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Le cannabis américain bouge «relativement modestement»

La Presse Canadienne|Publié le 07 octobre 2022

Le cannabis américain bouge «relativement modestement»

Les entreprises de cannabis observent les États-Unis depuis des années et Tilray a fait une percée sur le marché avec ses acquisitions de SweetWater Brewing Company et de Breckenridge Distillery. (Photo: 123RF)

Le directeur général de Tilray Brands a tempéré les attentes un jour après que le président américain Joe Biden a révélé qu’il pardonnerait aux personnes condamnées en vertu de la loi fédérale pour possession de cannabis et réexaminerait le statut de la marijuana en tant que substance de l’annexe 1.

«Il est important de reconnaître ces initiatives pour ce qu’elles sont: relativement modestes, mais tout signe de progrès est important en ce moment», a indiqué Irwin Simon, lors d’un appel vendredi avec des analystes.

L’annonce surprise du président Biden jeudi a fait vibrer le secteur canadien du cannabis parce qu’il espérait depuis longtemps que les États-Unis s’orienteraient vers un assouplissement de la réglementation et la légalisation de la substance à l’échelle nationale.

Le produit est légal à des fins médicales dans environ 39 États et à des fins récréatives dans 19, y compris la capitale fédérale. Cependant, la loi fédérale le considère toujours comme une substance contrôlée de l’annexe I avec un risque élevé d’abus et aucun usage médical accepté, le plaçant dans un groupe avec des drogues dures comme l’héroïne, le LSD et le peyotl.

Les cours des sociétés canadiennes et américaines se sont redressés à l’annonce de cette nouvelle, faisant un bond de 20 à 30% dans de nombreux cas. Le prix de l’action de Tilray a bondi de près de 33% à 5,37$, tandis que son rival Canopy Growth Corp. a gagné 23% à 5,16$ en fin de journée jeudi.

Le cours de l’action de Tilray a chuté de près de 11% à 4,78$ dans les échanges du matin vendredi, tandis que celui de Canopy a chuté d’environ 13% à 4,49$.

Les entreprises de cannabis observent les États-Unis depuis des années et Tilray a fait une percée sur le marché avec ses acquisitions de SweetWater Brewing Company et de Breckenridge Distillery.

La société a également acheté suffisamment de la dette convertible de MedMen Enterprises pour en faire une participation minoritaire lors de la légalisation aux États-Unis.

«D’un point de vue américain, ce que nous allons faire en permanence, c’est examiner les acquisitions dans le domaine de la consommation proche du cannabis, a déclaré M. Simon. Nous avons un bon bilan, nous avons de bonnes marques, nous avons beaucoup de connaissances dans ce secteur, et être l’un des plus grands nous donne des moyens opportunistes de nous y prendre.»

Cependant, toute initiative américaine pourrait être entravée, car le pays n’a pas encore adopté la loi SAFE Banking Act. L’adoption de la loi offrirait un refuge sûr aux institutions financières telles que les banques et les compagnies d’assurance, qui fournissent des services aux entreprises de cannabis.

Les analystes semblaient divisés sur la question de savoir si les mouvements de M. Biden jeudi donneraient un coup de pouce à la loi.

Jaret Seiberg, un analyste du Cowen Washington Research Group, a abaissé les attentes que la loi soit adoptée à 60% et a déclaré qu’il craignait que ces mesures ne fassent dérailler le SAFE Banking Act.

«Au moins, cela suggère qu’un projet de loi étroit qui ne s’applique qu’aux banques et aux assurances est le plus probable, a-t-il expliqué jeudi dans une note aux investisseurs. C’est parce que le président a déjà mis en place des réformes de justice sociale.»

D’autres ont ressenti le contraire.

«Notre lobbyiste du cannabis considère ce développement comme haussier pour le SAFE Banking Act lors de cette séance de canard boiteux, a écrit Tamy Chen de BMO Capital Markets, dans une note vendredi aux investisseurs. Il pense que la radiation massive du président Biden pourrait fournir aux sénateurs Schumer et Booker une couverture politique suffisante pour enfin soutenir SAFE.»

En avril, la Chambre des représentants a adopté la Marijuana Opportunity Reinvestment and Expungement Act du représentant Jerry Nadler, qui retirerait effectivement le cannabis de la liste américaine des substances contrôlées.

Le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, a simultanément présenté un projet de loi complet sur la dépénalisation, le Cannabis Administration and Opportunity Act.

La discussion sur les perspectives américaines est intervenue alors que Tilray a annoncé une perte nette de 65,8 millions $ US au premier trimestre, contre une perte nette de 34,6 millions $ US à la même période l’an dernier.

Sa perte nette de base et diluée pour la période terminée le 31 août s’est élevée à 13 cents US par action, contre une perte nette de 8 cents US par action l’année précédente.

Le chiffre d’affaires pour les trois mois clos le 31 août s’est élevé à 153,2 millions $ US, contre 168,0 millions $ US en 2021.

Les revenus ont été «réduits» d’environ 2,5 millions $ US en raison d’une cyberattaque qui a affecté le distributeur de l’Ontario et d’une grève qui a interrompu les livraisons en Colombie-Britannique en août, a précisé Blair MacNeil, président des activités canadiennes de Tilray.

Les revenus du cannabis au Canada, qui ont totalisé 58,6 millions $ contre 70,5 millions $ il y a un an, auraient été supérieurs de 6% si l’entreprise n’avait pas dû faire face à l’une ou l’autre des perturbations, a-t-il ajouté.

«Bien que les offices provinciaux n’aient pas ouvert de fenêtres de livraison supplémentaires pour compenser le manque à gagner, ils ont augmenté la taille des commandes peu de temps après pour compenser la demande», a souligné le directeur financier Carl Merton, lors du même appel.

«En raison du fait que la fin de notre trimestre est si proche de ces incidences, nous n’avons pas été en mesure de rattraper la perte de revenus ce trimestre, mais nous prévoyons de la rattraper au prochain trimestre», a-t-il conclu.

 

Avec des informations de James McCarten à Washington