Pression
De leur côté, «les enseignes font prudemment des rabais ciblés plutôt que de vastes promotions tous azimuts», ajoute-t-il.
Leur objectif consiste surtout à écouler leurs stocks, selon les analystes.
La récession tant annoncée ne s’est pas concrétisée et le consommateur américain s’est montré particulièrement «résilient», soulignent plusieurs experts, mais les incertitudes macroéconomiques incitent à la prudence.
L’inflation est freinée, mais pas au niveau souhaité par la Banque centrale américaine (Fed), qui fait une pause depuis juillet dans le relèvement des taux directeurs, au plus haut depuis vingt-deux ans.
Les économies accumulées durant la pandémie ont fondu, s’établissant même sous le niveau pré-Covid, le moratoire sur le remboursement des prêts étudiants n’existe plus et l’endettement sur cartes de crédit atteint des sommets tout comme leurs taux d’intérêt qui flirtent avec les 20%.
Côté positif: le taux de chômage reste stable à des niveaux historiquement bas.
«L’emploi est la charpente de l’économie américaine depuis le début de l’année», souligne Zachary Warring, analyste de CFRA Research.
Le «Black Friday» s’est exporté, notamment en France et au Royaume-Uni, où Hargreaves Lansdown s’attend à une édition «difficile» dans un environnement «super difficile».
En moyenne, les Français comptent dépenser 416 euros, d’après un sondage OpinionWay pour le spécialiste du commerce Bonial.
Au Fnac-Darty du Forum des Halles au centre de Paris dans le rayon jeux vidéo, Noam Terki, 19 ans, scrute les promotions sur les consoles Playstation.
L’étudiant en médecine n’exclut pas de monter jusqu’à «600-700 euros, si on parle de cadeaux», explique-t-il à l’AFP.
Par ailleurs, plusieurs centaines de salariés d’Amazon font grève vendredi en Allemagne et au Royaume-Uni, dans le cadre d’un long conflit salarial. Selon les syndicats, ce «Black Friday» pourrait être la plus grosse journée de grève de l’histoire d’Amazon.